La guerre des drones n’est pas qu’un affrontement de métal et d’électronique : c’est un duel stratégique sur l’idée même de perte acceptable. Je vous raconte pourquoi Lockheed Martin parie sur un drone coûteux, réutilisable, le Vectis, alors que l’armée américaine s’intéresse aux essaims de drones bon marché, jetables et nombreux.

Les drones jetables dominent car ils arrivent vite, nombreux et remplaçables
Depuis la guerre en Ukraine, une tendance se confirme : il vaut mieux déployer beaucoup de drones remplaçables que miser sur quelques appareils très résistants. Les modèles low-cost permettent de saturer l’espace aérien et d’encaisser les pertes sans désorganiser le dispositif.
Cette logique de masse bouscule les approches classiques. Moins de dépendance à la technologie, plus de volume tactique. On attaque, on perd, on recommence. Encore faut-il une industrie capable de suivre le rythme. Et une armée prête à assumer ces pertes en série.
Le Vectis revient, s’adapte et reste en vie pour plusieurs missions
Le Vectis porte bien son nom. Ce « levier » doit renforcer les capacités des forces américaines. Son principal atout ? Il revient après sa mission. Ainsi, l’armée peut préserver sa charge utile, ses capteurs, et surtout le coût de son investissement.
Ce drone ne se limite pas à une seule mission. Il peut intercepter des cibles aériennes, appuyer une attaque au sol ou capter du renseignement. Lockheed prévoit même d’y intégrer des fonctions de guerre électronique ou de relais de communication.
Un design furtif, taillé pour les zones A2/AD et les missions complexes
La forme sans empennage, la prise d’air sur le dessus et le conduit moteur en S ne relèvent pas du design. Chaque élément sert à réduire la signature thermique et radar. Dans un espace A2/AD, chaque mètre gagné dans l’ombre compte.
Dans la région indo-pacifique, la discrétion devient une arme. Le Vectis est pensé pour infiltrer des zones hautement défendues, accomplir sa tâche, puis ressortir. Lockheed joue ici la carte de la survie plutôt que du sacrifice.
Un drone haut de gamme conçu pour opérer en meute avec les chasseurs furtifs
Lockheed ne vend pas un gadget autonome. Il conçoit un système intégré aux avions furtifs existants. Cela implique une communication fluide, une coordination constante et une interopérabilité parfaite.
Dans une vidéo de démonstration, le F-22 transmet un ordre de tir au Vectis. Le message est clair : ce drone n’agit pas seul. Il complète, amplifie et sécurise les actions des avions habités. Il devient un ailier autonome sous supervision humaine.
Deux visions s’opposent : produire beaucoup ou faire durer intelligemment
Deux doctrines s’affrontent. D’un côté, la rapidité de production et la quantité. De l’autre, la durabilité et la précision technologique. Le budget militaire et la doctrine opérationnelle feront pencher la balance.
Faut-il perdre 20 drones pour une cible ou miser sur un seul capable de revenir trois fois ? Cette équation tactique résume le dilemme de demain. Le Vectis parie sur l’endurance, la modularité et la réutilisation. Et seul le terrain tranchera entre ces deux visions opposées mais fascinantes.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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