Le SIDA est l’une des maladies les plus dangereuses et l’humanité est toujours à la recherche d’un remède efficace. Pourtant, grâce à la génétique, des chercheurs ont trouvé une utilité à ce syndrome. Le VIH est aujourd’hui modifié et utilisé pour se débarrasser d’une autre pathologie mortelle : le cancer. DGS vous en dit plus sur cette méthode ahurissante.
Le SIDA tue environ un 1,5 million de personnes par an dans le monde. C’est pourtant le VIH, le virus à l’origine de cette maladie, qui est aujourd’hui injecté dans le corps de patients pour les guérir d’un cancer. Depuis le séquençage de notre génome en 2001, de nombreuses innovations concernant notre ADN ont vu le jour. Surtout la compréhension de ce qui pouvait causer des maladies a beaucoup évolué. Le cancer est dans absolument tous les cas causé par une anomalie d’ADN, qu’elle soit provoquée par la cigarette ou toute autre raison. Beaucoup d’entre elles peuvent être la conséquence de petites erreurs copiées dans nos cellules. Souvent, les scientifiques utilisent des échantillons provenant de personnes atteintes d’un cancer pour trouver d’où vient la cause mais ces cellules meurent rapidement dans le laboratoire, hors du corps. Pour remédier à ce problème, les chercheurs possèdent un arsenal de « cellules immortelles » qui ne font que se diviser et grandir avec le temps. Elles ont un ADN modifié qui leur permet de vivre dans des conditions artificielles qui miment l’organisme humain.
Il existe ce genre de cellules pour le cancer du sang, du sein, du poumon et bien d’autres. Mais ces maladies en elles-mêmes se déclinent également en d’innombrables anomalies d’ADN et il est très difficile de repérer quelle est celle (ou quelles sont celles) qui est responsable de la création de cellules cancéreuses. Les scientifiques cherchent souvent du côté des changements génétiques qu’ils pensent être contributeurs du fait qu’une cellule saine devienne malade. C’est là que le VIH peut être utilisé. Comme beaucoup de virus, celui-ci fonctionne en insérant son propre code génétique dans l’ADN humain. Si cela fonctionne, cet ADN viral devient invisible du nôtre, signifiant que lorsque la cellule se divisera, elle copiera non seulement son code mais aussi celui du virus, en créant toujours plus.
Aussi abusif que cela puisse paraître, les chercheurs sont aujourd’hui capables de détourner cette capacité virale de transférer l’information génétique de leur choix dans des cellules. Aujourd’hui, dans un laboratoire prévu à cet effet, il est possible en seulement quelques jours de couper, copier et coller de l’ADN anti-cancer dans le VIH, faire prospérer ce virus et infecter des cellules immortelles avec. Cela crée une réserve illimitée de cellules qui possèdent une seule modification génétique comparée aux cellules du SIDA classique. Les scientifiques peuvent voir exactement ce que cet aspect d’ADN anormal fait aux cellules. Ce nouveau rôle trouvé au VIH ne s’arrête pas au laboratoire. L’année dernière, des articles ont circulé sur Internet, clamant que des médecins avaient guéri une fille (mais également condamnée) d’une leucémie en la contaminant avec le SIDA. Ces titres sensationnalistes ont obscurci ce qui s’est vraiment passé.
Des lymphocytes T, un type de globule blanc, ont été retirés du corps de la fillette et infectés avec le VIH modifié. Le virus a sans surprise transféré son ADN aux cellules mais les scientifiques ont également supprimé le code génétique qui leur permet de se dupliquer. En cela, impossible pour le patient de contracter le SIDA. Ce VIH modifié a rendu les globules blancs capables de détecter les lymphocytes T leucémiques dans le corps de l’enfant afin de les tuer. La fille est aujourd’hui totalement guérie depuis près de 3 ans. Le problème majeur dans le traitement du cancer est qu’il en existe plus de 200 types différents. Et dans un seul d’entre eux, des centaines d’anomalies génétiques différentes pourraient être la cause de la maladie. Dans un monde idéal, les personnes cancéreuses devraient recevoir un traitement personnalisé, ce qui est actuellement impossible la plupart du temps.
Ce qui est unique au traitement à base de VIH, c’est qu’il permet d’identifier les différences entre cellules saines et cellules malades dans chaque patient. Il peut être utilisé pour mobiliser le système immunitaire contre une grande variété de ces cellules anormales. Malgré des résultats prometteurs et des résultats très positifs sur plusieurs patients, cette solution est encore à un stade de développement peu avancé. Il reste de nombreux obstacles à franchir avant de pouvoir affirmer que cela est une révolution médicale. De trop nombreux lymphocytes T causent des effets secondaires tels que la déstabilisation des fonctions normales du système immunitaire. Même si elle s’en est sortie, la jeune fille citée plus haut en a fait les frais. La leucémie est également (toutes proportions gardées) un cancer assez simple à cibler, étant donné que beaucoup de cellules se trouvent dans le sang et sont facilement atteintes par les traitements intraveineux. C’est une tout autre histoire pour les tumeurs cancéreuses, bien plus compliquées à dénicher. Bien que très prometteuse et innovante, la thérapie par le VIH a encore des problèmes à régler.
Cette découverte est passionnante ! Nous félicitons les scientifiques qui ont mis au point ce traitement d’avenir. Espérons qu’il soit rendu disponible au plus grand nombre dans les plus brefs délais. Si vous souhaitez en savoir plus, nous vous invitons à lire l’histoire de la petite Emily, soignée de cette manière. Seriez-vous prêt à vous faire injecter une version altérée du virus du SIDA si elle pouvait vous guérir d’une pathologie encore plus grave ?
Par Tristan Blanchard, le
Source: IFL Science