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La surpopulation n’est en aucun cas le problème de notre planète, voici pourquoi

Surpopulation est un mot qui fait grimacer les politiciens et qui est souvent considéré comme un sujet tabou dans les discussions sur l’avenir de la planète. Au quotidien, on entend quelquefois parler de la surpopulation comme l’une des grandes menaces planétaires. Mais peut-on vraiment dire que les habitants de la Terre sont trop nombreux ?

Il est clair pour nous tous que notre planète n’est pas extensible. Il n’y a pas beaucoup d’espace sur la Terre, sans parler des ressources – nourriture, eau et énergie – indispensables pour ses habitants. Ainsi, il semble logique qu’une population humaine croissante constitue une sorte de menace pour le bien-être de la planète Terre. Et pourtant, ce n’est pas forcément le cas.

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 » Ce n’est pas le nombre de personnes sur la planète qui pose problème – mais le nombre de consommateurs, tout comme l’ampleur et la nature de leur consommation « , explique David Satterthwaite, chercheur principal à l’Institut international de l’environnement et du développement de Londres. Il cite Gandhi : « Le monde a suffisamment pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous. »

LE PROBLÈME N’EST PAS LE NOMBRE DE PERSONNES SUR LA PLANÈTE, MAIS L’AMPLEUR DE LEUR CONSOMMATION

Le nombre d’« êtres humains modernes » (Homo sapiens) sur Terre a été relativement faible jusqu’à très récemment. Il y a à peine dix mille ans, il n’y aurait eu que quelques millions de personnes sur la planète. Le seuil d’un milliard n’a pas été atteint avant le début des années 1800 ; le seuil de deux milliards pas avant les années 1920.

À l’heure actuelle, cependant, la population mondiale est de plus de 7,3 milliards. Selon les prévisions des Nations Unies, elle pourrait atteindre 9,7 milliards de personnes d’ici 2050, et plus de 11 milliards d’ici 2100.

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La Terre connaît une croissance démographique sans précédent via Shutterstock

La croissance démographique a été si rapide qu’il n’y a pas de véritable précédent qui pourrait nous donner des indices sur les conséquences possibles. En d’autres termes, alors que la planète pourrait accueillir plus de 11 milliards de personnes d’ici la fin du siècle, notre niveau actuel des connaissances ne permet pas de prédire si une telle population est durable, tout simplement parce que cela n’est jamais arrivé auparavant.

Cependant, nous pouvons obtenir des indices, en prenant en considération les régions où la croissance de la population pourrait être la plus forte dans les années à venir. Satterthwaite affirme qu’au cours des deux prochaines décennies, la croissance la plus importante affectera les centres urbains situés dans les pays à faible et moyen revenu. Dans ces conditions, l’impact global de l’ajout de plusieurs milliards de personnes à ces centres urbains pourrait être étonnamment faible. En effet, les citadins dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ont historiquement consommé peu.

Les émissions de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre nous donnent une bonne indication sur le niveau élevé de la consommation dans les villes.  » Nous connaissons des villes dans des pays à faible revenu qui émettent moins d’une tonne de CO2 par personne et par an, dit Satterthwaite. Les villes dans les pays à revenu élevé peuvent produire 6 à 30 tonnes de CO2 par personne et par an.  »

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Les citoyens des pays les plus riches laissent une plus grande empreinte sur notre planète que les personnes vivant dans les pays pauvres, bien qu’il y ait des exceptions. Copenhague est la capitale d’un pays à revenu élevé – le Danemark – tandis que Porto Alegre se trouve au Brésil, pays à revenu moyen supérieur. Le niveau de vie est élevé dans les deux villes, mais les émissions par habitant sont relativement faibles.

LES HABITANTS DES PAYS RICHES DOIVENT ADOPTER UN NOUVEAU MODE DE VIE

Satterthwaite note également que si l’on regarde le mode de vie d’un individu, les différences entre les groupes riches et non riches sont encore plus dramatiques. Il y a beaucoup de citadins à faible revenu dont la consommation est si faible qu’ils ne contribuent presque pas aux émissions de gaz à effet de serre.

