Aller au contenu principal

Face à la pénurie de greffes, la peau de poisson est un véritable espoir pour soigner les brûlés

Un solution innovante et accessible

peau de poisson
© Maciel Lima-Junior et al., Journal of Surgical Case Reports, 2019 (CC BY-NC 4.0)

La peau de tilapia n’est pas seulement bonne à manger. Elle peut aussi sauver des vies. C’est ce qu’ont découvert des chercheurs brésiliens, qui ont utilisé ce poisson très courant dans le pays pour traiter les brûlures graves. Ils ont ainsi créé un biomatériau innovant et économique, qui présente de nombreux avantages par rapport aux méthodes traditionnelles. Une avancée majeure pour la médecine régénérative, que nous vous détaillons ici.

Une découverte fortuite et prometteuse

L’idée est venue du Dr Marcelo Borges, un médecin du Pernambouc, qui a remarqué que la peau de tilapia était largement gaspillée par l’industrie alimentaire. Il a alors contacté le Dr Edmar Maciel, un chirurgien plasticien de l’Institut José Frota (IJF) et de l’université fédérale de Ceará (FUC), pour lancer des essais cliniques sur des patients brûlés.

Le Brésil souffre en effet d’un manque cruel de banques de peau, qui ne peuvent couvrir que 1 % des besoins annuels estimés à un million de personnes. De plus, la pommade à la sulfadiazine d’argent, encore utilisée dans le pays, est inefficace, douloureuse et dépassée.

Une peau riche en collagène et en humidité

Les chercheurs ont découvert que la peau de tilapia possède des propriétés remarquables pour favoriser la cicatrisation des brûlures. Elle contient notamment du collagène de type 1, identique à celui de la peau humaine, qui renforce la structure et l’élasticité de la peau. Elle a également une bonne résistance à la traction, ce qui évite qu’elle se déchire sous l’effet du stress. Enfin, elle maintient un bon niveau d’humidité, ce qui réduit la perte de liquide et la formation d’exsudat.

Pour préparer la peau de tilapia, les chercheurs la stérilisent avec du glycérol et du rayonnement gamma, puis la découpent en bandes qu’ils conservent au congélateur pendant deux ans. Ils appliquent ensuite ces bandes sur les plaies des patients, en les fixant avec des points de suture ou des agrafes. La peau de tilapia agit alors comme un pansement naturel, qui protège la plaie contre les infections bactériennes et accélère le processus de guérison.

peau poisson
— © California Department of Fish and Wildlife / Wikimedia Commons

Une technique moins invasive et plus efficace

Les patients traités avec la peau de tilapia ont rapporté une diminution significative de la douleur et du besoin de médicaments. Ils ont également bénéficié d’un changement moins fréquent des pansements, ce qui réduit le risque de traumatisme et d’inflammation. La peau de tilapia se détache facilement avec de la vaseline, sans endommager les tissus cicatrisés.

Les chercheurs ont été surpris par la quantité élevée de collagène présente dans la peau de tilapia, supérieure à celle de la peau humaine ou d’autres animaux. Ils ont également constaté que la peau de tilapia favorise la régénération de la matrice dermique et la formation d’une nouvelle couche épidermique.

Les patients ont été globalement satisfaits des résultats obtenus avec cette technique innovante et peu coûteuse. Certains ont exprimé des craintes initiales quant à l’odeur ou à l’aspect du poisson, mais ils ont vite été rassurés par les explications des médecins.

tilapia
— © Germano Roberto Schüür / Wikimedia Commons

Une avancée majeure pour la médecine régénérative

Les chercheurs brésiliens espèrent que leur découverte sera reconnue et diffusée à l’échelle internationale. Ils ont déjà publié plusieurs articles scientifiques sur le sujet et ont reçu l’autorisation des autorités sanitaires pour utiliser la peau de tilapia dans les hôpitaux publics.

La peau de tilapia pourrait ainsi révolutionner le traitement des brûlures, mais aussi d’autres types de lésions cutanées, comme les ulcères ou les escarres. Elle pourrait également ouvrir de nouvelles perspectives pour la médecine régénérative, en offrant une source abondante et accessible de biomatériau.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

Étiquettes: , ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *