Deux trous noirs viennent de donner raison à Stephen Hawking. Le 14 janvier dernier, les détecteurs LIGO ont capté les dernières vibrations gravitationnelles d’une collision cataclysmique dans les profondeurs du cosmos. Cette fusion, publiée dans Physical Review Letters, confirme l’une des lois fondamentales des trous noirs formulée par le physicien britannique en 1971. Cette fois, les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Quand deux géants cosmiques fusionnent et redessinent les lois de la gravité
Imaginez deux monstres invisibles, chacun plusieurs fois plus massif que notre Soleil. Ils foncent l’un vers l’autre à une vitesse vertigineuse. Lorsqu’ils se heurtent, l’espace-temps se met à vibrer, comme une toile tendue secouée par une rafale. C’est exactement ce qu’ont observé les chercheurs de LIGO lors de l’événement GW250114.
Mais, et c’est là la surprise, le trou noir né de cette fusion est plus grand que la somme de ses deux « parents ». Autrement dit, la surface totale de l’horizon des événements, cette frontière au-delà de laquelle rien ne s’échappe, a augmenté. Ce détail, en apparence anodin, confirme la « deuxième loi de la mécanique des trous noirs » de Stephen Hawking. Selon elle, la surface d’un trou noir ne peut jamais diminuer, un principe aussi élégant que redoutable.
La loi de Hawking : une idée visionnaire qui relie l’entropie, le temps et la matière
En 1971, Hawking avançait une idée révolutionnaire : l’horizon d’un trou noir fonctionne comme l’entropie en thermodynamique, il ne peut qu’augmenter. Plus un trou noir avale de matière, plus sa surface s’étend. Cette idée, audacieuse pour l’époque, reliait pour la première fois gravitation, thermodynamique et mécanique quantique.
Aujourd’hui, plus de cinquante ans après, la collision détectée par LIGO confirme enfin cette théorie. Comme le souligne Maximiliano Isi, chercheur à l’université Columbia : « Même si ce principe semble simple, il révèle des vérités profondes sur la structure quantique de l’espace-temps. »
Ainsi, Hawking avait vu juste. Les trous noirs ne sont pas de simples gouffres passifs, mais des systèmes dynamiques, presque « vivants ». Ils obéissent à des lois aussi fascinantes qu’implacables. En somme, ils respirent au rythme de l’Univers.
Le chant gravitationnel des trous noirs : la musique silencieuse du cosmos enfin déchiffrée
Ce que les chercheurs ont écouté, ce sont les ondes gravitationnelles émises lors de la fusion, une véritable symphonie cosmique. Comme une cloche qui résonne, le trou noir nouvellement formé a produit une série de vibrations caractéristiques appelées « ringdown ». En étudiant ces signaux, les scientifiques ont pu mesurer la surface du trou noir final et confirmer qu’elle dépasse bien celle des deux trous noirs d’origine.
Cette « signature sonore de l’Univers » a permis de résoudre le mystère. En prime, la découverte valide aussi la métrique de Kerr, une description mathématique des trous noirs en rotation. Comme l’explique Katerina Chatziioannou de Caltech, « à masse et rotation égales, deux trous noirs sont identiques ». Autrement dit, la nature est cohérente.
Une ère nouvelle pour l’astronomie gravitationnelle : quand l’humanité commence à écouter l’Univers
Depuis la première détection d’ondes gravitationnelles en 2015, LIGO a connu une véritable révolution. Aujourd’hui, les chercheurs repèrent une fusion tous les trois jours, contre une seule par mois il y a dix ans. Ce progrès est spectaculaire, mais ce n’est qu’un début.
D’ici 2030, de nouveaux instruments comme LIGO-India, le télescope Einstein européen ou le Cosmic Explorer américain verront le jour. Grâce à eux, nous pourrons entendre les premières fusions de l’Univers primordial. Peu à peu, nous remonterons jusqu’à la naissance des premières étoiles et des premiers trous noirs.
Alors, oui, j’aime imaginer Stephen Hawking, quelque part dans l’immensité, sourire devant la beauté de cette confirmation. Ses intuitions continuent de guider la science, comme une étoile théorique qui éclaire encore notre compréhension du cosmos.
Par Eric Rafidiarimanana, le