La glace produit de l’électricité lorsqu’elle est courbée. Encore mieux : le sel amplifie ce phénomène. Une propriété méconnue de la nature qui ouvre des pistes étonnantes pour l’énergie de demain.

La glace génère de l’électricité grâce à la flexoélectricité, un phénomène lié à sa déformation
Quand on parle d’énergies renouvelables, on pense évidemment au Soleil, au vent ou encore à l’eau. Pourtant, un autre acteur plus discret, plus froid, entre en scène : la glace. Oui, de la glace. Celle qui craque sous les pas ou qui s’écroule des glaciers.
Des chercheurs de l’université Jiaotong de Xi’an, en Chine, ont démontré que la glace peut générer de l’électricité lorsqu’elle subit une légère courbure. Ils appellent ce phénomène flexoélectricité : un matériau produit une charge électrique quand on le déforme.
Et ce n’est pas de la science-fiction. En effet, dans leur étude publiée le 27 août 2025 dans Nature Physics, les scientifiques ont simulé des particules de glace heurtant des blocs plus gros dans des nuages orageux. Ces collisions ont créé un transfert de charge suffisant pour générer de l’électricité.
Ainsi, ils avancent même que ce phénomène pourrait contribuer à former la foudre !
Une glace salée produit mille fois plus d’électricité que la glace pure lorsqu’elle est courbée
Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs ont testé divers niveaux de salinité dans la glace. Cela donne comme résultat que plus la glace contient de sel, plus elle produit d’électricité lorsqu’on la déforme.
Par exemple, une glace contenant 25 % de sel génère une charge mille fois plus forte que celle d’une glace pure, et un million de fois plus que le sel seul !
Alors, comment expliquer cela ? Lorsqu’on courbe la glace salée, les molécules d’eau, les ions et le sel migrent du côté comprimé vers le côté étiré. En surface, une fine couche fondue crée un déséquilibre entre ions positifs et négatifs.
Ce déséquilibre forme un courant électrique net. Cela ressemble un peu à un effet piézoélectrique, mais dans une version glaciale.
On pourrait exploiter cette propriété naturelle dans les régions polaires (et même dans l’espace)
Certes, nos frigos n’alimenteront pas des villes de sitôt. Pourtant, cette découverte ouvre des perspectives inattendues. Dans les régions polaires, les glaciers se déplacent, s’entrechoquent et se fragmentent, ce qui pourrait naturellement produire de l’électricité.
Par conséquent, on peut imaginer exploiter cette énergie pour alimenter des stations de recherche ou des capteurs autonomes.
Et cette piste ne se limite pas à notre planète. En effet, cette flexoélectricité glaciaire pourrait aussi expliquer certains phénomènes observés sur Europe ou Encelade, les lunes glacées de Jupiter et Saturne. Là-bas, les collisions de glace sont fréquentes. Peut-être que, dans ces mondes gelés, l’énergie agit déjà, silencieusement.
En somme, cette étude nous rappelle qu’il faut parfois explorer les recoins inattendus de la nature. Un simple éclat de glace, une torsion minime, et hop : de l’électricité ! C’est à la fois simple, fascinant et plein de promesses. Et si, demain, une partie de notre énergie venait du froid ?
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Sciences physiques