
Fonctionnant sans recharge pendant 100 ans, cette batterie nucléaire au carbone‑14 pourrait changer la manière dont nous concevons l’alimentation électrique. Son objectif : fournir une énergie miniature, durable et fiable à des appareils capables de fonctionner toute une vie sans intervention humaine.
Utiliser la lente désintégration du carbone-14 pour produire de l’énergie sur plusieurs millénaires
Après la BV100 de Betavolt, qui promettait 50 ans d’autonomie, la Chine double la mise avec la Zhulong‑1. Développée par le laboratoire Northwest Normal University, cette batterie miniature fonctionnerait en continu pendant un siècle sans perte notable de puissance.
Le secret réside dans la désintégration lente du carbone‑14. Cet isotope radioactif libère une faible quantité d’énergie, convertie en électricité par une enveloppe en carbure de silicium. Cette coque joue deux rôles : elle transforme les radiations en courant et les confine totalement. Ainsi, aucune fuite radioactive ne se produit.
De plus, cette technologie offrirait une densité énergétique dix fois supérieure à celle d’une batterie lithium‑ion classique. Sa demi‑vie est de 5 730 ans, ce qui explique pourquoi, en théorie, elle pourrait alimenter un appareil pendant plusieurs millénaires.
Concevoir une batterie stable de -100 à +200 °C et au taux de dégradation minimal
Les chercheurs assurent que la Zhulong‑1 resterait stable dans une plage de température allant de -100 à +200 °C. En outre, son taux de dégradation serait inférieur à 5 % sur 50 ans. En fin de vie, le matériau résiduel deviendrait inoffensif, ce qui limiterait fortement l’impact environnemental.
Cependant, la puissance délivrée reste très faible : de l’ordre du nanowatt. C’est pourquoi elle ne pourra pas alimenter un véhicule électrique ou un ordinateur.
En revanche, elle est idéale pour des appareils à faible consommation qui doivent fonctionner sans interruption pendant des décennies.
Les chercheurs citent notamment les stimulateurs cardiaques : un implant équipé de cette batterie pourrait fonctionner toute la vie du patient, contre environ quinze ans aujourd’hui. Elle pourrait aussi servir à des capteurs industriels placés dans des zones inaccessibles.
Travailler sur une Zhulong-2 plus petite, moins chère et adaptée aux usages médicaux, industriels et spatiaux
L’équipe chinoise développe déjà la Zhulong‑2, de la taille d’une pièce de monnaie. Elle serait moins coûteuse à produire et plus facile à intégrer dans des systèmes variés.
Ainsi, au‑delà de la médecine et de l’industrie, ces batteries pourraient aussi alimenter des satellites. Leur longévité exceptionnelle permettrait de maintenir des instruments en service pendant toute la mission, même dans les régions du Système solaire où l’énergie solaire est insuffisante.
Pour l’instant, seule la Chine possède les capacités industrielles pour produire du carbone‑14 en quantité suffisante. Cela lui donne une avance stratégique sur le reste du monde dans ce domaine.
Cette percée ne promet pas des smartphones éternels ni des voitures électriques infinies, mais elle ouvre la voie à des solutions d’alimentation ultra‑durables pour des usages très spécifiques. Et si l’avenir de l’énergie commençait par des appareils si petits… qu’on en oublierait presque qu’ils fonctionnent ?
Source : Northwest Normal University, 2025
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie, Actualités