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Quand ChatGPT vous dénonce : un élève de 13 ans arrêté après une “blague” repérée par l’IA de surveillance Gaggle

Le 5 octobre, un élève de 13 ans d’un collège de Floride tape sur un ordinateur scolaire : « Comment tuer mon ami en plein cours ? ». Il affirme ensuite qu’il plaisantait. Pourtant, le système Gaggle, une intelligence artificielle de surveillance, déclenche aussitôt une alerte automatique.

Un homme qui utilise ChatGPT
Un ados qui utilise ChatGPT – dailyGeekShow.com

Quelques minutes plus tard, la police arrive, interpelle le garçon, le menotte, puis le conduit au centre de détention pour mineurs. Une réaction disproportionnée ? Peut-être. Mais dans un pays marqué par les fusillades scolaires, chaque mot suspect se transforme en menace potentielle.

Comment Gaggle surveille sans relâche les activités numériques des élèves américains

Concrètement, Gaggle est une IA de surveillance intégrée à tous les appareils scolaires. Elle analyse en continu les messages, documents et requêtes tapés par les élèves. Son objectif : repérer les risques de violence, de harcèlement ou de détresse psychologique. Dès qu’elle identifie un contenu inquiétant, elle alerte un adulte référent ou transmet directement l’information à la police.

À première vue, l’idée paraît logique. Mieux vaut prévenir que guérir, diront certains. Pourtant, la réalité s’avère bien plus nuancée. Les faux positifs se multiplient et les alertes injustifiées créent un climat de tension. Peu à peu, une ambiance de méfiance s’installe entre profs, élèves et familles.

Plusieurs parents racontent que leurs enfants ont été convoqués pour avoir simplement utilisé des mots comme « suicide » dans un exposé ou « arme » dans une dissertation d’histoire. Autrement dit, le moindre mot devient suspect.

Quand la prévention vire à la surveillance : comment la peur s’installe dans les écoles connectées

Ainsi, l’affaire du collégien de Floride illustre un dilemme : jusqu’où faut-il aller pour protéger les jeunes ? D’un côté, les défenseurs de ces outils affirment qu’ils ont évité des drames. De l’autre, leurs opposants dénoncent une surveillance permanente, où chaque clic peut se retourner contre son auteur. Entre sécurité et liberté, la frontière devient floue.

Aux États-Unis, de plus en plus de districts scolaires font face à des poursuites pour atteinte à la vie privée. De nombreux élèves disent vivre dans la crainte constante d’être observés. Ils finissent par s’autocensurer, de peur d’attirer l’attention du système.

Or, malgré toutes ces précautions, aucune étude indépendante ne prouve que ces dispositifs réduisent les suicides ou la violence scolaire. Autrement dit, la peur ne sauve pas toujours des vies.

Ce que cette affaire révèle : renouer le dialogue avant de confier nos enfants aux algorithmes

En bon curieux, je vois dans cette histoire une alerte sociétale. Nous demandons à la machine de faire ce que seul l’humain sait faire : écouter, comprendre, accompagner. Plutôt que de surveiller en permanence, apprenons aux jeunes à exprimer leurs émotions, à utiliser l’IA avec discernement, à parler avant d’écrire. Car la parole reste notre meilleure protection.

La technologie doit rester un outil d’aide, pas un juge. D’ailleurs, les écoles qui misent sur la pédagogie numérique et la formation émotionnelle obtiennent souvent de meilleurs résultats que celles qui installent des capteurs partout. En d’autres termes, la confiance produit de meilleurs effets que la surveillance.

Ni Gaggle, ni GoGuardian, ni Bark ne pourront jamais remplacer une oreille attentive ou un adulte bienveillant.

Vers une éducation plus humaine : trouver l’équilibre entre sécurité et liberté à l’ère de l’IA

En fin de compte, cette affaire reflète les contradictions de notre époque. Nous cherchons la sécurité à tout prix, fascinés par la technologie, mais nous oublions souvent l’essentiel : l’humain. Certes, l’IA peut aider à repérer les signaux faibles. Mais elle ne remplacera jamais la confiancela discussion et l’empathie qui font l’essence de l’éducation.

Oui, la blague de cet élève était déplacée. Mais la réponse la plus intelligente n’est pas de le menotter. Il faut plutôt lui expliquer pourquoi ses mots ont choqué, et lui montrer que l’humour, comme l’IA, exige un apprentissage. Autrement dit, apprendre à s’exprimer avant d’être surveillé.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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