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Riche en étranges créatures, le folklore slave est l’une des principales sources d’inspiration de The Witcher

L’univers de The Witcher est sombre et ses personnages sont profonds, jouant à la fois avec le tragique et le comique. Mais qu’en est-il de la toile de fond de ce monde ? Andrzej Sapkowski à l’origine des livres s’est inspiré de la mythologie slave et des contes d’Alexandre Afanassiev en leur donnant une teinte plus sordide. Découvrez les créatures qui ont inspiré l’auteur et les jeux !

 

Poludnica

On l’appelle aussi spectre de midi et Lady Midday en anglais. C’est parfois un démon ou une vieille sorcière qui peut cependant prendre l’apparence d’une jeune femme en robe blanche. Son histoire dépend de la région, mais généralement, elle est décrite comme ayant voulu voler la faux d’un paysan pour le décapiter dans son champ. L’homme réussit à reprendre son outil et à l’instant où midi sonna, le démon disparut. La faux elle, était presque brisée à l’endroit où elle avait été saisie par la créature. Elle peut causer des mirages, des visions et rendre les hommes fous. La douleur dans la nuque lorsque l’on travaille ses terres lui est aussi attribuée, rappelant le coup d’une faux venue vous décapiter. Ses histoires racontent qu’elle s’amuse à poser des questions difficiles et des énigmes aux enfants, et s’ils ont le malheur de mal répondre, elle leur inflige des maladies incurables. On en rencontre plusieurs versions dans les jeux The Witcher, et elle est d’ailleurs la première créature que vous devrez traquer et tuer dans le troisième épisode.

 

Kikimora

La kikimora a de quoi vous effrayer, car comme son équivalent masculin le domovoï, elle vit… chez vous. Elle est ce qu’on appelle un esprit de la maison, archétype présent dans de nombreux folklores comme en Chine, en Scandinavie ou même en France avec les lutins. La kikimora est cependant bien moins marrante puisqu’elle ressemble à un corps complètement déstructuré et bossu, est habillée de haillons. On lui prête parfois une apparence plus chimérique avec une tête empruntée aux animaux de la basse-cour et des pattes de moineaux. Elle vient s’infiltrer jusqu’à votre chambre durant la nuit pour vous attraper les pieds et fait du bruit pour vous empêcher de dormir. Le fameux cauchemar de tous les enfants, donc. Inutile de se demander d’où est venue l’idée de cette créature. Cela dit, si la kikimora est bien traitée, elle peut devenir gentille envers la famille de la maison qu’elle occupe, participer à certaines tâches, voire défendre la maison en cas de besoin. Dans The Witcher, la kikimora se transforme en monstre à l’allure d’insecte qui vit dans les marais et les cavernes et pond des oeufs qui donnent naissance à des ouvriers et des soldats, à la manière d’une fourmi.

 

Roussalka

Ce sont des démones dans l’Est slave qui partagent les caractéristiques des nymphes d’eau d’autres mythologies (naïades chez les Grecs, ondines ou nixes pour la mythologie germanique). Il y a plusieurs sortes de roussalka, et toutes ne sont pas mauvaises. Celles qui nous intéressent vivent dans les ruisseaux, dansent dans les forêts et envahissent les prairies durant la nuit. Ce sont des filles abandonnées qui se sont noyées ou suicidées et qui partent hiverner dans le palais de cristal au fond des rivières. Mystérieuses et attirantes, gare à celui qui ose s’en approcher, car leurs rires perçants ont le pouvoir de tuer les hommes. Et elles aiment beaucoup rire. Elle trouve son équivalent masculin sur bien des choses avec le vodnik dont nous parlerons plus bas. Mentionnées à plusieurs reprises dans les jeux dans des manuscrits ou par les personnages, elles sont plus présentes dans les livres de Sapkowski.

