Avez-vous déjà rêvé de comprendre le langage des dauphins ? Ce sera bientôt possible grâce au programme informatique utilisé par une scientifique depuis plus de 4 ans. Pour la première fois, l’appareil a réussi à traduire un mot lors d’une conversation menée par un groupe de ces mammifères marins. DGS vous explique tout sur cette incroyable innovation.
Denise Herzing est une biologiste américaine qui étudie le même groupe de dauphins depuis un quart de siècle. Elle les retrouve chaque année en été et a lié une relation que l’on pourrait qualifier d’amitié avec les cétacés. Lorsque ce joyeux moment a lieu, elle emmène son ordinateur spécialement conçu dans le but d’essayer de traduire le langage des dauphins, une machine nommée C.H.A.T. : Cetacean Hearing And Telemetry (écoute et télémétrie des cétacés). Pour la première fois, son programme a compris un mot : « sargasse », une sorte d’algue commune dans les eaux de cette région. L’ordinateur a prononcé ce nom avec la voix de Denise qui a eu du mal à y croire pendant un instant, après avoir entendu un sifflement bien particulier émis par les mammifères marins. En vérité, c’est la femme qui a tenté de leur inculquer ce nouveau vocabulaire à force de jouer avec eux. Selon elle, la mission serait réussie.
Malgré le caractère extraordinaire de cette nouvelle, il faut garder à l’esprit que rien n’est vraiment certain. « Sargasse » n’aurait été prononcé qu’une seule fois, ce qui permet de relativiser. Pour que le phénomène soit prouvé, il faudrait que le mot ait été répété beaucoup plus de fois. Autre point, lorsque Denise a montré l’algue et incité les dauphins à émettre un sifflement pour la nommer, le son qu’ils ont produit était de structure identique, mais de fréquence plus élevée. Les recherches n’ont pas pu se prolonger étant donné que le groupe de cétacés a quitté les lieux un peu plus tôt que les autres années. Malgré tout, l’équipe du Wild Dolphin Project pense déjà à 2014.
L’ordinateur C.H.A.T. a été conçu par Thad Starner, ingénieur au Georgia Institute of Technology, qui fait également partie des principaux inventeurs des célèbres Google Glass. L’appareil utilise des algorithmes spécialement mis au point pour analyser les sifflements des dauphins et les traduire en mots. Il est également capable de compter leur nombre d’apparitions dans une conversation. Il est ainsi important de différencier un son produit de façon isolée et le même utilisé au milieu d’une phrase. Dans les deux cas, cela n’aura pas le même sens. Cela pourrait être comparé au raclement de gorge d’un humain, dépourvu de signification et relativement peu utilisé par rapport au verbe « être », très présent dans une discussion. A force de trouver des indices de la sorte, les scientifiques pensent pouvoir déchiffrer le langage des dauphins petit à petit.
D’autres spécialistes sont plus sceptiques. Ils estiment que la communication entre individus d’une même espèce se fait principalement par des gestes ou des éléments de langage très simples et parfois imperceptibles pour des êtres extérieurs. C’est d’ailleurs le cas pour l’Homme. La réputation des cétacés est pourtant d’utiliser un grand nombre de sons très variés pour communiquer, ce qui voudrait dire qu’ils « parlent » un langage complexe et resterait cohérent avec le fait qu’ils possèdent un cerveau performant. Lors de ce fameux été 2013, C.H.A.T. aurait réussi à définir 8 structures de langage différentes à partir de 73 sifflements distincts de dauphins (certains seraient d’ailleurs spécifiques à la mère et son petit). L’étude n’en est qu’à ses débuts et les prochaines plongées avec les mammifères dans quelques mois devraient faire grandement avancer les recherches.
Toujours est-il que les résultats découverts par Denise Herzing seront présentés lors d’un congrès qui se tiendra à Florence au mois de mai. Malgré toutes les interrogations que son projet suscite, la biologiste n’est pas la seule à travailler sur ce type d’expérience. Les algorithmes de son ordinateur ont déjà été récupérés par d’autres scientifiques qui s’intéressent aux primates, par exemple. La communication des grands singes, leur langage et leur gestuelle pourraient ainsi être déchiffrés eux aussi.
Les travaux de Denise nous ont vraiment subjugués. Nous espérons qu’elle réussira à déchiffrer intégralement le langage des dauphins dans un futur proche. Imaginer qu’un jour nous puissions discuter avec des cétacés nous rend très enthousiastes ; pourquoi pas avec n’importe quelle espèce animale, d’ailleurs. Pensez-vous pouvoir un jour communiquer avec des animaux ?
Par Tristan Blanchard, le
Source: Futura Sciences