Ainsi, un monde avec une population humaine de 11 milliards d’individus pourrait mettre relativement peu de pression supplémentaire sur les ressources de notre planète. Mais le monde change. Des centres urbains à faible revenu pourraient quitter les trajectoires de développement à faible émission de carbone.

Le vrai problème se poserait si les personnes vivant dans ces régions décidaient d’exiger des modes de vie et les taux de consommation actuellement considérés comme normaux dans les pays à haut revenu ; quelque chose que beaucoup considèrent comme juste. Si elles le font, l’impact de la croissance de la population urbaine pourrait être beaucoup plus important.

Cela correspond à une tendance générale qui existe depuis un siècle ou deux, explique Will Steffen, professeur émérite à l’École Fenner de l’environnement et de la société à l’Université nationale australienne. Ce n’est pas la hausse de la population elle-même qui pose problème, mais plutôt l’augmentation encore plus rapide de la consommation mondiale (à l’évidence répartie de façon inégale).

Cela conduit à une conclusion peu confortable : les personnes vivant dans les pays à revenu élevé doivent jouer leur rôle, si le monde devait soutenir une grande population humaine. Seulement quand les groupes plus riches seront prêts à adopter des modes de vie à faible rejet en carbone et à permettre à leurs gouvernements de soutenir une telle démarche apparemment impopulaire, nous pourrons aborder plus sereinement les questions du climat mondial, des ressources et des déchets.

LES CONSOMMATEURS SONT AUTANT À BLÂMER QUE LES PRODUCTEURS

Une étude de 2015 publiée dans le Journal of Industrial Ecology analyse l’impact environnemental en mettant les ménages en perspective et en soulignant leur consommation. L’analyse a montré que les ménages sont responsables de plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, et de l’utilisation de 80 % des terres, du matériel et de l’eau disponibles sur Terre. De plus, les chercheurs ont constaté que les empreintes sont inégalement réparties entre les régions et les pays riches générant le plus de répercussions par ménage.

Diana Ivanova, de l’Université norvégienne de science et technologie de Trondheim, et auteure de l’étude, explique que le constat vient d’un simple changement de notre perspective sur les responsables des émissions associées à la production de biens de consommation.  » Nous aimons tous mettre le blâme sur quelqu’un d’autre, le gouvernement ou les entreprises « , dit-elle.

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Par exemple, les consommateurs occidentaux pourraient faire valoir que les pays qui produisent de nombreux biens de consommation, tels que la Chine, doivent assumer la responsabilité des émissions nécessaires à leur fabrication. Ivanova et ses collègues affirment que les consommateurs eux-mêmes sont tout aussi responsables.  » Si nous changions nos habitudes de consommation, cela aurait un effet drastique sur notre empreinte environnementale « , dit-elle.

IL DOIT Y AVOIR UN CHANGEMENT RADICAL DANS LES VALEURS DES SOCIÉTÉS DÉVELOPPÉES

Dans cette optique, il doit y avoir un changement radical dans les valeurs fondamentales des sociétés développées : loin de mettre l’accent sur la richesse matérielle, elles devraient se tourner vers un modèle où le bien-être individuel et sociétal est considéré comme le plus important.

Même si ces changements se produisent, il semble peu probable que notre planète pourrait vraiment supporter une population de 11 milliards d’individus. Donc Steffen suggère que nous devrions stabiliser la population mondiale, si possible à environ neuf milliards, et ensuite commencer une longue et lente évolution de la population décroissante. Cela signifie la réduction des taux de fécondité.

Il y a effectivement des signes que cela commence déjà à se produire, alors même que la population continue à augmenter. Le taux de croissance de la population a ralenti depuis les années 1960 et les tendances de la fécondité mondiale de la Division de la population des Nations Unies montrent que, dans le monde entier, la fécondité par femme est tombée de 4,7 bébés en 1970-1975 à 2,6 en 2005-10. Cependant, cela pourrait encore prendre des siècles avant que des réductions significatives ne surviennent, soutient Corey Bradshaw à l’université d’Adélaïde en Australie.

