Ma-Ti avait la bague du cœur du Captain Planet, Eliza Delajungle avait reçu la bénédiction d’un sorcier chaman, Vixen possédait l’amulette magique de son ancêtre et Mowgli l’a appris dans la jungle. Parler aux animaux offre un rapport profond avec la nature qui change notre perception du monde et inspire un respect réciproque. Ou pas. Ryan a le pouvoir de communiquer avec Wilfred, un chien qui aime mélanger drogue et alcool avachi sur un canapé tout en profitant de son meilleur ami et maître à temps partiel. Une comédie sombre qui porte un jugement un peu moins noble sur le règne animal.
Wilfred est une série d’abord australienne créée en 2007 puis reprise dans une buddy comedy dans une collaboration Américano-australienne de 2011 à 2014 pour un total de 4 saisons et 49 épisodes. Produit par la Fox et diffusé sur sa chaîne FX, le show reprendre l’acteur et créateur de la série originale Jason Gann qui tient le rôle de Wilfred, meilleur ami de Ryan Newman joué par Elijah Wood.
Ryan est un jeun dépressif qui rédige pour la 7ème fois une lettre de suicide. Tout est prêt pour le grand final quand sa nouvelle voisine l’interrompt pour lui confier son chien, Wilfred. Meilleur ami de l’homme il deviendra surtout celui de Ryan qui aura tout le temps de se demander s’il ne devient pas fou. Oui car la particularité de Wilfred est d’être un chien tout ce qu’il y a de plus canin, sauf pour Ryan qui voit en lui un type complètement taré dans un costume de chien miteux et tenu en laisse.
Le ton est donné. La question est posée. Pourquoi est-il le seul à voir ce chien sous une forme humaine ? Est-ce que Ryan n’y est pas allé un peu fort sur les barbituriques ? On ne le sait pas. Ce qu’on sait par contre c’est que les chiens sont pervers, égoïstes, vulgaires, traitres, fans de Matt Damon et qu’ils aiment fumer de la drogue. La relation particulière entre l’homme et l’animal va alors provoquer des situations pour le moins incongrues avec un point de vue mi-mec mi-chien.
Les séries proposant des duos déséquilibrés où le copain borderline issu des classes ouvrières fait rire au dépend de l’autre gentil fils à papa impeccable sont légion. La différence avec Wilfred c’est qu’il n’est pas seulement son meilleur ami, mais aussi un chien fou. Les frontières n’existent plus et la porte du n’importe quoi s’ouvre. Entre morale de vie et conseil de chien on ne peut s’empêcher de rire par le jeu de l’acteur.
En effet, lorsque la production américaine rachète la série elle emporte avec lui un de ses créateurs qui tenait déjà le rôle de Wilfred, Jason Gann. Un rôle qu’il a écrit pour lui et qu’il maîtrise à la perfection. Loin du Didier loyal, joueur et simplet, ce chien est un sale type. Non, non, pas un mauvais chien, Wilfred est un mec odieux, profiteur, dans un costume ridicule et qui s’amuse à tourmenter Ryan. Il ne marche pas à 4 pattes, il ne tire pas la langue, il n’a pas de défaut d’élocution du fait de sa condition et il n’aboie pas. Il est le diable déguisé en Labradoodle australien.
Les dialogues sont écrits à la perfection et le décalage créé par la condition des deux amis est parfait. Wilfred agit comme un prisme de vérité par lequel Ryan observe sa vie. Sauf que ce prisme de vérité n’en est pas vraiment un. Un homme sous substances portant un costume de chien n’est parfois qu’un homme sous substances portant un costume de chien. On aime le regarder chasser les lasers ou faire un tour sur soi avant de s’affaler dans le canapé.
Des guests (Mary Steenburgen, Ethan Suplee, Ed Helms, Jane Kaczmarek, Tobin Bell, Robin Williams et d’autres), un Elijah Wood dépressif en grande forme et un Australien qui a du chien. Le mélange fonctionne brillamment. On se laisse rattraper par cet instinct canin qui semble bien mieux réagir aux problèmes de la vie et on veut cous aussi quitter notre condition d’homme pour enfin laisser surgir l’animal qui est en nous et galoper vers l’aventure.
Wilfred est un adorable salaud dont l’humour parfois limite est validé par sa condition de simple chien et le voir jouer avec un Elijah Wood déjà torturé par la vie est un délice des plus sadiques. Heureusement l’amitié entre l’animal et le maître contrebalance les émotions tout en apportant une bonne dose de de fous rires. Wilfred, une série qui a du chien.
Par Gabriel Pilet, le
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