On connaît Winston Churchill (1874-1965), sa longévité politique, ses célèbres discours, son caractère bougon et emporté. Ayant traversé les soixante premières années du XXe siècle, il est souvent qualifié de plus illustre des hommes britanniques. Sa détermination et sa pugnacité ont permis à l’Angleterre de ne jamais vaciller pendant les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale.
UNE JEUNESSE FLAMBOYANTE
Winston Leonard Spencer-Churchill est né le 30 novembre 1874 dans la famille aristocratique Spencer. Son père, Lord Randolph Churchill, embrasse la carrière politique mais décède au jeune âge de 45 ans. Sa mère, Jennie Jerome, une riche héritière américaine francophile, est connue pour être frivole, si ce n’est volage.
Winston Churchill n’est pas un élève brillant et, à 13 ans, ses parents décident de le placer à la Harrow School en vue d’une future carrière militaire. A 18 ans, il tente par trois fois d’intégrer le Royal Military College de Sandhurst. Une fois intégré, il débute réellement sa carrière militaire. Il souhaite participer à l’action le plus rapidement possible pour faire des coups d’éclat qui assureront sa renommée. A cette époque, il devient correspondant de guerre. Ambitieux, il se sert de son passage dans l’armée pour entrer en politique. Il s’illustre à de nombreuses reprises, attirant l’attention du public en Grande-Bretagne.
En 1900, il est élu pour la première fois et entre à la Chambre des Communes. C’est le début de sa longue, tumultueuse et glorieuse carrière politique. En 1908, il se marie à Clémentine Hozier, rencontrée quatre ans plus tôt. De cette union naissent cinq enfants : Diana (1909-1963), Randolph (1911-1968), Sarah (1914–1982), Marigold (1918–1921) et Mary (1922-2014).
Pendant les années 1900-1914, il renforce sa présence en politique. Ainsi, en 1908, il devient pour la première fois ministre du Commerce. Dans les années qui suivent, il est un des artisans des lois sur l’assurance chômage et l’assurance maladie en Grande-Bretagne. En 1911, il est nommé premier Lord de l’Amirauté où il entreprend une réforme de la marine militaire. Avec la construction de nouveaux navires, il développe l’aviation navale et dans une moindre mesure favorise la création des chars d’assaut.
Avec le début de la guerre, l’armée anglaise essuie des revers sur les différent fronts, l’une des défaites les plus mémorables concerne les Dardanelles, ou bataille de Gallipoli, qui débute le 25 avril 1915 et se prolonge jusqu’au 9 janvier 1916, où périrent près d’un demi-million de soldats alliés et turques. Le scandale est tel que Churchill, qui a beaucoup œuvré pour cette opération, se retrouve au cœur de la tourmente médiatique et doit démissionner fin 1915 alors que l’opération s’enlise. S’ensuit une remise en question et quelques mois de retrait du monde politique anglais. Puis, en juillet 1917, un nouveau gouvernement le nomme ministre de l’Armement. Il veille à l’approvisionnement des troupes et appuie l’utilisation des chars d’assaut.
EN 1939, IL SORT DE SA RETRAITE POLITIQUE
Il occupe ce poste jusqu’en 1921 avant de devenir secrétaire d’État aux colonies. Tout au long des années 1920, il occupe un grand nombre de postes politiques et enclenche des réformes plus ou moins populaires. Sa cote de popularité chute dans les milieux ouvriers tout comme chez les politiciens. Il est finalement écarté du pouvoir au début des années 30 et commence sa « traversée du désert politique ». Il donne alors une série de conférences aux États-Unis et écrit de nombreux ouvrages. Il est aussi régulièrement consulté par des membres du gouvernement sur certains dossiers particuliers. Mais il doit attendre 1939 et l’invasion de la Pologne par les troupes nazies pour sortir officiellement de sa retraite politique.
UN HOMME EXPÉRIMENTÉ POUR FAIRE FACE À LA TOURMENTE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
L’invasion de la Pologne par les troupes nazies pousse le gouvernement britannique à rappeler Churchill au poste de Premier Lord de l’Amirauté. Il est connu pour ses prises de décisions tranchées, ses coups d’éclat et sa capacité à imposer ses idées et à se faire respecter alors que le gouvernement est considéré trop mou. En mai 1940, Winston Churchill est nommé pour la première fois Premier ministre contre l’avis du roi et de l’establishment, pour ses capacités de commandement et son expérience de la guerre. Dès le 13 mai, il prononce son fameux discours « Du sang et des larmes » qui galvanise la population, et compose un gouvernement rassemblant un cabinet de guerre et les ministres.