Les tendances sont si profondes, dit-il, que même un scénario apocalyptique pourrait ne pas changer leur cours. Dans une étude de 2014, Bradshaw a conclu que si deux milliards de personnes meurent demain ou si chaque gouvernement décidait d’adopter des politiques controversées de la fécondité, comme la politique de l’enfant unique de la Chine récemment abandonnée, il y aurait toujours autant, sinon plus de gens sur la planète d’ici à 2100 qu’il y en a aujourd’hui.

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Ce qui est extrêmement urgent, c’est de trouver des moyens pour accélérer la baisse des taux de fécondité. Un moyen relativement simple de le faire pourrait être d’élever le statut des femmes, en particulier sur leurs possibilités d’éducation et d’emploi, dit Steffen.

Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a calculé que 350 millions de femmes dans les pays les plus pauvres ne souhaitaient pas leur dernier enfant, mais n’ont pas eu les moyens d’empêcher la grossesse. La prise en compte des besoins de ces femmes aurait un impact significatif sur les tendances mondiales de la population. Selon ce raisonnement, la création d’une population durable repose autant sur la défense des droits des femmes que sur la réduction de la consommation des ressources.

planète-terre-main-19Donc, si une population mondiale de 11 milliards d’individus est probablement insoutenable, combien de personnes, en théorie, la Terre pourrait-elle supporter ? Bradshaw dit qu’il est presque impossible de dire quel serait ce nombre, car il est entièrement dépendant des technologies dans des secteurs comme l’agriculture, la production d’électricité et le transport et du nombre de personnes que nous sommes prêts à condamner à une vie de pauvreté ou de malnutrition.

Beaucoup de gens affirment que nous sommes déjà bien au-dessus du nombre durable, compte tenu des choix de vie de beaucoup d’entre nous et de notre réticence à les changer. À l’appui de cette affirmation, ils soulignent les problèmes du changement climatique, l’extinction de la biodiversité en cours, la pollution de masse des océans, le fait qu’un milliard de personnes souffrent de la faim et qu’un autre milliard de personnes ont des carences en éléments nutritifs.

Un rapport de 2012 des Nations Unies a résumé 65 différentes tailles maximales de population estimées durables. L’estimation la plus courante était de huit milliards, un peu plus que la population actuelle. Mais ces estimations variaient entre deux milliards et 1 024 milliards ! Et comme elles dépendent toutes de beaucoup d’hypothèses, il est difficile de dire laquelle est la plus proche de la vérité.

LE VÉRITABLE ENJEU EST DE SAVOIR COMMENT NOUS CHOISISSONS DE FAIRE FONCTIONNER NOTRE SOCIÉTÉ

En fin de compte, le véritable enjeu est de savoir comment nous choisissons de faire fonctionner notre société. Si certains d’entre nous ou tous consomment beaucoup de ressources, la population maximale durable sera plus faible. Si nous trouvons des moyens pour chacun de consommer moins, idéalement sans sacrifier notre confort, la Terre sera en mesure de supporter plus d’humains.

Les changements technologiques, qui sont souvent totalement imprévisibles, vont également affecter la population maximale. Au début du XXe siècle, le problème de la population mondiale concernait autant la fertilité du sol que la fécondité des femmes. George Knibbs, dans son livre de 1928, L’ombre de l’avenir du monde, a suggéré que si la population de la Terre atteignait 7,8 milliards, sa surface serait utilisée beaucoup plus efficacement.

Trois ans plus tard, Carl Bosch a remporté un prix Nobel pour avoir contribué au développement de fertilisants chimiques, dont la production a probablement fait plus que tout pour alimenter la dramatique croissance de la population humaine au XXe siècle. Dans un avenir très lointain, la technologie pourrait conduire à l’existence de populations humaines durables beaucoup plus grandes si certaines personnes pouvaient éventuellement quitter la planète Terre.

