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Lumière sur Les Annales du Disque-monde, cet univers fantastique créé par l’écrivain Sir Terry Pratchett

L’un des grands auteurs de sa génération, Sir Terry Pratchett aura écrit plus de 70 livres au cours de sa carrière de 44 ans. Un rythme effréné qui n’enlevait pourtant rien à la qualité de son écriture. La majorité de ses livres étaient rattachés à l’univers du Disque-monde, une série de dizaines de romans se déroulant dans le monde fictif que l’auteur a développé tout au cours de sa vie. Retour sur l’une des oeuvres phares de la fantasy.

 

Terence David John Pratchett
Ou pour faire court, Terry. Pourtant faire court n’est pas dans l’habitude de l’auteur dont la série regroupe plus de quarante livres. Né le 28 avril 1948 à Beaconsfield en Angleterre (à 50 kilomètres de Londres), il souhaite devenir un astronome

lorsqu’il sera plus grand. Mais étant un élève moyen en mathématiques, il passe plus de temps à écrire et à lire des livres de science-fiction qui nourriront son imagination. Plutôt que de retenir ce qu’il se passe en cours, il passe le plus clair de son temps à lire les grands auteurs qu’il trouve dans la bibliothèque publique de Beaconsfield, ce qu’il retiendra tout au long de sa vie comme sa véritable éducation.

Il fait publier sa première petite histoire à l’âge de 13 ans dans le magazine de l’école et devient studieux en anglais et en histoire. Le journal Bucks Free Press l’embauche en 1965, ce qui permet à Terry de développer quelques histoires. Le Peuple du Tapis, son premier roman est publié en 1971, qu’il réécrira en 1992. Suivent La Face obscure du Soleil (1976) et Strate-à-gemmes (1981). Terry fait la rencontre de l’écrivain Neil Gaiman en 1985 et les deux hommes deviennent très vite de bons amis, au point d’écrire un livre à deux quelques années plus tard : De bons présages (1990). Mais si Pratchett fait sa rencontre, c’est parce que Gaiman était venu l’interviewer suite à l’explosion en popularité de ce qui marquera en 1983 le départ de l’oeuvre de toute une vie : La Huitième Couleur.

 

Cadre
En plus de créer un univers extraordinaire qui s’inspire de différentes mythologies, Pratchett est connu pour insuffler une dimension satirique à ses romans du Disque-monde. Chaque volume reprend un ou deux thèmes principaux qui lui permettent de mettre son monde en parallèle du nôtre. Beaucoup de clichés de fantasy sont parodiés, mais cela s’étend aussi à de grands auteurs comme William Shakespeare ou des groupes de musique plus contemporains. Dans tous les cas, le but est bien souvent de faire réfléchir le lecteur par un esprit critique très développé chez ses personnages et des situations absurdes. Malgré les dizaines de livres qui s’entrecoupent et s’enrichissent, chaque histoire est presque entièrement indépendante des autres, bien qu’elles se déroulent dans le même monde.

Et justement, qu’est-ce que ce « Disque-monde » ? Disque parce que chez Pratchett, le monde est plat et circulaire ! Reprenant le

mythe hindou, le monde est porté par quatre éléphants qui sont eux portés par une tortue géante nageant dans l’océan cosmique : A’Tuin. Sur cette surface, il y a trois continents dont chacun est inspiré de civilisations de notre vrai monde. La mer, elle, est donc circulaire et entoure presque toutes les masses terrestres. Et qui dit disque, dit bord. Avec la mer tout autour, des chutes d’eau de taille astronomique se déversent continuellement. Un des éléphants doit parfois lever la patte pour laisser circuler une lune et un soleil orbitant le disque. Sans points cardinaux, on se dirige en indiquant notre direction par rapport au bord et au moyeu.

 

Les grands cycles
Le premier héros de son univers est un sorcier sans talent particulier du nom de Rincevent. Ce n’est même pas un

protagoniste sans compétence qui cherche à devenir un maître. Lâche et feignant, il refuse l’aventure. Cependant, l’aventure a la fâcheuse tendance à ne jamais le refuser ! Peu à peu, il finit par accepter son sort et participe à de nombreux récits et parvient même à sauver le monde à plusieurs reprises, comme s’il était protégé par une force mystérieuse. On vous parlait des clins d’oeil à la culture et ça commence déjà fort avec le cycle de Rincevent puisqu’on y fait la rencontre de Cohen le barbare, un héros à l’ancienne qui se retrouve un peu perdu face aux avancées du monde moderne. Le cycle regroupe sept romans, une nouvelle et trois livres spéciaux qui expliquent la science et les lois de la physique qui régissent le Disque-monde.