SON BUT EST DE PRÉSERVER L’INDÉPENDANCE DE LA GRANDE-BRETAGNE
Les débuts de la guerre sont très difficiles pour l’Angleterre. Les Alliés tombent les uns après les autres, isolant chaque fois un peu plus l’île. Les navires de ravitaillement, militaires comme civils, sont systématiquement attaqués et, fin mai 1940, les troupes terrestres britanniques sont, en grande partie, piégées à Dunkerque. Elles ne doivent leur salut qu’à une étrange décision d’Hitler de stopper l’avancée de ses chars, ce qui permet aux Anglais d’évacuer en quelques jours.
En juillet 1940 débute la bataille d’Angleterre où l’aviation allemande, souhaitant s’assurer la suprématie aérienne sur l’Angleterre, organise raids sur raids et déverse des milliers de bombes sur les villes du royaume.
Les tensions sont vives au sein du gouvernement britannique entre les partisans de la guerre et ceux qui souhaitent négocier pacifiquement avec le Troisième Reich. Mais Churchill tient bon et poursuit la lutte, bien conscient qu’un traité avec les nazis n’est pas une garantie, et qu’Hitler ne transigerait pas sur le réarmement de la Grande-Bretagne qui perdrait de fait son indépendance. Il compte sur l’entrée en guerre des États-Unis d’Amérique et débute un long et prolixe échange épistolaire avec Franklin Delano Roosevelt.
PENDANT TOUTE CETTE PÉRIODE, IL PARCOURT DES DIZAINES DE MILLIERS DE KILOMÈTRES POUR RENCONTRER LES ALLIÉS
Il faut attendre juin 1941 pour que l’URSS entre en guerre contre les Allemands suite à l’opération Barbarossa où Hitler a sciemment ignoré ses accords avec Staline. En décembre 1941, ce sont les USA qui entrent en guerre aux côtés des Alliés, suite à l’attaque japonaise de Pearl Harbor. Le rapport de force s’inverse, le Royaume-Uni n’est plus seul et l’Allemagne nazie est prise en étau à l’Est par les troupes de l’URSS et à l’Ouest par les Alliés. Malgré ces deux alliés de poids, il faut attendre le milieu de l’année 1942 pour voir les premières victoires de la coalition.
A partir de 1943, la victoire semble se rapprocher du camp allié. Churchill, qui est le plus âgé et le plus expérimenté des dirigeants politiques de l’époque, est riche de sa longue expérience militaire, de sa participation au commandement pendant la Première Guerre mondiale et de ses ouvrages, dont World in Crisis. De ce fait, il privilégie une approche indirecte alors que les États-Unis sont partisans d’une attaque frontale. Churchill, qui se souvient des horreurs de la Grande Guerre, souhaite éviter de refaire les erreurs du passé qui ont conduit à la perte de millions d’hommes pour des résultats souvent discutables.
Il s’intéresse, très tôt dans le conflit, à la cryptographie et crée un centre chargé de percer les codes ennemis, dont le célèbre Enigma. Il lance des opérations de guerre économique qui permettent, entre autres, de soutenir les résistants dans les différents pays occupés par les nazis. Il lance des opérations de propagande interne et externe ainsi que la formation de commandos spéciaux. En 1941, il crée la London Controlling Section (LCS), qui s’occupe des opérations clandestines et de désinformation dont l’opération Fortitude.
UN CARACTÈRE DIFFICILE À GÉRER POUR SES ALLIÉS ET SES COLLABORATEURS
Si son fort caractère est un avantage pour prendre des décisions rapides et audacieuses et les faire respecter, c’est aussi un problème pour ses collaborateurs et ses alliés. Il est reconnu pour sa grande imagination qui lui permet de mettre sur pied des solutions innovantes et surprenantes, mais souvent il se berce de chimères, compte sur la réussite d’hypothèses et bouillonne en tous sens.
IL S’OPPOSE À L’APPROCHE FRONTALE DES ÉTATS-UNIS
Homme franc au style victorien, il n’apprécie pas les appareils et partis politiques, ce qui lui cause de nombreuses difficultés durant toute sa carrière. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il multiplie les notes et les directives aux différents services et veut être informé de tout, tout le temps, se rendre partout.
