De récentes recherches ont confirmé que les vers pénis avaient inventé le mode de vie ermite il y a quelque 500 millions d’années, une période de l’histoire terrestre marquée par l’apparition des premiers écosystèmes animaux du Cambrien.
Des analyses surprenantes
Si les bernard-l’hermite sont bien connus pour utiliser des coquilles de gastéropodes afin de se protéger des prédateurs, les vers pénis (Priapulida) employaient déjà une telle stratégie des centaines de millions d’années avant leur apparition, selon une nouvelle étude parue dans la revue Current Biology. Dans le cadre de celle-ci, des chercheurs des universités de Durham et du Yunnan ont étudié des collections de gisements fossiles de Guanshan, connus pour préserver les tissus mous (le corps des vers) en plus des matériaux superficiels habituellement observés.
Quatre spécimens du ver pénis Eximipriapulus ont été trouvés à l’intérieur de coquilles coniques de hyolithes, un groupe de fossiles disparus depuis longtemps. Les chercheurs ont établi que les prédateurs cambriens étaient particulièrement nombreux et agressifs, ce qui a contraint les vers pénis à s’abriter en permanence dans des coquilles vides.
« La seule explication ayant un sens était que ces coquilles étaient leurs maisons, ce qui a constitué une véritable surprise », explique Martin Smith, co-auteur de l’étude. « Peu de temps avant l’apparition de ces organismes, il n’y avait rien de vivant de plus complexe que des algues ou des méduses : il est donc stupéfiant que nous commencions à voir les écologies complexes et dangereuses habituellement associées à des périodes géologiques beaucoup plus récentes si peu de temps après l’arrivée des premiers animaux complexes. »
La première preuve directe d’un tel mode de vie au cours du Paléozoïque
L’étude indique le rôle clé des prédateurs dans le façonnement de l’écologie et du comportement aux tout premiers stades de l’évolution animale. Selon ses auteurs, le mode de vie « en ermite » n’avait jamais été documenté ou observé chez les vers pénis vivants ou fossiles, ni observé directement chez un organisme avant la révolution marine mésozoïque, à l’époque des dinosaures.
« Il s’agit de la première preuve directe d’une stratégie de vie ‘d’ermitage’, c’est-à-dire l’adoption de l’exosquelette d’un organisme différent, chez les priapulides et au cours de l’ère paléozoïque », souligne Smith.
Le fait qu’un tel mode de vie ait évolué indépendamment dans le sillage immédiat de « l’explosion cambrienne », qui a marqué l’essor rapide des schémas corporels que l’on retrouve chez les animaux modernes, souligne la rapidité et la flexibilité remarquables du processus d’évolution.
Par Yann Contegat, le
Source: Eurekalert
Étiquettes: pénis, bernard-lhermite, ver, cambrien, priapulida
Catégories: Actualités, Animaux & Végétaux