The Black Company est aujourd’hui considéré comme l’une des oeuvres de fantasy les plus importantes de ces dernières décennies. Des points de vue nuancés dans une histoire épique où les empires s’effondrent et où le quotidien des soldats est décrit avec précision et brutalité. Venez découvrir ce qui fait de cette série une oeuvre à part dans le monde de la fantasy.
À l’origine des livres, il y a Glen Cook. Né le 9 juillet 1944 à New York, il se passionne pour la lecture et l’écriture à l’école. Glen écrit dès le lycée, mais une fois son premier cycle scolaire terminé, il rejoint la Navy américaine pour quelque temps. Sa carrière militaire lui permet d’entamer un cursus universitaire qui lui laisse encore moins de temps pour écrire quoi que ce soit. Au final, il finira par travailler chez General Motors sur une chaîne d’assemblage, un travail difficile à apprendre, mais qui, selon l’écrivain, ne demande aucun effort mental une fois maitrisé. Durant ses heures de travail, il concocte le monde qui va devenir le décor pour The Black Company.
Le premier volume de sa série qui sera regroupé sous le nom de Chronicles of the Black Company (Chroniques de la Compagnie noire) est publié en 1984. La Compagnie noire est une troupe de mercenaires d’élite, et ses Chroniques sont inscrites par des Annalistes, membres de la compagnie chargés de noter tous les événements, conflits et morts qu’ils traversent. À chaque livre, c’est donc un nouveau conflit ou une nouvelle tranche d’histoire que nous observons à travers le regard particulier de l’Annaliste. Le récit du premier livre est narré par le personnage de Croaker, dit le Toubib. Toubib, parce que c’est le médecin de la compagnie, tout simplement.
Les chapitres sont assez longs et offrent une vision d’épisodes différents du conflit en cours à chaque fois. Le conflit en question, c’est une guerre opposant l’Empire de celle qu’on appelle la Dame à la Rébellion menée par des leaders qui sont presque aussi cruels que l’Empire. C’est donc une guerre semi-civile entre des méchants et des encore plus méchants si on veut simplifier. Même si ça serait dommage, car tout l’intérêt de l’écriture de Glen Cook est justement d’éviter les sillons du manichéisme et de bousculer les codes établis et réutilisés pendant bien trop longtemps dans le monde de la fantasy. À cela s’ajoutent une atmosphère sombre, une écriture abrupte, beaucoup de sang et de brutalité. Pour ces raisons, on catégorise parfois la série de dark fantasy.
Aucun héroïsme du chevalier blanc au lever du soleil pour Glen Cook. Le cycle parle de soldats et de la guerre quasiment tout le temps, mais ne la glorifie jamais. Pour reprendre les mots de l’auteur, « ce sont simplement des soldats qui font leur boulot ». C’est l’une des raisons pour lesquelles la série est devenue populaire dans les cercles de vétéran. Ce ne sont pas des soldats comme ils sont imaginés par Hollywood et le grand public, mais des soldats auxquels les vrais peuvent s’identifier. Le fait que l’histoire soit contée par un Annaliste rend le récit encore plus crédible, comme si on dépoussiérait un vieux livre d’histoire ou une chronique oubliée d’un temps ancestral.
L’Annaliste lui-même écrit avec ses défauts, dans un style qui lui est propre, mais qui peut paraître trop direct ou manquant de descriptions. Toutes les informations qui manquent parce que le livre est écrit par quelqu’un dans l’action même participent en fait à rendre sa chronique plus palpable, plus réaliste. On s’attache donc assez rapidement à la Compagnie et à ses membres, même avec leurs personnalités antipathiques. Mais la Compagnie, même dans ses moments les plus sombres, ne reste jamais les seuls méchants bien longtemps. Si la chronique relate des scènes de torture, vous pouvez être sûr qu’on apprendra quelques pages après que le camp adverse fait de même.
Car tous les chapitres ne sont pas rédigés par l’Annaliste. On trouve aussi des chapitres se concentrant sur l’action du moment, voire des chapitres nous faisant passer du côté des adversaires. De son côté, le rôle principal de l’Annaliste est avant tout de noter le nom des frères d’armes tombés au combat. C’est une tradition presque sacrée au sein des hommes que de répertorier ceux qui meurent sur le champ de bataille afin de pouvoir leur rendre hommage dans des cérémonies propres à la Compagnie. Dans cette série, il vaut mieux ne pas s’attacher trop vite aux personnages, car n’importe qui peut mourir à n’importe quel moment. La vie des héros n’a pas plus de valeur que celle d’un autre soldat au milieu de la foule.
Les trois premiers romans : La Compagnie noire, Le Château noir et La Rose blanche forment le groupe des Livres du Nord et sont tous contés à travers le personnage de Croaker. L’intrigue débute avec le rattachement de la compagnie à l’Empire et se termine dans une bataille gigantesque qui altère son destin à jamais. Suite à cela, on a La Pointe d’argent, qui fait la jonction jusqu’à la deuxième partie et éclaircit quelques mystères de la première. La deuxième partie justement, c’est les Livres du Sud où l’effectif de la Compagnie est sévèrement réduit puis les Livres de la pierre scintillante regroupant les quatre derniers volumes. En tout, cela fait 10 livres sur les 12 prévus par l’auteur.
Si vous aimez l’histoire de la guerre ou tout simplement la bonne littérature, n’hésitez surtout pas à vous essayer à la lecture du Cycle de la Compagnie noire. L’oeuvre de Glen Cook est maintenant incontournable dans le monde de la fantasy et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Un univers incroyablement brutal et réaliste qui nous fait parfois oublier que nous lisons un roman et pas la chronique d’une page oubliée de notre Histoire. Êtes-vous attiré pas les histoires de dark fantasy ?
Par Florent, le