Aller au contenu principal

Fascinant : la route de la soie pourrait être bien plus vieille que nous le pensons

Du IIe siècle avant Jésus-Christ au XIVe siècle, une grande route commerciale reliait l’Est de la Chine à l’Ouest Méditerranéen. Si de nombreuses marchandises transitaient entre Chang’an et Antioche, c’est la soie, textile délicat et précieux, qui donna son nom à la route commerciale. Devenue légendaire, la route de la soie fut l’un des réseaux commerciaux les plus importants du monde. Si nous pensions pouvoir la situer dans le temps, une nouvelle étude sur les trajets des nomades suggère que ses origines pourraient dater de plusieurs milliers d’années avant les indications des historiens.

 

Les analyses traditionnelles de la route de la soie

Traditionnellement, les chercheurs et les historiens se sont focalisés sur l’étude des premières routes commerciales reliant les principaux villages et centres des activités humaines. En retraçant les trajets les plus courts et les moins coûteux, ils ont approximativement défini les dates de la route de la soie dans le temps de 200 ans avant Jésus-Christ au XIVe siècle. D’après l’anthropologiste Michael Frachetti, chercheur à l’Université Washington de St Louis, cette analyse n’est valable que pour les zones de plaine où les itinéraires directs sont possibles, mais elle ne reflète pas la façon dont les éleveurs et les commerçants se seraient déplacés avec leurs troupeaux dans les régions montagneuses.

Pour le chercheur, c’est une erreur de penser que la route de la soie a été créée volontairement sous l’impulsion de puissants Etats, il s’agirait plutôt d’un processus mouvant qui s’est développé progressivement au fil du temps. Si la localisation des anciennes villes, des sanctuaires ou les lieux de passage des caravanes sont des points de convergence importants pour définir le réseau, Frachetti explique que les itinéraires empruntés par les nomades sont difficiles à retrouver.

De la soie

 

Une étude sur les itinéraires des nomades

Michael Frachetti a mené une étude indépendamment des données localisant la route de la soie afin de reconstruire les trajets parcourus par les éleveurs et les nomades dans les montagnes, dès 3000 ans avant Jésus-Christ. Pour ce faire, Frachetti et son équipe ont développé un modèle informatique capable de simuler la mobilité de l’élevage sur des hauteurs de 750 mètres à 4 000 mètres en y intégrant des paramètres saisonniers indiquant les périodes les plus pratiques et les plus sûres pour traverser.

En agençant les 500 itérations produites par le modèle, les chercheurs ont pu définir comment les nomades se déplaçaient dans les montagnes au gré des saisons pendant des siècles. Leur étude publiée dans la revue Nature révèle comment les routes empruntées par ces éleveurs et commerçants ont formé de véritables réseaux commerciaux à travers l’Asie.

« NOUS SOUTENONS QUE LES SIÈCLES DE MOBILITÉ STRATÉGIQUE DE CES NOMADES ONT DÉFINI LES ROUTES FONDAMENTALES ET LA GÉOGRAPHIE DES RÉSEAUX COMMERCIAUX QUI PARCOURENT L’ASIE »

 

Une route de la soie vieille d’environ 5000 ans

Quand l’équipe a comparé ses résultats avec les données liées à la route de la soie, elle s’est aperçue que 74,4 % des sites correspondaient aux chemins définis par leur simulateur. Si les chercheurs n’affirment pas que leur modèle prouve l’existence de la route de la soie plusieurs milliers d’années avant les dates fixées par les historiens, ils expliquent qu’il est probable qu’elle se soit fondée sur les chemins empruntés par les nomades pendant des siècles.

L’étude de Frachetti révèle donc que les origines de la route de la soie sont sans doute issues des itinéraires parcourus par les commerçants et les éleveurs, il y a presque 5000 ans.

Deux ponts de la Route de la Soie

 

Une nouvelle conception des réseaux commerciaux

Enfin, l’étude des échanges culturels et commerciaux permet de mieux appréhender l’évolution des rapports sociaux dans le temps et le monde d’aujourd’hui.

Frachetti a expliqué au International Business Time que son étude véhicule une nouvelle façon de comprendre la formation des réseaux via l’idée que les grands centres urbains et les États ne sont pas les seuls acteurs de l’Histoire, c’est sûrement aux petites communautés nomades et aux habitudes ancestrales des hommes que nous devons la route de la soie.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *