De récentes analyses ont lié la présence de plusieurs séquences virales « fossiles » dans le génome humain à la dépression, la schizophrénie et les troubles bipolaires.
Rétrovirus anciens
Détectés dans l’ADN de nombreuses espèces animales, les rétrovirus sont une vaste famille de virus insérant une copie de leur matériel génétique dans celui de la cellule hôte, au cours d’un processus connu sous le nom de « rétrotransposition ». On estime que ces premières infections ont eu lieu il y a plus de 1,2 million d’années chez les représentants du genre Homo, et se sont poursuivies au cours de notre évolution.
S’il avait été supposé que la plupart de ces « séquences rétrovirales endogènes humaines » (HERV) restaient dormantes, ce qui leur a valu d’être initialement qualifiées de « virus fossiles », des recherches récentes ont suggéré que certains de ces gènes viraux pourraient en fait être actifs et même jouer un rôle dans le développement d’affections neurologiques telles que la sclérose en plaques.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Communications, Timothy Powell, du King’s College de Londres, et ses collègues ont exploré l’influence potentielle de ces séquences sur les troubles mentaux, en examinant notamment les concentrations de protéines virales dans près de 800 échantillons de cerveaux humains prélevés lors d’autopsies.
Ancient viruses in the human genome linked to mental health conditions https://t.co/wJnDkisyEF
— New Scientist (@newscientist) May 23, 2024
Quatre séquences virales liées à des troubles psychiatriques majeurs
Le croisement de ces données avec celles de dizaines de milliers d’autres sujets (atteints ou non de troubles mentaux) a révélé un lien étroit entre plusieurs séquences HERV et la susceptibilité à des troubles psychiatriques majeurs, mais pas à ceux du spectre autistique ou de l’attention.
Selon Timothy Powell, deux des quatre séquences fossiles concernées étaient associées à la schizophrénie, une autre à la fois à cette affection psychotique et au trouble bipolaire, et la dernière à la dépression.
« Une meilleure compréhension de ces virus anciens et des gènes impliqués dans les troubles psychiatriques ouvre la voie à de nouvelles façons de diagnostiquer et de traiter ces maladies », estime Douglas Nixon, chercheur à l’université Cornell et co-auteur de la nouvelle étude.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: adn, virus, trouble mental
Catégories: Actualités, Sciences