On pensait tout savoir de Star Wars: The Rise of Skywalker, mais six ans après sa sortie, la vérité sur son coût laisse pantois : près de 600 millions de dollars pour un film qui a autant divisé qu’il a fasciné. Ce dernier volet de la saga Skywalker, conçu pour refermer une épopée mythique, révèle les excès d’un Hollywood obsédé par la démesure. Derrière la poudre aux yeux, une question demeure : la Force peut-elle vraiment se mesurer en dollars ?

Un budget astronomique pour une conclusion qui divise la Force
Quand j’ai vu le chiffre pour la première fois, j’ai cru à une erreur. 593,7 millions de dollars pour un seul film. J’ai relu trois fois, comme si un zéro s’était glissé par accident. Mais non : Disney a confirmé que Star Wars: The Rise of Skywalker trônait désormais sur le podium des films les plus chers de l’histoire du cinéma. Devant lui, seuls The Force Awakens et Jurassic World: Dominion.
Six ans après sa sortie, on découvre donc le coût réel de ce dernier chapitre de la saga Skywalker. Un chiffre presque indécent, flirtant avec les 600 millions, pour une aventure censée refermer une légende commencée en 1977. Dépenser autant pour un blockbuster n’est plus rare à Hollywood, mais quand le résultat divise autant, ça pique un peu. Certains fans ont parlé d’une fin émotive et spectaculaire, d’autres d’un pansement maladroit sur les plaies ouvertes par The Last Jedi.
Des montagnes de dollars pour des profits lilliputiens
Un milliard au box-office mondial, ça semble rassurant. Sauf qu’en réalité, selon Forbes, le bénéfice net du film tournerait autour de 48,6 millions de dollars. Autrement dit, une goutte dans un océan de dépenses.
Disney a bien profité d’allègements fiscaux britanniques et d’une comptabilité étalée sur plusieurs exercices, mais rien n’y fait : la Force n’a pas franchement remboursé son prêt galactique.
Et il faut encore ajouter la promotion : campagnes mondiales, partenariats commerciaux, produits dérivés à la pelle. Sabres lumineux, figurines, Blu-ray, tout y est passé. Mais les ventes annexes n’ont jamais compensé la tiédeur critique. La machine marketing, pourtant redoutable, s’est heurtée à une lassitude du public. À force de tout vendre, Star Wars a fini par perdre un peu de son âme.
La fin d’une saga ou le début des désillusions ?
Sorti en 2019, réalisé par J.J. Abrams, The Rise of Skywalker avait la mission impossible de conclure neuf films et 42 ans d’histoire. Même un droïde aurait paniqué à cette idée. Résultat : un film spectaculaire, mais incohérent, comme s’il voulait recoller les morceaux d’une trilogie aux intentions contradictoires.
La réception fut houleuse. Les spectateurs oscillèrent entre la nostalgie et la frustration. Le fameux “Reylo kiss” a fait pleurer d’émotion certains, lever les yeux au ciel d’autres. Sur les forums, la bataille fait toujours rage : faut-il accuser Rian Johnson d’avoir “cassé” la saga avec The Last Jedi, ou Lucasfilm d’avoir manqué de cap artistique ?
En vérité, le problème dépasse les réalisateurs. Le studio a voulu plaire à tout le monde, quitte à se perdre en route. À vouloir réconcilier les puristes et les néophytes, la production a fini par enfanter un compromis tiède.
Hollywood et la logique du toujours plus
Ce qui rend ce cas fascinant, c’est ce qu’il dit de notre époque. Le cinéma hollywoodien s’est transformé en une course absurde à la grandeur : plus d’effets, plus de stars, plus de zéro sur le chèque. Comme si le public ne pouvait plus rêver que devant la surenchère.
The Rise of Skywalker symbolise cette dérive : on a voulu acheter l’émotion, recréer artificiellement la magie du mythe, et ça n’a pas fonctionné. La nostalgie est devenue un produit manufacturé, calibré pour les statistiques d’engagement et les prévisions de recettes.
Pendant ce temps, les séries dérivées comme The Mandalorian ont fait l’inverse : budget plus modeste, histoire resserrée, personnages attachants. Et là, miracle : le public s’est de nouveau laissé emporter. Comme si, après avoir dépensé des fortunes pour des planètes lointaines, Lucasfilm avait retrouvé l’humanité dans un simple duo entre un chasseur de primes et une petite créature verte.
Un futur plus sage pour la galaxie ?
Depuis l’échec critique de The Rise of Skywalker, Lucasfilm avance prudemment. Plusieurs projets de films ont été annulés ou repensés, tandis que le studio mise davantage sur la télévision. La prochaine étape ? The Mandalorian & Grogu, attendu pour 2026.
Peut-être que cette fois, la leçon aura été comprise : la Force n’a jamais été une question de budget, mais de sincérité. Les plus belles scènes de Star Wars n’étaient pas celles où tout explosait, mais celles où les personnages doutaient, aimaient, espéraient.
The Rise of Skywalker restera dans l’histoire non pour sa grandeur, mais pour son paradoxe : un film gigantesque, saturé d’argent et d’intentions, qui rappelle que la magie du cinéma n’est pas une ligne dans un tableur.