Sous les eaux paisibles de la baie d’Aarhus, au Danemark, une équipe d’archéologues a mis au jour un site préhistorique d’une conservation exceptionnelle.

Niché à huit mètres de profondeur, ce vestige du Mésolithique constitue une véritable capsule temporelle, figée depuis plus de 8 500 ans. Grâce à des conditions sous-marines idéales, ces traces anciennes nous offrent une plongée inédite dans la vie des chasseurs-cueilleurs de l’époque.
Des villages côtiers engloutis par la montée des eaux après la dernière ère glaciaire
À l’époque où ce littoral était encore émergé, il abritait des communautés nomades vivant au rythme des saisons, de la chasse, de la cueillette et de la pêche.

Mais après la dernière période glaciaire, la fonte des calottes polaires a entraîné une élévation rapide du niveau marin. Cette montée progressive, de deux mètres par siècle, a lentement submergé les villages. Elle a aussi poussé leurs habitants à migrer vers l’intérieur des terres.
Aujourd’hui, les plongeurs explorent ces rivages anciens à huit mètres sous la surface. Ce recul des côtes, dramatique à l’époque, a eu une conséquence inattendue : la préservation exceptionnelle de nombreux éléments organiques dans les sédiments marins.
Des objets en bois, en os et en pierre figés sous les sédiments depuis 8 500 ans
L’absence d’oxygène a permis de conserver dans un état remarquable les matériaux les plus fragiles : bois, végétaux, ossements. Selon Moe Astrup, membre de l’équipe de recherche, « c’est comme si le temps s’était arrêté ». Chaque fouille révèle un quotidien oublié, intact sous la vase.
Les archéologues y découvrent des outils en silex, des pointes de flèche, des troncs d’arbres taillés, des os d’animaux et même des noisettes !
Ces objets révèlent les savoir-faire techniques, mais aussi l’organisation sociale et les pratiques alimentaires de ces peuples du Mésolithique. Par exemple, une dent de phoque retrouvée près d’un foyer suggère une alimentation variée. Elle incluait la faune marine locale.
Une mission de fouilles sous-marines aussi technique que prometteuse

Fouiller un site submergé demande des techniques spécifiques. Les archéologues troquent leurs truelles contre des palmes et des bouteilles d’oxygène.
Leur persévérance est toutefois récompensée par des découvertes uniques au monde. Chaque objet exhumé enrichit notre compréhension des sociétés humaines préhistoriques.
De plus, cette mission ouvre la voie à d’autres explorations sous-marines. Ce type de site reste peu étudié dans les recherches actuelles. L’équipe espère que ces fouilles pionnières encourageront à mieux documenter le patrimoine englouti. L’Europe du Nord, notamment, recèle de nombreuses traces du Mésolithique encore endormies sous les flots.
La Préhistoire sous-marine : un nouveau chapitre de notre histoire commune
La découverte dans la baie d’Aarhus n’est pas seulement une prouesse scientifique. C’est aussi un lien tangible avec notre passé lointain.
Elle nous rappelle que la montée des eaux, loin d’être un phénomène uniquement contemporain, a déjà bouleversé des civilisations entières.
En redonnant vie à ces villages engloutis, les chercheurs offrent un nouveau regard sur notre relation à l’environnement. Ils nous éclairent aussi sur l’usage des ressources naturelles.
Enfin, ils rappellent notre capacité à nous adapter face aux changements climatiques. Surtout, ils ouvrent un chapitre inédit de l’archéologie : celui de la mémoire immergée.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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