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SpaceX célèbre un record spatial, mais les astronomes redoutent une catastrophe dans l’orbite terrestre

La constellation Starlink a franchi les 10 000 satellites en orbite. Un exploit technique hors norme… qui pourrait bien devenir un casse-tête pour notre avenir.

Elon Musk en combinaison SpaceX à côté d’une image du booster Super Heavy du Starship en plein décollage.
Le fondateur de SpaceX veut réduire les coûts grâce à la réutilisation du Starship et de son booster géant – DailyGeekShow / SpaceX

En sept ans, SpaceX a envoyé plus de satellites que le reste du monde en 60 ans

Ce week-end, SpaceX a lancé ses 131e et 132e fusées Falcon 9 de l’année, ajoutant 56 nouveaux satellites à la constellation Starlink. L’entreprise d’Elon Musk vient ainsi de franchir un seuil historique : 10 000 satellites lancés en orbite terrestre basse depuis 2018. Une cadence vertigineuse.

Tous ne sont pas encore actifs : environ 8 608 satellites sont toujours fonctionnels, selon l’astronome Jonathan McDowell, une référence mondiale du suivi orbital. Pour mettre les choses en perspective : l’ensemble des nations du monde avaient lancé seulement 8 000 satellites entre Spoutnik (1957) et 2017. En sept ans, SpaceX a donc surpassé 60 ans de conquête spatiale.

Le résultat ? En 2025, Starlink représente plus des deux tiers de tous les satellites actifs en orbite basse. Et l’entreprise ne compte pas s’arrêter là : 30 000 satellites sont prévus à terme.

Starlink domine l’orbite basse, mais la concurrence émerge à peine

Face à SpaceX, la compétition semble jouer en ligue régionale. OneWeb d’Eutelsat plafonne à 650 satellites, tandis que le projet Kuiper d’Amazon dépasse à peine les 150.

Certes, la Chine prépare une réplique musclée avec plusieurs mégaconstellations comme Guowang ou Honghu-3. Mais ces projets en sont encore à leurs balbutiements. Pour l’instant, Elon Musk est seul maître à bord d’une orbite de plus en plus saturée.

Et cela commence à inquiéter sérieusement les scientifiques. Car l’espace n’est pas infini : l’orbite basse est un territoire fini, régi par des lois physiques strictes et une logistique délicate.

L’astronomie sacrifiée : des observations ruinées par les traînées satellites

Les astronomes tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années. L’invasion de satellites perturbe gravement les observations du ciel profond. Imaginez : vous programmez une session unique avec un télescope coûtant des centaines de millions d’euros… et elle est ruinée par les traînées lumineuses de dizaines de satellites en transit.

Des instruments mythiques comme Hubble ou le VLT chilien voient régulièrement leurs images « photobombées ». Et le pire, c’est que la situation empire à chaque lancement. Certains chercheurs parlent d’une perte irréversible de capacité scientifique.

Pollutions invisibles, collisions possibles : les autres dangers d’une orbite saturée

Quand ces satellites arrivent en fin de vie, ils se désintègrent dans l’atmosphère, libérant de l’aluminium et d’autres oxydes métalliques. Ces particules pourraient altérer la chimie de la mésosphère, une couche de l’atmosphère encore mal comprise mais essentielle à l’équilibre climatique.

Contrairement à la pollution terrestre, ces débris sont inaccessibles et peuvent rester en suspension pendant des années. Une menace silencieuse, invisible, mais potentiellement durable.

Autre risque : le syndrome de Kessler. Une collision en orbite génère des débris, qui percutent d’autres engins, qui à leur tour… Bref, une réaction en chaîne qui pourrait rendre l’espace inutilisable pendant des décennies.

Peut-on encore encadrer la course aux satellites avant qu’il ne soit trop tard ?

Ne boudons pas l’exploit industriel de SpaceX. Mais il devient urgent de considérer l’orbite terrestre comme un bien commun mondial. Cela suppose une coopération renforcée entre États, entreprises et scientifiques, une gouvernance claire, et des outils de surveillance solides.

L’espace ne doit pas devenir une poubelle ni un no man’s land technologique. Il est notre avenir commun. Et il mérite mieux que des milliers de points brillants qui brouillent les étoiles.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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