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Cette méthode révolutionnaire pour dater les poteries nous éclaire sur la Préhistoire

« Pouvoir dater directement ces poteries représente l’un des Saints Graals de l’archéologie »

— PixHound / Shutterstock.com

Une équipe de chercheurs britanniques a mis au point une nouvelle méthode de datation des poteries permettant aux archéologues de dater avec une précision remarquable les découvertes préhistoriques du monde entier.

« L’un des Saints Graals de l’archéologie »

Les poteries sont utilisées pour dater les sites archéologiques depuis plus d’un siècle et offrent une estimation assez précise à partir de la période romaine. Mais plus loin dans le temps, notamment pour les sites préhistoriques des premiers agriculteurs du Néolithique, la datation précise devient plus difficile car les types de poteries sont souvent moins caractéristiques et il n’y a pas de pièces de monnaie ou de documents donnant une idée du contexte historique aux archéologues.

C’est là que la datation au radiocarbone, également connue sous le nom de datation au carbone 14, intervient. Mais jusqu’à présent, les archéologues devaient dater au radiocarbone les os ou autres matériaux organiques enterrés avec les pots pour estimer leur âge. Grâce à cette méthode révolutionnaire mise au point par des scientifiques de l’université de Bristol, récemment présentée dans la revue Nature, il est désormais possible de dater ces objets directement, à partir des acides gras laissés par la préparation des aliments qu’ils contenaient.

Pour le professeur Richard Evershed, qui a supervisé l’étude, « pouvoir dater directement ces poteries représente l’un des Saints Graals de l’archéologie » et devrait permettre de résoudre plusieurs mystères tenaces dans le domaine.

Comment fonctionne la méthode

La méthode consiste à isoler les différents composés gras des résidus alimentaires, laissés par exemple par la cuisson de la viande ou du lait, et tout en s’assurant qu’ils soient suffisamment purs pour une datation précise en utilisant les dernières technologies de spectroscopie par résonance magnétique nucléaire à haute résolution et de spectrométrie de masse. Afin de s’assurer que le procédé offre une estimation aussi précise que d’autres matériaux couramment utilisés en archéologie, comme les os, les graines ou le bois, l’équipe a ensuite examiné des échantillons de graisse de poteries anciennes pour une série de sites célèbres en Grande-Bretagne, en Europe et en Afrique, vieux de 8 000 ans.

Quel que soit le site archéologique analysé, cette nouvelle méthode de datation s’est révélée d’une précision incroyable.

Dater précisément les poteries pour lever le voile sur le passé préhistorique de la région de Londres

À Londres, la nouvelle méthode de datation a été utilisée sur une remarquable collection de poteries trouvée dans le quartier de Shoreditch, considérée comme le groupe le plus important de poteries du Néolithique précoce jamais découvert dans la capitale anglaise. Composé de 436 fragments provenant d’au moins 24 récipients distincts pesant près de 6,5 kilos au total, l’ensemble avait été mis au jour par des archéologues du Museum of London Archaeology.

Si le site semblait remonter à l’époque où les premiers agriculteurs étaient arrivés en Grande-Bretagne, il avait été jusqu’à présent difficile de le dater avec précision. Mais les analyses des traces de graisses de lait extraites des pots ont montré que ces poteries avaient environ 5 600 ans, et avaient été produites et utilisées sur une période de 138 ans.

En 3 600 avant Jésus-Christ, la région était occupée par des agriculteurs sédentaires dont l’alimentation se composait principalement de produits laitiers (chèvre, vache et brebis). Ces individus étaient probablement liés aux groupes de migrants venus d’Europe continentale 400 ans plus tôt, et ayant été les premiers à introduire l’agriculture en Grande-Bretagne.

Pour Jon Cotton, spécialiste de la Préhistoire travaillant pour le Museum of London Archaeology, « il s’agit de la preuve la plus solide à ce jour que les habitants de la zone plus tard occupée par la ville et sa banlieue possédaient un mode de vie moins mobile, basé sur l’agriculture, au début du Néolithique ».

Par Yann Contegat, le

Source: Phys.org

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