Le mercredi 14 février ne résume pas à la Saint Valentin, aux dîners en amoureux et aux week-ends à l’eau de rose : il y a aussi Black Panther. Le dernier film des studios Marvel débarque en salles le jour même de la fête de l’amour, et ce n’est peut-être pas un hasard. Alors oubliez les soirées plan-plan et casanières : voici 3 bonnes raisons de céder à la vague Black Panther.
Une prise de conscience
En 2017, DC Comics a pris le risque de sortir Wonder Woman, le premier film de super-héros consacré à une super-héroïne : 821 millions de dollars de recettes à travers le monde. En 2018, Marvel emboîte le pas à la « Distinguée Concurrence » et mise tout ce qu’elle a sur Black Panther, le premier film de super-héros consacré à un super-héros noir. Difficile de ne pas voir dans ce timing ultra serré une course au film le plus progressiste. Et pourtant, cette éternelle rivalité n’explique pas à elle seule le choix de Marvel – dont on attend toujours le film dédié à Black Widow – de parier sur un héros africain. Black Panther n’est pas un qu’un blockbuster : c’est un message politique.
À l’heure où les États-Unis subissent la présidence Trump, les deux plus grosses maisons d’édition de comics ont dénoncé la misogynie et le racisme du 45e président en produisant Wonder Woman (« Vous devez les traiter comme de la m***e ») et Black Panther (« Pays de m***e »). Si le premier s’inscrivait dans la droite lignée des films aux personnages féminins forts et indépendants (Kill Bill, Hunger Games, Star Wars Rogue…), Black Panther marque une révolution : c’est un blockbuster hollywoodien consacré à un super-héros noir avec un casting d’acteurs et d’actrices noires. Il n’y a qu’à voir la réaction du public Afro-Américain face aux affiches pour se rendre compte à quel point cette prise de conscience est salutaire.
Un super-héros africain
Black Panther est né de l’imagination de Stan Lee et Jack Kirby, le duo légendaire à l’origine de Hulk, Thor, X-Men, Les 4 Fantastiques et tant d’autres. Apparu pour la 1ère fois dans les pages des Fantastic Four en 1966 – 2 ans après que le Civil Rights Act a aboli la ségrégation raciale – Black Panther marquait déjà un tournant historique dans la perception que certains Américains avaient des Noirs, et plus généralement de l’Afrique. Les racistes pensaient que les Africains dépendaient des Blancs ? Lee et Kirby ont créé le Wakanda, un royaume autonome et indépendant niché au coeur de l’Afrique. Les racistes pensaient que les Africains étaient des sauvages et des idiots ? Le Wakanda est une société raffinée, tolérante et pourvue d’une technologie si avancée que les Occidentaux se damneraient pour l’avoir.
Un royaume prospère et isolé que gouverne T’challa, prince héritier devenu le Black Panther à la mort de son père (cf Civil War). Bien qu’il ne dispose d’aucun super-pouvoir, il peut compter sur sa force, son agilité et son intelligence qui confine au génie pour lutter contre les ennemis de la nation : et ils sont nombreux. Dépositaire du seul gisement de vibranium connu au monde, le Wakanda est une cible de choix pour tous mercenaires et les gouvernements avides de pouvoir. Mais le roi du Wakanda n’est pas seul dans cette épreuve : il peut compte sur l’indéfectible soutien de ses sujets, surtout celui des femmes…
Un casting 4 étoiles
Black Panther étant un souverain et super-héros africain, il était logique que les rôles principaux échoient à des acteurs et actrices noires. Et pour une fois, Hollywood a respecté la logique : pas de whitewashing à l’horizon ! Cette pratique excessivement courante dans l’industrie cinématographique – surtout dans les blockbusters – revient à confier des rôles originellement tenus par des gens de couleur à des acteurs blancs ; ce qui ne manque pas d’indigner les internautes : Dr. Strange de Marvel avait notamment été pointé du doigt pour avoir casté Tilda Swinton dans le rôle de l’Ancien.
Dans Black Panther, point de polémique à l’horizon. Chadwick Boseman, Michael B. Jordan (Chronicle, Creed) Forest Whitaker (Le Dernier roi d’Écosse) et Daniel Kaluuya (Get Out) tiennent les rôles-titres du film, aux côtés de partenaires féminines de premier plan : Lupita Nyong’o (12 Years a slave), Danai Gurira (The Walking Dead), Angela Basset (Malcolm X) et Florence Kasumba incarnent des femmes fortes et indépendantes; des guerrières affirmées dont les aptitudes martiales égalent – si ce n’est dépassent – celles de leurs compagnons masculins ! Black Panther est le film de super-héros que nous attendions tous, qui oriente la Maison des Idées et tous ses concurrents vers une meilleure représentation des gens de couleur au cinéma. Près de 123 ans après L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat, il était temps !
Par Matthieu Garcia, le
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