Au cours des décennies, depuis que les premiers hommes se sont aventurés dans l’espace, nos ambitions sont passées d’une simple observation des étoiles à une vie loin de la Terre et l’expatriation vers d’autres planètes. Beaucoup de penseurs éminents, y compris le physicien Stephen Hawking, disent que la colonisation d’autres mondes est essentielle pour la survie ultime de notre espèce.

Cependant, même si la mission Kepler de la NASA a découvert un grand nombre de planètes comme la Terre, nous n’en savons pas beaucoup sur elles et elles sont toutes situées très loin au-delà de notre portée. Donc, migrer vers une autre planète ne constitue pas une réponse imminente à nos problèmes.

Pour l’avenir prévisible, la Terre est notre seule maison et nous devons trouver un moyen de vivre de manière durable. Il semble clair que cela exige une réduction de notre consommation, en particulier une transition vers des modes de vie à faible empreinte carbone, et l’amélioration de la situation des femmes dans le monde entier. C’est seulement quand nous aurons pris ces mesures que nous serons vraiment capables d’estimer le nombre de personnes que notre planète peut supporter sur la durée.

Par Ida Junker-Ceretti, le

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  • Vision purement humaine qui ne tient pas compte du monde animal qui a aussi besoin de nourriture et d’espace. Un tigre mâle par exemple a besoin de 50 km2 pour vivre sa vie de solitaire. Où en est sa cohabitation avec les humains ? Pour l’instant dans la majorité des situations, l’Homme se contente de l’éliminer pour se protéger. Il en est de même pour tous les animaux qui ont tous besoin d’espace, espace de plus en plus grignoté par l’espèce humaine qui s’approprie la planète quand elle ne la détruit pas.

