Découvert au Maroc, Spicomellus afer est un dinosaure cuirassé qui bouleverse les connaissances sur l’évolution des ankylosaures. Avec ses pointes soudées à l’os, il intrigue autant qu’il fascine. Une plongée dans le Jurassique moyen, entre défense, séduction et enjeux paléontologiques.

Une armure soudée aux os : un cas unique dans le règne animal
Imaginez un dinosaure herbivore, pas plus grand qu’une voiture, bardé de pointes aussi longues qu’un bras humain. Le genre de bestiole qu’on croirait tout droit sortie d’un cauchemar… ou d’un film de science-fiction.
Et pourtant, ce monstre très réel vient d’être redécouvert au Maroc : Spicomellus afer, un nom qui claque comme une formule magique, mais qui désigne un étrange ankylosaure ayant vécu il y a 165 millions d’années.
Ce dinosaure présente une caractéristique jamais observée chez un vertébré : des pointes ossifiées directement soudées à son squelette, notamment sur les côtes et le cou.
Pas des écailles, pas des plaques articulées, mais des sortes de piques fixées comme une armure naturelle d’avant-garde. Un peu comme si la nature, pour une fois, avait testé le design sans penser à la maniabilité.
C’est la découverte de nouveaux fossiles, bien plus complets que celui de 2019 (un os unique), qui a permis de reconstituer ce look improbable. Et selon les chercheurs de l’université de Birmingham, cette bizarrerie remet carrément en cause nos modèles sur l’évolution des dinosaures cuirassés.
Un dinosaure qui servait autant à se battre qu’à séduire

Ce qui rend Spicomellus encore plus fascinant, c’est la fonction supposée de ses pointes. Bien sûr, on pense d’abord à la défense. Des piques d’un mètre, ça calme. Mais comme souvent dans le monde animal, ce genre d’appendice peut aussi avoir un rôle plus social : séduire, impressionner, intimider.
Un peu comme les bois d’un cerf ou les plumes d’un paon. Une arme autant qu’un accessoire de parade. D’ailleurs, les paléontologues suspectent que ces ornements, en plus de leur fonction protectrice, ont évolué pour servir des objectifs plus… relationnels.
Ce n’est pas tout. Ce dinosaure aurait cohabité avec les stégosaures, autre famille emblématique des cuirassés, pendant plusieurs millions d’années.
Cela suggère que les deux lignées n’étaient pas en compétition directe, mais qu’elles ont suivi des stratégies évolutives parallèles. Et ça, c’est un sacré tournant dans notre compréhension de l’évolution préhistorique.
Le Maroc, terre d’exception pour les chasseurs de fossiles
Ce fossile ne révèle pas seulement les secrets d’un animal singulier. Il met en lumière l’importance capitale des sites fossilifères marocains, en particulier dans le Moyen Atlas. Cette région, souvent sous-exploitée scientifiquement, regorge de trésors enfouis.
Malheureusement, certains restes de Spicomellus ont déjà fait l’objet de trafic illégal. Une hémorragie scientifique qui prive les chercheurs de matériaux clés pour reconstituer le passé.
Il devient donc crucial de protéger ces gisements, de former des paléontologues locaux et de valoriser ces découvertes auprès du grand public.
Je ne sais pas vous, mais moi, ce genre de trouvaille me file des frissons. Spicomellus, ce n’est pas juste un fossile avec des piques. C’est une page de l’histoire naturelle qui s’écrit à coups de chisel et de patience, et qui nous rappelle que l’évolution a parfois de sacrées idées tordues… mais brillantes.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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