Une étude a démontré qu’un CV pourvu d’une adresse située dans un quartier favorisé multiplie considérablement les chances de décrocher un entretien tandis qu’une adresse jugée « mauvaise » les réduit.
L’Observatoire des zones urbaines sensibles (Onzus) a menée une étude ce lundi sur 3.000 candidatures fictives toutes similaires (âge, sexe, parcours) et où les patronymes « ne suggèrent pas qu’ils sont issus de l’immigration ». Les résultats sont formels : un profil de serveur non-qualifié ne reçoit seulement 10% de réponses favorables en résidant en Seine-St-Denis, contre 20% pour un profil résidant à Paris. L’étude confirme : « Une bonne adresse peut aller jusqu’à tripler les chances d’être invité à un entretien d’embauche » .
Cette discrimination touche particulièrement les serveurs et les cuisiniers vivant dans des quartiers considérés comme « défavorisés » de Paris. Et elle touche même encore plus les serveurs que les cuisiniers. Ceci s’explique par leur contact direct avec la clientèle : « Un préjugé des employeurs serait que le fait d’habiter dans un quartier défavorisé signale de moindres capacités d’expression et de communication des candidats. »
En avril 2011, Le Défenseur des Droits anciennement la Halde (Haute autorité de lutte contrer les discriminations et pour l’égalité) avait recommandé après une plainte que le critère de l’adresse soit inscrit dans le code du travail afin de punir ces discriminations. Néanmoins, cette discrimination reste difficile à prouver et, selon Soumia Malinbaum, présidente de l’Association française des managers de la diversité, « le critère est beaucoup trop imprécis et extrêmement subjectif. Plutôt qu’un 19e motif qui aboutirait à un mille-feuilles de discriminations illisible par les entreprises, il faut des politiques publiques globales qui les encouragent à prendre conscience de la diversité des candidats » .
Toutefois, l’Onzus ne désarme pas et suggère que la discrimination en fonction du lieu de résidence soit inscrite dans la loi. D’autant plus que certains candidats se voient même obligés de mentir sur leur CV afin de décrocher ne serait-ce qu’un simple entretien d’embauche. Avez-vous déjà menti sur votre CV pour augmenter vos chances d’obtenir un entretien ?
Par Leslie Petrus, le
Source: L'Express