Des chercheurs ont annoncé la découverte d’un variant plus agressif du virus de l’immunodéficience humaine en Europe, pouvant cependant être détecté avec les tests actuels et traité efficacement.
Le variant VB
Le nombre de nouvelles infections par le VIH, toutes souches connues confondues, a diminué dans le monde au cours de la dernière décennie grâce à l’utilisation généralisée de médicaments qui inhibent la réplication du virus. Appelé VB, le nouveau variant est tout aussi traitable que le VIH ordinaire et peut être détecté à l’aide des mêmes tests de dépistage que ceux utilisés pour les autres souches du VIH.
On ne dénombre actuellement que 109 cas avérés d’infection par le VB, mais les auteurs de la nouvelle étude, parue dans la revue Science, précisent qu’il pourrait y avoir davantage de personnes touchées qui l’ignorent.
Les personnes séropositives, qu’il s’agisse du variant VB ou non, prenant des traitements ont aujourd’hui une espérance de vie quasi normale, avec une charge virale indétectable dans le sang et les fluides corporels empêchant la transmission du VIH, y compris lors de rapports sexuels sans préservatif. Les personnes non séropositives peuvent également prendre les mêmes composés pour éviter de contracter le virus.
Le nouveau variant a été découvert dans le cadre d’un projet Beehive, visant à comprendre les liens entre la génétique du VIH et la gravité de la maladie et s’appuyant sur des séquences de VIH provenant d’Ouganda et de huit pays d’Europe. VB a été initialement détecté chez 16 personnes aux Pays-Bas, une en Suisse et une en Belgique. Des recherches plus approfondies ont permis d’en identifier davantage, résidant toutes aux Pays-Bas.
Une progression rapide
L’analyse génétique suggère que le variant est apparu dans ce pays dans les années 1990. Le nombre de nouveaux cas de VB a augmenté rapidement à partir de l’an 2000, puis a commencé à diminuer à partir de 2008. La plupart des personnes infectées n’ont pas suivi de traitement immédiat, car celui-ci n’était pas recommandé à l’époque.
Lorsqu’il n’est pas traité, le VIH infecte progressivement de plus en plus de cellules immunitaires, et un type particulier, appelées CD4, diminue avec le temps, jusqu’à ce que les personnes ne puissent plus du tout combattre les infections et développent le sida. Les cas d’infection par le VB ont progressé plus rapidement vers un stade avancé du VIH, impliquant un taux de CD4 inférieur à 350 cellules par millilitre de sang, ce qui montre que cette souche est plus virulente.
En suivant l’évolution du virus, l’équipe a constaté qu’il ne fallait en moyenne que neuf mois aux trentenaires nouvellement diagnostiqués pour atteindre ce stade, contre trois ans pour d’autres variants.
« Le VB passe d’une personne à l’autre sans beaucoup évoluer »
« Bien que nos analyses n’aient pas permis de mettre en évidence les raisons de cette infectiosité plus élevée, le VB passe d’une personne à l’autre sans beaucoup évoluer, ce qui indique que le processus se déroule plus rapidement que d’habitude », explique Chris Wymant de l’université d’Oxford.
Selon les chercheurs, de tels résultats soulignent l’importance pour les personnes à risque d’effectuer des tests de dépistage fréquents et de démarrer les traitements le plus rapidement possible lorsque le virus est diagnostiqué.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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