Une représentation en 3D du virus de VIH via Shutterstock
Le virus du VIH est l’une des maladies les plus dévastatrices de ces dernières décennies. Et si les chercheurs ont déjà élaboré des traitements pour enrayer la propagation du virus, l’exploitation d’une technique déjà existante pourrait permettre d’aller plus loin encore, guérissant totalement les patients atteints. SooCurious vous présente cette avancée majeure.
Ces dernières années, la science a fait d’incroyables progrès dans l’édition du génome, notamment avec le développement de la technique CRISPR/Cas9. Car avant cette méthode, jamais les scientifiques n’avaient été en mesure d’identifier si facilement et si précisément, puis de modifier ou de supprimer des sections spécifiques d’ADN.
De l’ADN coupé via Shutterstock
La technique CRISPR/Cas 9 a permis aux scientifiques de cibler des mutations particulières, donnant ainsi l’espoir de pouvoir guérir certaines maladies immunitaires. Dès lors, des chercheurs ont utilisé cette technique pour cibler le VIH et ont réussi à éliminer le génome du virus à partir de cellules infectées.
Lorsque le VIH infecte une personne, son ARN (acide ribonucléique), molécule très proche de l’ADN, est transcrit en ADN de VIH-1, qui est ensuite intégré dans une cellule spécifique du système immunitaire connue sous le nom de lymphocytes T CD4+. Cela signifie que les cellules infectées reproduisent ensuite le génome du VIH, copiant le virus qui peut alors infecter davantage de lymphocytes T CD4+. Cela a alors pour effet d’affaiblir le système immunitaire et donne finalement naissance au syndrome d’immunodéficience acquise, ou SIDA, causant chez les malades une baisse d’efficacité du système immunitaire qui peut les faire succomber à des maladies qu’ils auraient normalement pu combattre, comme une pneumonie.
Du sang infecté par le VIH via Shutterstock
Les médicaments antirétroviraux actuels visent en premier lieu à stopper le virus dans son infection des cellules. Mais une fois que le VIH a placé son ADN dans les lymphocytes, il y a peu de moyens d’agir et les cellules infectées deviennent un réservoir du virus. Ainsi, Kamel Khalili, chercheur principal de l’étude publiée dans Scientific Reports, explique que « les médicaments antirétroviraux sont très efficaces pour contrôler l’infection du VIH » mais que « les patients sous ce type de traitement qui arrêtent de prendre les médicaments subissent un rebond rapide de la réplication du VIH ».
L’équipe du Temple University Health System a donc tenté d’utiliser l’incroyable précision de la technique CRISPR pour localiser et supprimer les sections de l’ADN dérivées du VIH des lymphocytes T infectés. Et leur étude a montré qu’ils étaient effectivement capables d’éradiquer la totalité du génome du VIH, sans autres effets secondaires sur les cellules hôtes, qui ont continué à croître et à se diviser normalement. Enfin, cerise sur le gâteau, les cellules T desquelles on avait éradiqué le VIH se sont retrouvées immunisées contre une nouvelle infection ultérieure du virus.
Kamel Khalili
« Les résultats sont importants à plusieurs niveaux », explique le Dr Khalili. « Ils démontrent l’efficacité de notre système d’édition de gène dans l’élimination du VIH dans l’ADN des lymphocytes T CD4 et, en introduisant des mutations dans le génome viral, l’inactivation permanente de sa réplication. En outre, ces résultats montrent que le système peut protéger les cellules contre les réinfections et que cette technique est sans danger pour les cellules, sans effets toxiques », ajoute-t-il.
Pour leur étude, les chercheurs ont mené des expériences en utilisant les lymphocytes T CD4 prélevés sur des patients infectés par le VIH, puis cultivés en laboratoire, donnant l’espoir que la technique pourra considérablement être améliorée. Ainsi, à l’avenir, il y a de fortes chances que la médecine ne se contente pas de pouvoir stopper l’infection des cellules, mais qu’elle puisse les guérir.
De l’ADN via Shutterstock
La technique CRISPR est déjà impressionnante en elle-même, mais le devient encore davantage lorsqu’elle permet de s’attaquer à l’incroyable fléau qu’est le VIH. Elle donne ainsi l’espoir qu’aucune maladie n’est réellement impossible à éradiquer. Si les avancées médicales vous intéressent, découvrez également cette technique d’impression 3D qui permet de créer des organes fonctionnels.
Par Maxime Magnier, le
Source: Iflscience
Étiquettes: sida, eradication, science, médecine, vih
Catégories: Technologie, Actualités