
Une équipe d’archéologues a dévoilé une cité copte entièrement conservée à Ain al-Kharab, dans l’oasis de Kharga, révélant un chapitre oublié de l’émergence du christianisme en Égypte.
Une ville chrétienne antique exhumée au cœur du désert occidental égyptien
Dans le désert occidental égyptien, les fouilles à Ain al-Kharab ont mis au jour une cité chrétienne datant des premiers siècles de notre ère. Située dans l’oasis de Kharga, cette découverte confirme que des communautés chrétiennes structurées vivaient en dehors des grandes villes du Nil. Le site, fouillé par le Conseil suprême des Antiquités (SCA), comprend églises, habitations, ateliers et tombes.
Par ailleurs, selon Mohamed Ismail Khaled, secrétaire général du SCA, ces résultats réaffirment l’importance religieuse de la région aux débuts du christianisme égyptien. D’abord établi à l’époque ptolémaïque, le site a été réinvesti par des chrétiens entre les IIIe et VIe siècles.
En effet, sa position stratégique, au croisement de routes commerciales et militaires, a favorisé cette implantation durable.
D’un site païen à un centre spirituel chrétien actif et adapté au désert

Avant sa conversion, Ain al-Kharab était un site païen actif. Les chercheurs ont identifié des édifices religieux païens reconvertis pour un usage chrétien. De plus, cette transformation reflète une transition pacifique : les chrétiens ont adapté les bâtiments existants plutôt que d’en construire de nouveaux.
Par conséquent, cette stratégie, observée ailleurs en Égypte, montre l’ancrage progressif du christianisme dans les habitudes locales. Le ministre du Tourisme, Sherif Fathy, y voit une preuve de l’adaptabilité culturelle de l’Égypte. Langue copte, architecture sobre et fresques révèlent une foi intégrée au quotidien rural.
Une communauté chrétienne organisée entre spiritualité, agriculture et art religieux
Ain al-Kharab ne se limitait pas à un lieu de culte : la cité comportait deux églises (dont une de type basilical), des maisons, des ateliers et des structures agricoles. D’ailleurs, les inscriptions coptes sur les murs évoquent des prières anciennes, certaines encore lisibles après 1 500 ans.
En outre, des fresques rares, comme celle du Christ soignant un malade, mêlent iconographie égyptienne et chrétienne. Cette hybridation artistique souligne le dialogue entre culture locale et foi nouvelle. De surcroît, les habitants vivaient de manière autonome, entre production de pain, stockage de céréales et pratiques religieuses.
Une mémoire retrouvée pour les Coptes d’aujourd’hui et un site d’avenir pour la science et le tourisme
La découverte d’Ain al-Kharab est un symbole fort pour les Coptes, descendants directs de ces chrétiens du désert. Elle offre un contre-récit aux versions centrées sur les grandes cités. La langue copte y est omniprésente, prolongeant l’égyptien ancien dans l’expression de la foi.
Ainsi, le site pourrait bientôt être intégré à des itinéraires culturels. Pour les chercheurs, il ouvre de nouvelles pistes de recherche sur les formes périphériques du christianisme et sur l’interaction entre spiritualité et environnement extrême. Cette cité oubliée de l’Histoire retrouve aujourd’hui une voix et un rôle dans la mémoire nationale et religieuse égyptienne.