  • Le concept de la surpopulation est né en Angleterre en 1798, lorsque le révérend Thomas Robert Malthus a vu que la production alimentaire augmentait progressivement, alors que les gens se reproduisent de façon exponentielle. Sur la base de calculs simples, il « prédit » que le monde serait en manque de nourriture d’ici l’an 1980. Malthus, alarmé par ses résultats, encourage une réduction de la population… Dans son essai sur le principe de population, motivé par la crainte d’une marée humaine, Malthus appelle à accroître la mortalité chez les pauvres par diverses techniques. Ce qu’ignorait Malthus, c’est que l’humanité allait développer des solutions pour nourrir abondement l’espèce humaine au delà de toutes espérances. La faim qui sévira dans le monde touchera principalement des populations n’ayant pas accédé à un certain niveau de développement technique ou par le manque de redistribution des richesses. Ainsi, la peur de la surpopulation va conduire Malthus à penser que certaines maladies ne devraient pas être guérie par souci de contrôle de la population. Tout comme d’autres à notre époque, ont pensé à créé Covid 19. Aussi dur que cela puisse paraître, la volonté de «dépopulation» a été définie par ceux qui soutiennent cette pensée et voient la mort comme un mal nécessaire pour sauver l’humanité et la planète. Naturellement, ce sont les plus pauvres qui en sont les victimes.
    En 1968, Paul Ehrlich, de l’Université de Stanford a adopté et propagé la théorie de Malthus. Il a affirmé que la reproduction humaine excessive allait submerger la planète et prédit que le monde subirait des famines massives, tuant des centaines de millions de personnes, dès la fin des années 70. En raison de la crainte de telles revendications alarmantes (au moins en ce qui concerne l’occident), d’importantes sommes d’argent ont été remises à l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population). Ces fonds se développent sur une crise qui – en dépit d’être «imminente» – sera reportée encore et encore pour les 200 dernières années.
    Pourquoi cette crise n’a-t-elle jamais frappé l’occident ? Il y-a-t-il vraiment trop peu d’espace, trop peu de ressources et trop de gens ? Quels sont les faits et quels sont les mythes ? Beaucoup s’imaginent que le problème de la surpopulation est une affaire d’espace. Et non ! À ce jour, il y a environ 7,268,730,000 personnes sur terre. La masse continentale du Texas est 268.820 miles carrés. Si nous divisons cet espace par 7268730000 personnes, nous obtenons 1031 pieds carrés par personne. Ceci représente un espace suffisant pour que chacun puisse vivre dans une large maison individuelle avec le reste de l’humanité comme voisin, tout ça sur la seule superficie du Texas. Et ceci ne prend même pas en compte qu’une famille moyenne fait 4 personnes qui partagent volontiers leur habitation. Sans compter à l’heure actuelle dans des pays industrialisés, comme la France les naissances ont baissé, au point que le gouvernement a fait venir des migrants pour augmenter la croissance. La population étant vieillissante, stagne. Il y a un dépeuplement en Martinique, en Corse. Ce calcule ne signifie pas qu’une telle division territoriale et concentration serait une bonne chose. Un tel entassement d’une population qui continue de surconsommer comme nous le faisons actuellement serait la bonne recette pour un désastre écologique. Ce raisonnement par l’absurde donne cependant une idée de la façon dont il faut penser la problématique. La surpopulation n’est PAS une question d’espace. Donc, quel est le vrai problème ? Comment cela peut-il être prouvé ? Facile : Les conditions d’une surpopulation apparente existent seulement dans les villes, pas ailleurs. Il s’agit donc d’une « illusion » propre à l’urbanisation et à la concentration des individus en un même lieu. En pratique, la population urbaine est en hausse constante depuis la révolution industrielle. Depuis 2008, plus de la moitié de l’humanité est devenue urbanisée. En cause, l’exode rural. En effet, il y a davantage de possibilités de faire de l’argent, donc de survivre, dans la ville que dans les campagnes. Les villes sont prises d’assaut par une population venant parfois de très loin afin de s’y installer. La forte population en ville n’est ainsi pas directement liée à la reproduction. Par opposition, les campagnes se vident. Paradoxalement, le monde actuel abonde de ressources, de quoi largement combler les besoins de tout le monde. Mais, chaque année, les pays riches gaspillent plus que 220 millions de tonnes de nourriture. Pendant ce temps, des populations meurent de faim, non pas par manque de ressources, mais parce qu’ils ne disposent pas de l’argent nécessaire pour avoir accès aux denrées alimentaires sur le marché mondial ou local. Le mythe de la surpopulation tente de camoufler une réalité tragique : l’humanité ne manque de rien, mais ne distribue pas équitablement. Porter la cause sur l’Humain (et sa