La mondialisation a changé beaucoup de choses, entre le fonctionnement des échanges commerciaux, les voyages et les influences culturelles étrangères. Il existe hélas des aspects négatifs à tous ces échanges : l’arrivée d’espèces invasives qui ne sont pas faites pour vivre dans notre pays et qui détruisent l’écosystème. L’exemple type qui illustre ce phénomène : les plathelminthes terrestres invasifs.
Nos vers de terre sont en danger
C’est un fléau et il est en train de s’attaquer à une espèce indispensable à la bonne santé de nos sols : le lombric ou ver de terre. Les vers de terre vivent dans nos sols et leur présence est en général bénéfique, si l’on veut une terre riche et de qualité. Cet invertébré participe au renouvellement du sol représente 80 % de la faune dans nos sols. Hélas, il est aujourd’hui menacé par une espèce invasive venue de Chine et aussi de l’hémisphère sud (Australie, Nouvelle-Zélande) : le plathelminthe terrestre.
Les plathelminthes sont des vers plats vivant au ras du sol et qui se nourrissent d’animaux variés de la faune du sol et aussi de cadavres (nécrophages). Depuis 2013, plusieurs espèces invasives importées ont été recensées en France. Si elles sont discrètes et passent relativement inaperçues, elles se distinguent par leur grande taille et leur prolifération souvent impressionnante. Les plathelminthes représentent un réel danger pour nos sols : d’une part, ils se nourrissent de vers de terre et d’autre part, ils se multiplient à une vitesse ahurissante. En perturbant la biodiversité des animaux du sol, ils les mettent en péril (notamment en tuant les lombrics). Certains ont même un impact sur la production agricole à cause de leur tendance à envahir les fruits et légumes (à la recherche de proies).
Les plathelminthes terrestres : un prédateur venu de l’hémisphère sud
Il est fort probable que les plathelminthes terrestres soient arrivés sur nos sols avant 2013 mais du fait de leur discrétion, personne ne les avait encore remarqué. Les spécialistes pensent qu’ils sont arrivés ici en se cachant dans des pots de fleurs, importés de l’étranger. Bien que discrets, ils sont néanmoins facilement reconnaissables : ils sont plats, leur corps est totalement lisse (sans anneaux ni pattes ni antennes), mou (sans aucune partie dure) et gluant. Ils se déplacent en laissant derrière eux une traînée de mucus, comme les escargots et les limaces. Ils sont originaires de l’hémisphère sud (Australie, Nouvelle-Zélande, Amérique du sud) et d’Asie du sud-est. On peut d’ailleurs recenser plusieurs espèces de plathelminthes terrestres, avec une taille et une couleur différentes.
Il existe tout d’abord le plathelminthe invasif de Nouvelle-Guinée, considéré comme l’une des 100 espèces invasives les plus néfastes au monde (il se nourrit d’escargots et de lombrics). C’est un ver très plat au corps allongé (environ 5 cm de long et 5 mm de large), son dos est marron, sa tête est fine et il a une bande fine et claire au milieu du dos. L’importation de plantes exotiques représente un risque majeur (il se cache dedans) et la présence de ce ver doit être signalée à l’aide d’un formulaire disponible sur internet. On recense également le plathelminthe marron plat (autre espèce invasive qui se reproduit très vite). Il vient d’Amérique du sud d’après les spécialistes (il pullule en Amazonie) et mesure 4 à 7 cm de long. C’est un ver allongé, lisse, large avec une tête large finissant en pointe et son dos est marron à noir avec des stries noires. Il existe enfin le ver géant à tête plate. Ce prédateur vient d’Asie du sud et c’est un envahisseur redoutable. Il est reconnaissable à sa tête plate en forme de marteau et à son corps très long (jusqu’à 20 ou parfois 40 cm).
Un impact considérable sur la population de lombrics
En plus d’être voraces (on considère que la population de vers de terre a baissé de 50 % depuis quelques décennies), les plathelminthes se multiplient à vitesse grand V. Pour ce qui est du ver géant d’Asie, il se reproduit de façon non sexuée : un ver donne naissance à d’autres vers sans rencontrer un congénère pour se reproduire. Il suffit d’un seul individu pour envahir tout un territoire. Le ver géant se reproduit chaque semaine en perdant un morceau de son corps d’environ 2 cm. Ce morceau va ensuite constituer un adulte complet. Il est probable que les autres plathelminthes soient capables de la même chose, ce qui est très inquiétant. De fait, ils finissent par avoir le dessus sur les autres espèces comme les lombrics et détruisent peu à peu l’écosystème de nos sols.
Par ailleurs, pour ce qui est du plus grand d’entre eux, il sécrète un puissant poison, la tétrodotoxine (une neurotoxine paralysante semblable à celle du fugu japonais). Ce poison est sécrété par la tête du ver géant et permet de tuer les proies aisément. Cette neurotoxine sert également de rempart face aux prédateurs potentiels, qui s’abstiennent de s’attaquer à lui. Ainsi, ce ver à tête plate géant d’Asie du sud-est est doublement dangereux : en plus de décimer les populations de vers de terre, il peut répandre son puissant poison dans le sol et le laisser au contact de végétaux, propres à la consommation. Cela peut entraîner la mort d’espèces animales utiles (musaraignes, hérissons, lézards).
En réalité, si ces plathelminthes terrestres invasifs ne sont pas spectaculaires, ils sont dangereux et difficiles à freiner. Il est important de reporter leur présence aux autorités compétentes. Il en va assurément de la survie des lombrics et de la bonne santé de nos sols, si utiles dans notre société.
Par Thomas Le Moing, le
Source: Loopsider
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Catégories: Actualités, Écologie
Que faire C est la mort du sol vivant qui est en route merci l humain !