Un astéroïde massif, passé inaperçu à cause de l’éblouissement du Soleil, expose les failles inquiétantes de notre surveillance spatiale. Sa détection tardive rappelle à quel point notre capacité à anticiper les menaces venues de l’espace reste limitée, malgré les technologies d’observation et les programmes de détection actuellement déployés.

Un monstre de 700 mètres découvert là où nos télescopes ne regardent pas
Je ne sais pas vous, mais j’ai toujours trouvé rassurant de me dire que des scientifiques scrutent le ciel en quête de menaces potentielles. Et pourtant, certains objets passent entre les mailles du filet. C’est le cas de 2025 SC79, un astéroïde de 700 mètres de diamètre, découvert seulement en septembre 2025… à quelques millions de kilomètres de nous.
La raison de ce retard ? Il se cachait dans un angle mort astronomique, une zone que le Soleil rend pratiquement invisible aux télescopes traditionnels. Ce n’est que grâce à la Dark Energy Camera, installée sur le télescope Blanco au Chili, qu’il a été repéré brièvement, juste avant le lever du Soleil. Ce moment très court, où la lumière reste tolérable pour les capteurs, a permis de le photographier sur deux clichés consécutifs.
Il tourne plus vite que presque tout dans le Système solaire (et c’est pas une bonne nouvelle)
Son orbite est une particularité rare : 2025 SC79 tourne autour du Soleil en seulement 128 jours. C’est plus rapide que toutes les planètes, sauf Mercure. Et surtout, il évolue à l’intérieur de l’orbite de Vénus, un environnement extrême, ultra-chaud, où peu d’astéroïdes survivent.
Il appartient à la famille Atira, une classe d’objets très peu nombreux (moins de 40 recensés à ce jour). Ce type d’astéroïde, niché si près du Soleil, n’est quasiment jamais détecté. Pourtant, leur dynamique est cruciale pour comprendre la migration des corps rocheux dans le Système solaire. Et si son orbite croise celle de Mercure, cela laisse présager des interactions gravitationnelles complexes à venir.
Invisible à nos yeux, mais pas sans danger : pourquoi il faut s’en méfier
Certes, 2025 SC79 ne va pas heurter la Terre (pas cette année, en tout cas). Mais son existence soulève une vraie inquiétude : combien d’autres comme lui passent inaperçus ? Avec ses 700 mètres, s’il venait à croiser notre planète, l’impact serait cataclysmique à l’échelle d’un continent. On parle de dégâts comparables à une explosion nucléaire géante…
Et le plus effrayant, c’est qu’on l’a vu arriver après coup. La NASA soutient activement des programmes comme celui de la Dark Energy Camera pour traquer les « planet killers » dans ces zones mal surveillées. Mais la détection reste partielle, et les outils actuels sont encore loin d’être infaillibles. Il est temps d’élargir notre champ de vision.
Une meilleure détection passe par une surveillance au crépuscule (et plus de budget)
Ce que révèle 2025 SC79, c’est que notre système de surveillance a besoin d’évoluer. Les instruments doivent pouvoir observer à l’aube et au crépuscule, des fenêtres rares mais cruciales pour capter les objets qui rôdent près du Soleil.
Il faut aussi plus de collaborations internationales et des budgets à la hauteur de l’enjeu. Comprendre la composition, l’origine et l’évolution de ces objets pourrait même réécrire une partie de l’histoire de notre Système solaire. Et, accessoirement, nous éviter une fin digne d’un mauvais film de science-fiction.
Par Eric Rafidiarimanana, le