Aller au contenu principal

Un requin surgit devant des vacanciers, un colosse marin de 750 kg longe les côtes : un été marqué par les géants marins

Grand requin blanc nageant en pleine mer, gueule ouverte, vu en gros plan sous l’eau
Un grand requin blanc croise le regard du photographe au cœur de l’océan – DailyGeekShow.com

Des vacanciers filment une attaque de phoque, une étudiante capture un requin jaillissant de l’eau… Et pendant ce temps, un colosse de 750 kg longe les plages de la côte est américaine. Ce n’est pas un scénario catastrophe, c’est l’état des lieux d’un été bien réel.

Les observations se multiplient dans le golfe du Saint-Laurent, signe d’un retour bien amorcé

Le 30 juillet, au large de Gaspé, des plaisanciers assistent à une scène saisissante. Un grand requin blanc remonte à la surface, secoue un phoque gris, et le dévore sous leurs yeux.

Quelques heures plus tard, près d’Halifax, une étudiante en biologie marine capture un moment tout aussi spectaculaire : un requin jaillit de l’eau, gueule ouverte, œil fixe. Cela rappelle, étrangement, une scène culte des Dents de la mer, ressorti au cinéma cet été.

Cependant, ces images ne sont pas des anecdotes isolées. Elles confirment un phénomène que les scientifiques observent de près : le retour progressif du requin blanc dans les eaux de l’Est canadien. Depuis 2019, le ministère des Pêches et Océans enregistre une hausse claire de sa présence dans le golfe du Saint-Laurent. Les températures en hausse et l’abondance de phoques, son mets favori, expliquent en partie cette réapparition.

En parallèle, les données de l’organisme OCEARCH, qui suit les requins balisés par satellite, montrent plusieurs repérages récents. Le 1er août, l’un d’eux a été localisé près des Îles-de-la-Madeleine.

Fin juillet, deux autres évoluaient dans le détroit de Cabot, et un quatrième se trouvait dans les environs de Pubnico, en Nouvelle-Écosse. Ce ne sont pas des cas isolés. Au contraire, ces signaux indiquent une tendance de fond.

Contender, le plus gros requin blanc jamais balisé, progresse vers le nord et longe les stations balnéaires américaines

Tandis que les regards se tournent vers les côtes canadiennes, un autre protagoniste de taille attire l’attention au sud. Il s’agit de Contender, un mâle de 4,2 mètres pour 750 kg, balisé par OCEARCH en janvier dernier, au large de la Floride. C’est, à ce jour, le plus grand requin blanc jamais équipé d’un GPS dans l’Atlantique Nord.

Depuis, son itinéraire est suivi avec une attention particulière. En juin, il est repéré en Caroline du Nord, puis aux abords de Virginia Beach, Rehoboth Beach, et enfin près de Nantucket, à moins de 80 kilomètres des côtes.

Si ces localisations peuvent surprendre, il faut comprendre que Contender ne suit pas les humains, mais ses proies naturelles. En été, les phoques et les bancs de poissons migrent vers le nord, attirés par des eaux plus fraîches. Lui aussi les suit, fidèle à son instinct. Grâce aux données de sa balise, les chercheurs récoltent des informations précieuses : ses trajets, sa vitesse, ses habitudes thermiques, mais aussi des échantillons biologiques prélevés lors de sa capture.

Autrement dit, Contender est à la fois un symbole, un sujet d’étude et un indicateur de changement écologique. Son parcours révèle une réalité : le littoral atlantique devient de plus en plus fréquenté par ces super-prédateurs.

Les requins blancs restent discrets et évitent l’humain, mais certaines situations exigent de la vigilance

Depuis des décennies, les scientifiques tentent de corriger une image erronée du requin blanc. Non, il ne chasse pas les humains. Non, il ne les considère pas comme des proies. La plupart du temps, il évite même tout contact. Pourtant, certaines circonstances peuvent mener à des interactions.

Par exemple, une eau trouble, la présence massive de phoques ou encore un requin en plein repas sont des situations à risque. Dans ces contextes, un comportement curieux peut survenir : un coup de museau à un bateau, une morsure exploratoire sur un moteur, ou une approche rapide d’un kayak. Ce n’est pas une attaque, mais une réaction naturelle à un environnement confus.

Ainsi, bien que le risque d’incident reste très faible, des mesures de prudence s’imposent. L’Observatoire des requins du Saint-Laurent recommande d’éviter les zones de prédation active, de ne pas approcher les requins lorsqu’ils sont visibles, et de respecter les alertes émises par les autorités locales.

Ces retours spectaculaires révèlent une transformation invisible de nos océans

Ce qui semblait exceptionnel il y a dix ans devient presque ordinaire aujourd’hui. La présence croissante du grand requin blanc sur nos côtes n’est pas un hasard. Elle résulte d’un changement global : les eaux de l’Atlantique Nord se modifient, se réchauffent, et attirent de nouvelles espèces, parfois emblématiques.

Cette évolution demande une prise de conscience. Car la mer n’est pas une extension de notre quotidien terrestre. Elle est un univers autonome, vivant, régi par ses propres règles. Contender, les requins de Gaspé, ceux du détroit de Cabot… tous nous rappellent que nous partageons ce monde.

Faut-il s’en inquiéter ? Pas vraiment. Mais il faut apprendre à observer, à comprendre, à cohabiter. La peur n’a pas sa place ici. Ce qui compte, c’est le respect. Et peut-être même, l’émerveillement.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Étiquettes:

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *