Joseph Bologne de Saint-George était un homme de couleur aux multiples talents. Son parcours lui a valu plusieurs noms, dont Chevalier de Saint-George et Saint-George, parmi tant d’autres. Ce personnage était connu dans le domaine de l’escrime, de la musique et de la composition sous le règne de Louis XV et Louis XVI. Sa condition d’affranchi parisien lui a également permis de participer à la Révolution française. Partons à la rencontre de cet homme exceptionnel !
La naissance d’une légende
Aucune source écrite ne mentionne le lieu de naissance de Saint-George. Certains proposent la Guadeloupe, d’autres la Martinique, d’autres encore Saint-Domingue. Mais sa naissance au milieu du XVIIIe siècle en Guadeloupe est cautionnée par les scientifiques. Cela fait de lui un esclave sous l’empire colonial français des Amériques. Le jour de sa naissance est également flou. Alexandre Dumas suppose qu’il est né en 1732. Pour sa part, Theodore Baker pense que c’était en 1745. L’historienne Anne Pérotin-Dumon, quant à elle, déclare que Saint-George est né en 1739. Cependant, après maintes analyses, les chercheurs en sciences humaines et sociales se sont mis d’accord sur le 25 décembre 1745, la date la plus probable.
Les biographies du futur chevalier de Saint-George suggèrent que son père était un colon et sa mère une esclave venue d’Afrique. La mère de Joseph s’appelait Anne Dannevau et était surnommée Nanon. Le père serait Georges de Bologne Saint-Georges. Mais, avec la possible confusion de nom, sa filiation est difficile. De plus, la mise en œuvre des registres pour les esclaves ne fut faite que plus tard. En outre, le statut antérieur d’esclave de Saint-George lui a permis d’être affranchi dès qu’il est entré sur le territoire français. Or, un affranchi ne peut pas porter un nom de famille blanc.
Georges de Bologne Saint-Georges était propriétaire d’une plantation en Guadeloupe. En 1747, celui-ci tirait à l’épée avec sa famille et un voisin. Involontairement, le père de Saint-George a blessé ce dernier, entraînant sa mort. Il risquait alors la peine de mort. Cela l’a poussé à quitter Basse-Terre pour Bordeaux en 1753. Saint-George entra dans la famille La Boëssière plus tard. Son périple avec eux durera six ans. Propriétaire d’une salle d’armes, cette famille adoptive a permis à Joseph de développer ses talents pour l’escrime. Ses journées étaient bien réparties : le matin était consacré aux études et le reste de la journée était dédié à la salle d’armes.
Une carrière remplie de promesses
Étant une personne de couleur, l’ascension sociale de Saint-George dépendait entièrement du métier qu’il avait choisi. En effet, les métiers d’armes offraient une meilleure sécurité. Parallèlement, l’art et la musique sont également une bonne alternative s’ils sont destinés aux riches bourgeois, aux princes ou aux nobles. Conscient de la situation, Saint-George a développé plusieurs compétences à la fois : l’escrime, la musique et une carrière militaire. Celui-ci doit ses prouesses à sa famille, à son maître d’armes monsieur de La Boëssière et à son mentor François-Joseph Gossec. En outre, compte tenu de l’environnement politique et culturel en ce temps, Saint-George est devenu le premier Noir à intégrer la franc-maçonnerie de France.
Saint-George a développé ses aptitudes en escrime durant son séjour chez son substitut paternel : La Boëssière. Il est même devenu une référence en devenant un fleurettiste exceptionnel à seulement 15 ans. Antoine Texier de La Boëssière, son fervent admirateur et maître d’armes évoque Saint-George comme étant « l’homme le plus prodigieux qu’on ait vu dans les armes ». François-Joseph Fétis, compositeur et critique musical, déclare même : « Ayant été mis en pension à l’âge de treize ans chez La Boëssière, célèbre maître d’armes, il acquit en six années une si grande habileté dans l’art de l’escrime, qu’on l’appela l’inimitable. Doué d’une force de corps et d’une agilité prodigieuse, il eut dans cet art une supériorité devenue proverbiale, et brilla également dans tous les autres exercices. »
Saint-George participait activement à la vie culturelle parisienne. Violoniste virtuose, celui-ci a composé des symphonies concertantes pour quatuor d’archet, des concertos, etc. Parmi ses mentors, nous pouvons citer Pierre Gaviniès et Antonio Lolli. En 1769, ses pairs le surnommaient l’inimitable en devenant le premier violon dans l’orchestre du Concert des amateurs dirigé par François-Joseph Gossec, jusqu’en mars 1773. Plus tard, Saint George devient chef d’orchestre. Celui-ci a dirigé plusieurs concerts et devient même un des familiers de Marie-Antoinette. Mather Brown, portraitiste de la famille royale d’Angleterre, a matérialisé les deux arts chers au Chevalier de Saint-George dans un portrait à son effigie. L’original de ce portrait a été exposé à Londres en 1788 chez Bradshaw, no4 Coventry Street. En outre, son nom apparaît dans le volume II du Dictionnaire de la musique de Marc Honegger en 1970.
Bravo pour votre bel article. Texier de Laboessiere déclara Joseph à la Table de Marbre sous le pseudo de RITOUDAINE. Pour la musique, ne pas oublier les romances. Et in fine, Que pensez-vous du film CHEVALIER ! Jean-Claude HALLEY, Association des Amis du Chevalier de Saint-Georges. Les Guadeloupéens écrivent Saint-Georges avec un S à la fin.
Vive le Chevalier !