Si le combat contre les violences conjugales et faites aux enfants semble être quasiment gagné pour la plupart des pays occidentaux, certains pays semblent être à des années lumière du monde dans lequel nous vivons. À l’image de la Russie, dont le parlement vient d’adopter un texte de loi en première lecture, visant à dépénaliser les violences domestiques pour « préserver la tradition de l’autorité parentale ».
Si une telle loi a été votée en Russie, nous aurions au moins tendance à penser qu’elle puisse diviser au sein du Parlement russe, tant il est inconcevable pour nous de voter une telle loi en Europe. Et pourtant, les arguments ont visiblement été convaincants, étant donné que quelques 368 parlementaires sur 370 se sont dit favorables à ce texte de loi, comme en témoignent les propos étranges de Yelena Mizulina, députée ultra-conservatrice et présidente du comité sur la famille et les affaires féminines : « Vous ne voulez pas que les gens soient emprisonnés pendant deux ans et étiquetés comme des criminels pour le reste de leur vie pour une gifle ».
La loi a pour but de supprimer du Code pénal les charges portant sur les violences domestiques, mais également conjugales. En effet, les plaintes déposées pour ce type de violences ne seront pas reçues et la victime ne sera pas défendue. Elle met donc l’homme en position de force, leur donnant un pouvoir quasiment sans limites, puisqu’ils n’encourront qu’une simple amende et d’éventuelles poursuites si les coups se répètent plusieurs fois dans l’année. « Dans la culture de la famille traditionnelle, les relations parents-enfants russes sont construites sur l’autorité de la puissance des parents », expliquait Yelena Mizulina devant la Douma le 11 janvier 2017.
Il faut dire que la députée n’en est pas à son coup d’essai. En juillet 2016, quand Vladimir Poutine dépénalisait les violences conjugales lorsque aucune lésion corporelle n’est constatée, elle insistait sur le fait que l’encadrement des violences dans les familles remet en cause « l’autorité parentale et le droit qu’ont les parents à battre leurs enfants ». Elle est également connue pour ses mesures « anti-propagande » visant les personnes homosexuelles, ou encore son opposition farouche à l’avortement, permettant l’IVG qu’en cas de viol ou de problèmes médicaux. Enfin, elle est à l’origine d’une loi récente interdisant l’adoption d’enfants russes par des étrangers.
Un texte de loi d’autant plus préoccupant quand on constate les statistiques. En Russie, 40 % des crimes violents sont commis dans le cercle familial, 36 000 femmes sont battues chaque jour et 26 000 enfants sont victimes d’agression par leurs parents chaque année. Toutefois, ce texte de loi devra attendre d’être transmis à la Chambre haute dans quelques jours, qui choisira de l’approuver ou de le rejeter, pour être effectif.
Par Tom Savigny, le
Source: Citizen Post
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