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Le sang des habitants de la plus haute ville du monde s’est adapté, au détriment de leur santé

Le manque d'oxygène à cette altitude force l'organisme à des solutions extrêmes

— Marcin Osman/Shutterstock.com

Située à 5 300 mètres d’altitude, La Rinconada est la ville la plus haute du monde. Ressemblant plutôt à un village, elle est habitée par 50 000 personnes. En janvier 2020, une équipe de chercheurs s’est aventurée dans la petite ville péruvienne pour étudier les conditions de vie de ses habitants. Un sang extrêmement visqueux, des anomalies cardiaques et l’hypoxie, voilà ce que ces derniers ont développé en restant à une telle altitude pendant plusieurs années.

Des conditions de vie extrêmes

L’étude menée par Samuel Vergès, docteur en physiologie et chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, avait pour but de comprendre les effets du manque d’oxygène sur les habitants de La Rinconada. Selon ce dernier, aucun chercheur n’avait encore pu mener des recherches dans la ville auparavant. « C’est une ville dont on avait la connaissance sur des documents, mais aucun chercheur ou médecin n’avait pu réellement y accéder jusqu’à présent : c’est très isolé, c’est assez inhospitalier à tout point de vue : sanitaire, environnement, sécurité… », a déclaré le scientifique grenoblois.

Une fois arrivés sur place, les chercheurs n’arrivaient pas à croire que des personnes pouvaient vivre à une telle altitude tout au long de l’année, étant donné que les livres de recherche scientifique estiment que l’être humain ne peut pas vivre au-dessus de 5 000 mètres à cause du manque d’oxygène. De plus, les habitants de la ville perchée à 5 300 mètres d’altitude vivaient dans des conditions rudes : pas d’eau courante, pas de chauffage, pas de cultures, etc.

Le quart de la population souffre du mal chronique des montagnes

Les tests effectués sur les habitants de La Rinconada ont démontré qu’ils ont développé des capacités d’accommodation génétiques étonnantes face au manque d’oxygène. Ces derniers produisent une quantité importante de globules rouges par rapport aux habitants de la plaine. Leur taux d’hématocrite s’élève notamment à 85 %, contre 45 % pour les habitants en basse altitude. D’après Samuel Vergès, n’importe qui en France serait déjà mort d’une crise cardiaque ou d’une hémorragie cérébrale avec un tel taux.

Cependant, cette capacité d’adaptation a entraîné des problèmes de santé pour certains habitants. Environ 25 % de la population a effectivement développé un mal chronique des montagnes. Un syndrome avec des symptômes désagréables, dont des palpitations, l’essoufflement, des acouphènes, des perturbations du sommeil ou encore de la cyanose.

L’équipe de chercheurs retournera bientôt sur place pour aider et apporter des traitements aux populations malades. En outre, elle organise également une campagne de dons sur son site internet pour venir en aide aux habitants péruviens qui vivent dans la pauvreté.

Par Kanto Andriamanjatoson, le

Source: Ouest France

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