 

Strzyga

La strzyga est en réalité une évolution d’une autre créature plus ancienne. La strige ou stryge prend ses véritables origines dans l’Antiquité romaine en tant que démon qui vient voler votre enfant sous l’apparence d’une vieille femme qui se transforme en oiseau et s’envole avec votre nouveau-né. La légende s’est répandue et a évolué suivant les régions. En polonais, on parle d’une strzyga et partage des traits du vampire dans le folklore slave. Si un enfant naissait avec deux âmes et donc avec deux coeurs ou deux paires de dents, il était chassé du village et mourrait rapidement. Là où la légende prend le dessus, c’est que seulement une des deux âmes meurt et que l’autre n’atteint pas le royaume des morts, mais reste sur Terre pour hanter les humains. Elle reprend le pouvoir de son ancêtre romain, capable de se transformer en oiseau durant la nuit et attaque les voyageurs isolés pour se nourrir de leur sang et de leurs organes. La solution ? Il faut décapiter le corps et enterrer la tête séparément du reste pour empêcher la strzyga d’apparaitre. Dans l’univers du Witcher, la première est née, car sa mère fut maudite alors qu’elle était enceinte. Les deux êtres meurent pendant l’accouchement et sont enterrés ensemble. Pendant sept ans, les deux âmes et corps ont grandi ensemble pour devenir un monstre de la taille d’un ours. On retrouve cette idée des deux âmes !

 

Kochtcheï

Ce personnage n’est jamais réellement décrit, mais, sans s’étendre sur la linguistique polonaise et russe, l’étymologie de son nom indique qu’il aurait l’apparence d’un squelette. En français, on le trouve sous l’orthographe kochtcheï ou koshchey. Il incarne un archétype à lui tout seul puisqu’il est celui qui, dans de nombreux contes et légendes, enlève une princesse et tient tête au héros. En plus d’être un terrible sorcier, sa grande force est l’immortalité (à ne pas confondre avec invincibilité). Il ne meurt pas car sa mort est extérieure à lui-même. Il l’aurait cachée afin que son enveloppe ne puisse pas mourir même s’il s’avère être vaincu. Est-ce que ça vous rappelle un certain Voldemort ? Sa mort est cachée, mais cachée où ? C’est là toute la question qui dirige la narration de certaines parties des contes. Dans la plupart des cas, il est admis qu’il aurait extrait sa mort pour la placer dans un oeuf. Un jeu de poupées russes commence où l’oeuf finit dans une cane qui elle-même termine dans un lièvre prisonnier d’un coffre enterré sous un chêne qui grandit sur une île au milieu de l’océan. Le héros qui aide différents animaux au cours de sa quête est aidé par ces derniers pour retrouver l’oeuf. Une fois brisé, Kochtcheï meurt et la princesse peut être libérée. Le nom et quelques détails sont récupérés dans le jeu, mais il faut avouer que sans description précise du personnage dans les légendes, il aurait été difficile d’être fidèle à quoi que ce soit. Dans The Witcher, Kochtcheï est un monstre entre le crabe et l’araignée, créé par un puissant magicien. Sa description se contente de spécifier qu’il est la mort incarnée…

 

Vodianoï

Vous pouvez l’appeler vodianoï ou vodnik. Dans tous les cas, il décrit une sorte de triton qui vit dans les rivières et s’apparente aux roussalka vues plus haut, mais son comportement est quasiment identique à celui des sirènes. Il attire les gens près de l’eau et les attrape. Le sort de ses victimes dépend de la situation : soit il sont noyés, soit ils sont emportés pour lui servir d’esclaves dans les profondeurs marines. Il a fait l’objet de sacrifices d’animaux en Pologne pendant plusieurs siècles. Entre la sirène et le démon aquatique, il serait né du cadavre d’un enfant non baptisé jeté dans l’eau. En grandissant, il devient un homme au corps couvert d’écailles noires et d’algues avec une tête de crapaud, une longue barbe et des yeux rouges comme la braise. La plupart des noyades en rivières lui sont attribuées, mais sa colère a aussi causé la destruction de barrages, de moulins et de bateaux de pêche. Les folklores slovaques et tchèques lui font conserver plus de traits humains et ils sont parfois même devenus des créatures plus pacifiques, restant dans leur royaume au fond des rivières et maintenant une relation avec les pêcheurs. Dans les livres et les jeux, ce sont des êtres qui apparaissent rarement sur terre à part pour venir se venger auprès des humains qu’ils détestent pour leur pêche et leur invasion du territoire marin.

 

Il est toujours passionnant de se plonger dans la mythologie et le folklore d’une culture pour découvrir ce qui a inspiré nos oeuvres préférées. Et avec le nombre de créatures et de démons présents chez les Slaves, il y a de quoi faire pour la série de livres et de jeux The Witcher ! Quelle créature de la mythologie slave trouvez-vous la plus effrayante ?

Par Florent, le

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