 

Les sorcières sont le centre d’attention du deuxième cycle qui lui

est composé de dix romans et une nouvelle. En commençant par La Huitième Fille, les sorcières de Pratchett ne sont pas du tout les stéréotypes que l’on peut avoir en tête et sont davantage des herboristes voire des alchimistes. Elles peuvent pratiquer de la « vraie magie », mais essayent de le faire le moins possible. Granny Weatherwax est une vieille sorcière et la plus importante du cycle. Cynique et antipathique à la limite de la misanthropie, elle accepte tout de même de devenir la gardienne d’un petit pays lorsqu’elle réalise que personne ne peut remplir le rôle aussi bien qu’elle. Beaucoup de ces histoires sont inspirées des oeuvres de William Shakespeare et du folklore européen.

Cinq romans principaux forment le cycle de la mort. Le dernier fait le lien avec le cycle suivant, à quoi il faut ajouter deux romans et une nouvelle qui se raccrochent avec les sorcières du précédent cycle. Mortimer, publié en 1987, est aussi un jeune garçon destiné à devenir fermier. Son père l’apporte à la foire du village pour qu’il soit engagé en tant qu’apprenti quelque part, mais personne ne veut de lui. Mais lorsque minuit se fait 

entendre… c’est La Mort incarnée qui fait son apparition et propose de faire de Mortimer son élève. Le héros part avec La Mort et devient son complice, vivant chez elle tout en apprenant les rouages du métier. La dynamique entre Mortimer et La Mort est l’une des plus captivantes de la saga, puisque même si Mortimer est l’apprenti, c’est La Mort qui finira par en apprendre davantage sur la nature humaine.

La plus grande ville du Disque-monde est Ankh-Morpork, fusion de deux villes séparées par un grand fleuve. C’est ici que le quatrième cycle se déroule en suivant les aventures de Samuel Vimes, capitaine du guet puis commissaire, duc et ambassadeur de la ville. Né dans le quartier le plus pauvre de la ville, il connait cette dernière mieux que personne. Il subit une transformation fascinante à travers les romans, partant d’une personne douteuse et alcoolique pour devenir un aristocrate respecté. Pratchett lui prête les traits et l’attitude d’un Clint Eastwood et il est l’un des personnages les plus populaires de la série. Avoir un regard sur les crimes et la violence d’Ankh-Morpork est un moyen intelligent de situer les changements politiques pour le lecteur et de l’intéresser dans l’histoire de la ville.

L’ordre de lecture
Si vous êtes en manque d’une bonne série de romans fantastiques, on ne peut que vous recommander Les Annales du Disque-monde. Mais avec autant de livres, il est parfois difficile de savoir par quoi commencer, surtout lorsque les différents cycles sont écrits par intermittence et non d’une traite. La première tactique serait bien sûr de lire les livres dans l’ordre de publication, mais maintenant que tout est écrit et fini, ce n’est vraiment pas la meilleure des options. Alors, entre les romans fondateurs des cycles, les romans suivants, ceux pour les adolescents et les illustrés, ceux sur la science et les nouvelles, comment s’y retrouver ? Ne vous en faites pas, un fan du nom de Krzysztof K. Kietzman a préparé un schéma pour vous guider dans votre lecture.

Globalement, il s’agit de lire les romans principaux dans l’ordre chronologique de l’histoire tout en faisant le lien avec les nouvelles. Les romans scientifiques et pour adolescents avec le personnage de Tiffany Aching sont de préférence à lire en fin de cycles. La fonction entre les deux premiers et les deux derniers se

font avec le groupe des anciennes civilisations. Le cycle de la Mort n’est pas complexe puisqu’il s’agit de cinq romans consécutifs, alors que le cycle du guet intègre une sous-partie avec la révolution industrielle qui complète le tout. Tout ceci demande bien entendu un investissement de temps et d’argent conséquent, mais rien ne vous oblige à tout manger. Rien que l’un de ces cycles vaut le détour, et le premier livre, La Huitième Couleur, est un incontournable de la littérature contemporaine.

 

 

 

Après une vie entière dédiée à l’écriture, Terry Pratchett a malheureusement été victime de la maladie d’Alzheimer. Avec plus de 70 millions d’exemplaires vendus et étant l’un des écrivains les plus aimés à travers le monde, il fut anobli par la reine d’Angleterre. Sir Terry Pratchett est mort paisiblement chez lui le 12 mars 2015 et laisse derrière lui l’un des plus beaux monuments de la littérature fantastique contemporaine. Avez-vous déjà parcouru le Disque-monde avec la lecture de l’un de ses romans ?

Par Florent, le

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