faculté de reproduction) profite ainsi aux logiques élitistes en détournant le problème de fond : la distribution des richesses et l’accès aux ressources. On trouve notamment des personnes désertant les centres commerciaux, des surfaces de distribution alimentaire parce qu’aujourd’hui, des personnes dans le monde, produisent, cultivent leur propre besoin nutritionnelles. Certains ont d’ailleurs une culture agricole dense au point de faire partager cet excès à leur voisin, leur proche ou ont assez pour nourrir un bourg, un village. On trouve également des villages écologiques, qui se suffisent à eux-mêmes. Il y a donc assez de terres pour produire des denrées alimentaires, sans que celles-ci appartiennent uniquement aux industries agricoles alimentaires. Les sociologues Frédéric Buttel et Laura Raynolds ont publié une étude de la croissance démographique, la consommation de nourriture, et autres variables dans quatre-vingt-treize pays du tiers monde. Les statistiques ne montrent aucune preuve que la croissance rapide de la population provoque la faim. Cependant, ils ont trouvé que les populations des pays les plus pauvres ont moins à manger.
    En d’autres termes, la pauvreté et les inégalités causent la faim, pas la surpopulation. La théorie de la surpopulation décrit une situation dans laquelle le nombre de personnes est à l’origine de l’épuisement des ressources dans un environnement fermé de telle sorte qu’il ne peut plus supporter cette population. Une bonne analogie serait de comparer notre planète dans une maison barricadée, sans moyen d’y entrer ou de sortir. Les habitants de la maison seraient limités à l’espace et les ressources au sein de cette maison. Il semble évident que le réfrigérateur sera bientôt vide et l’oxygène finira par être épuisé. Il y aurait donc trop de gens et trop peu de ressources pour assurer la survie de tout le monde dans la maison. Mais dans le monde réel, les maisons sont-elles barricadées ? Les villes sont-elles naturellement closes ? Ne peut-on pas, par exemple, assurer son indépendance alimentaire ?
    Plus spécifiquement, notre planète est-elle équipée d’autorités et de politiques empêchant les aliments d’être transportés où ils sont nécessaires ? Non. Tout est possible. Nous blâmons la pauvreté en prétextant la rareté et la surpopulation. Mais quand allons nous parler du comportement humain lui-même ? Il est rare que nous examinions les lois et les actions créées par nul autre que l’Homme. Actions qui empêchent implicitement les personnes affamées d’avoir accès à la nourriture et aux terres arables, engendrant la mauvaise répartition des ressources.
    Par exemple, comment oublier la «dette» que les pays pauvres « doivent » aux pays riches malgré que le niveau de vie de ces pays riches repose déjà en grande partie sur leur exploitation ? Contrairement à l’idée reçue, la terre ne manque pas d’espaces productifs. Même en 100% bio, les scientifiques s’accordent aujourd’hui à dire qu’il serait possible de nourrir l’humanité toute entière couplé à une régulation du gaspillage. Le mythe des rendements bio « insuffisants » pour nourrir le monde reste cependant tenace dans les discours. De plus, même si l’alternative fait polémique, il existe aujourd’hui de très nombreuses alternatives pour produire beaucoup, même en biologique, sur de très petites surfaces en hors-sol. Pourquoi est-ce si difficile d’admettre, comme l’indique les chercheurs, que nous vivons sur une planète spacieuse qui pourrait fournir à tout le monde de quoi vivre dignement si nous étions en mesure de l’utiliser intelligemment ? Ces solutions, bien plus complexes que la peur démographique, nécessitent un effort, une réflexion, un changement et surtout du courage. On entend souvent dire que la pauvreté serait le résultat de la surpopulation, le manque d’éducation ou même la paresse. Certains à l’extrême droite vont jusqu’à prétexter honteusement une infériorité liée à l’origine. Mais parce que la plupart des gens ne pensent jamais à remettre en question les fondements du système actuel, peu se rendent compte comment la société est orientée vers l’enrichissement matériel par l’accaparement des terres productives dans les pays émergents et la mise au travail forcée des individus. Nécessairement, les possédants sont plus enclins à reporter la responsabilité de la faim sur les pauvres plutôt que sur un manque de redistribution. Alors, à nouveau, on blâme le nombre. Le passage suivant de «The World’s Wasted Wealth: the political economy of waste» de J.W. Smith, décrit cette réalité. Des alternatives aux pratiques agricoles non-durables existent. Le succès de l’agriculture biologique aux États-Unis donne une idée des possibilités. Le succès de Cuba à surmonter une crise alimentaire à travers l’autonomie et l’agriculture durable, pratiquement sans pesticides, est un autre excellent exemple. Même dans les villes, des solutions urbaines se développement à vive allure partout à travers le monde. Respectueuses de l’environnement, des alternatives agricoles saines se voient parfois plus productives à long terme que leurs homologues destructeurs de l’environnement. La permaculture en est un excellent exemple.