Son âge déjà avancé et l’activité intense qu’il mène pendant cette période difficile lui causent des soucis de santé plus ou moins graves, allant jusqu’à l’infarctus. De plus, rongé par la dépression et l’alcool, il s’emporte facilement, ce qui est difficilement gérable pour ses proches.
Churchill et Roosevelt s’accordent sur de nombreux sujets mais leurs approches différentes de la situation offrent régulièrement des échanges animés. D’autre part, anti-communiste de longue date, il se méfie de l’URSS alliée.
Vers la fin de la guerre, Churchill, toujours homme d’action dans son cœur, souhaite assister au débarquement allié du 6 juin 1944 depuis un navire de guerre, il a déjà sa couchette réservée quand le roi Georges VI intervient en personne pour l’en dissuader. Churchill s’incline et reste en Grande-Bretagne. Jonathan Teplitzky a réalisé Churchill, un film biographique concernant les manœuvres et l’état d’esprit de Churchill les quelques jours avant le débarquement sur les côtes françaises, qui est sorti le 31 mai 2017.
POSTÉRITÉ DU RÔLE DE WINSTON CHURCHILL PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Churchill est jugé très compétent pour mener à bien l’effort de guerre, mais il n’entend rien à l’économie, ce qui l’empêche de concevoir une économie post-guerre. C’est un « Warlord » aussi, dès les élections suivant la fin du conflit, il n’est pas réélu.
Concernant la perception de son rôle pendant cette période troublée, tous reconnaissent sa capacité à défendre les intérêts britanniques, en particulier les colonies. Ses discours mémorables ont galvanisé les foules et ont permis de maintenir le moral des civils et des soldats, notamment pendant la première partie du conflit. Cependant, sa stratégie d’affaiblissement du IIIe Reich et son ralliement tardif à une poussée frontale des forces alliées n’ont pas facilité ses rapports avec les USA, rendant la position du Royaume-Uni d’autant plus compliquée qu’il se méfiait de l’URSS communiste.
Pourtant, ses opposants lui reprochent ses négociations trop molles avec Staline concernant les frontières d’après-guerre. En Pologne, on lui reproche de ne pas les avoir défendus contre l’influence communiste. S’il pense que l’appui des forces de la France libre est important, ses relations avec le Général de Gaulle sont pendulaires.
Le fait qui lui est le plus souvent reproché est l’autorisation de bombarder la ville de Dresde en février 1945 alors que la ville est pleine de réfugiés civils et de soldats blessés.
Il se retire alors plus ou moins de la vie politique officielle tout en continuant de conseiller le gouvernement britannique. En 1951, il est rappelé à la fonction de Premier ministre, fonction qu’il exerce jusqu’en 1955. Très affaibli par un accident vasculaire cérébral, il voit ses fonctions physiques et mentales décliner, ce qui le rend encore plus mélancolique. Il décède en 1965 et la reine Elizabeth II lui accorde les honneurs de funérailles nationales. Véritable figure du monde anglo-saxon, Churchill est présent dans de nombreux films, téléfilms, romans, etc. D’après un récent sondage, il a été désigné plus grande personnalité britannique de tous les temps.
La période de la Seconde Guerre mondiale est la plus spectaculaire de la vie de Winston Churchill. C’est à cette période que les décisions de cet homme né au XIXe siècle, à l’apogée de l’Empire britannique, ont grandement participé à la constitution géopolitique de l’après-guerre et du monde que nous connaissons aujourd’hui. Cette période est si foisonnante que deux films biographiques sur Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale ont été tournés : Churchill, de Jonathan Teplitzky avec Brian Cox, en 2017, et Darkest Hour, de Joe Wright, avec Gary Oldman, en 2018.
A la rédaction, nous avons été étonnés de voir comment les actions de Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale ont façonné positivement ou négativement le monde actuel. Et vous, que savez-vous vraiment de Winston Churchill ? Pour le savoir, tentez notre quiz.
yvesguilland@gmail.com \ J’aime et porte dans mon coeur ce pays, pays plein de traditions ! Ce personnage a fait et donné de sa personne pour sa sauvegarde ! Ils ont eux de la chance de ‘ l’avoir ‘ ça, pour moi, c’est certains ! Je me rappelle enfant la cérémonie d’adieu de ce si grand illustre personnage ! 0ui, je crois qu’il a eu, reçu les hommages qu’il méritait dû à son rang ! Que Dieu sauve la Reine, certes, mais ! Que Dieu ainsi que le pays de Grande Bretagne n’oublie jamais ce grand personnage. Non ! JAMAIS «