    L’habitat durable et l’agencement intelligent de la ville sont d’autres alternatives qui devraient être mises en œuvre à l’échelle mondiale au lieu de pointer du doigt la population croissante. Les possibilités sont infinies, du Earthship aux éco-villages à l’intégration de hautes technologies dans les futures éco-villes. Naturellement, ces solutions, aussi positives soient-elles, ne peuvent occulter le fait d’une nécessaire critique structurelle de la propriété en matière de production alimentaire. La surpopulation est trop souvent jugée coupable de la destruction de la planète, mais avons-nous jamais pensé à pointer du doigt nos pratiques destructrices ? Nous continuons à perpétuer le même schéma au nom du profit et de l’illusion d’une croissance perpétuelle malgré les nombreuses solutions existantes. Nous savons désormais que ce n’est pas une question du nombre de personnes qui habitent notre planète. C’est une question de responsabilité personnelle et collective. Si une personne peut vivre équitablement et en autonomie en un lieu du monde, tous le peuvent, sans exception. Il « suffit » d’y mettre les moyens techniques, politiques et financiers. Par opposition, céder au mythe de la surpopulation, c’est faire le jeu des puissants et des pires dictatures dont l’habileté est d’orienter les véritables causes d’une problématique vers un épouvantail insaisissable : le nombre.
    La vérité, c’est que nous avons le choix d’évoluer vers un style de vie favorable à la terre entière, concevoir des villes durables qui permettraient l’autosuffisance et la collaboration pour le bien de tous. Nous ne serions plus considérés comme une menace pour la planète, mais comme un élément parmi les éléments. Nous devons enfin travailler avec la nature et non contre elle. Nous sommes une partie de la nature et il est temps de cesser de se sentir coupable d’exister. Par contre, nous devons faire preuve d’autocritique dans nos actions individuelles (consommations) et nos choix collectifs (politiques sociales, production..). Il est encore possible de transformer cette société si nous cessons de prétendre à notre supériorité face à la nature. Toutes les actions inconscientes que nous faisons sont le résultat d’un manque d’accès à la connaissance. Pourtant, nous pouvons être conscients. Être conscient est un processus intellectuel et culturel qui se cultive. Osons regarder au-delà des œillères artificielles placées devant nos yeux.
    Si nous avons construit ce monde, qu’est-ce qui peut vous faire croire que nous sommes incapables d’en construire un autre ? À partir de maintenant, faisons la promesse de ne plus utiliser notre main-d’œuvre, notre créativité et notre intelligence pour construire des armes de guerre, des technologies non-durables et produisons du sens à la place, de la résilience, du progrès utile.
    Nous avons aujourd’hui le potentiel et l’intelligence de créer des technologies durables, des produits bénéfiques et un système harmonieux qui permettraient à l’humanité de prospérer au bénéfice de tous. Ceci n’est pas une utopie, mais l’irréalisé. Mais ce monde plus beau n’aurait pas de sens s’il n’est pas destiné aux 7 milliards de personnes sur la planète, sans exception.
    Note de la co-auteure : Elina St-Onge précise que la remise en question de la notion de surpopulation ne diminue pas la nécessité de mettre fin à la pauvreté, la surconsommation et la destruction de l’environnement. La surpopulation est avant tout un concept, alors que la pauvreté est une réalité. « Ma vie est orientée vers l’éveil de la conscience sur d’autres façons de fonctionner en société. Cependant, je crois qu’il est important de remettre en question nos croyances; même celles étroitement liées au militantisme écologiste. »
    Pourquoi ? Parce qu’en remettant en question les théories de la surpopulation, on découvre un avenir bien plus prometteur. Un avenir plus positif qu’une lutte sans fin pour essayer de contrôler les dégâts causés à l’humanité sans en déterminer les réelles causes.
    Questionner cette peur, même si elle semble être orientée vers des causes nobles, n’est pas une négation des causes elles-mêmes, bien au contraire. Il apparaît important de nous libérer d’une fausse question qui a l’effet de nous distraire et nous éloigner des problèmes réels et donc des mesures appropriés que nous pouvons prendre pour créer un changement significatif et durable.

  • encore une fois l intruction et l intelligence de l humain quand il y a une invasion de (ex; sauterelles qui detriut on l extermin car elle fait des ravages ) la c est parielle pour les humains il vont envahir la terre (et la detruises dejas!!!) bavo pour votre raisonnement ; c est vrai joublie votre instruction