Oeuvre incontournable de l’histoire du jeu vidéo, la série de jeux de Richard Garriott s’étend sur presque vingt ans, avec trois trilogies différentes correspondant à des Âges de son monde d’heroic fantasy. Le joueur y joue un avatar appelé depuis la Terre pour protéger les terres de Sosaria des maléfices qui menacent d’engloutir le monde dans les ténèbres. Des jeux au statut légendaire qui posent les fondations du RPG occidental.
Pour comprendre l’histoire d’Ultima, il faut s’intéresser à son créateur, Richard Garriott. Né en 1961 en Angleterre, il déménage aux États-Unis durant son enfance et grandit au Texas. Pas un déménagement anodin puisque son père Owen K. Garriott y travaille depuis déjà plusieurs années et va devenir l’un des astronautes de la mission Skylab 3, la première station spatiale américaine. Richard grandit la tête dans les étoiles, mais les mains bien ancrées dans l’informatique. A 17 ans, alors qu’il travaille dans un magasin de pièces d’ordinateurs, le jeune Richard termine de développer son projet de jeu sur Apple II avec pour la première fois, une dimension graphique et une vraie immersion pour le joueur, avec des monstres à combattre et des donjons à explorer.
Son manager est impressionné par son travail et le persuade de vendre le jeu aux clients. Le jeu encore appelé D&D28 (28e version d’un jeu inspiré par Donjons & Dragons) remporte un franc succès auprès de ses amis et de la clientèle, poussant le manager à envoyer une copie à une entreprise de programmation en Californie qui, tombant sous le charme du jeu, fait signer un contrat à Richard pour vendre le jeu sous le nom d’Akalabeth, en hommage au Silmarillion de J. R. R. Tolkien. Non content de cela, Richard part à l’université et décide d’entamer la programmation d’un nouveau jeu qu’il imagine mieux programmé et plus profond narrativement.
Ainsi est né Ultima, le jeu vidéo pour ordinateur qui allait tout changer pour le RPG occidental. Le jeu sort en 1981 sous le nom de Ultima I : The First Age of Darkness. Un homme appelé l’Étranger est invoqué sur Sosaria pour vaincre le sorcier Mondain qui cherche à le gouverner. Malheureusement, le sorcier possède la gemme d’immortalité qui anéantit toute chance de victoire. Le héros va devoir voyager dans le temps afin de tuer Mondain avant qu’il obtienne l’artéfact. Avec ce simple jeu débute une franchise qui va s’étendre sur vingt ans et avoir un impact profond sur le jeu de rôle occidental.
Les ventes ne se sont pas fait attendre et tous les joueurs de la génération Ultima n’ont eu aucun mal dans les décennies à venir à reconnaître tous les éléments qui découlent de cette série que l’on retrouve dans les jeux modernes. Le premier jeu déclenche un scénario qui s’étend sur les trois premiers épisodes. Les choix que vous faites dans un des épisodes/chapitres peuvent avoir de grandes conséquences sur le reste des jeux. Une ville peut se développer ou tomber en ruine selon vos actions et vous verrez le fruit de cela dans les futurs épisodes. À partir d’Ultima IV et le début de la seconde trilogie, le jeu prend encore plus de relief avec de nouveaux paramètres à gérer.
En plus d’être un héros qui met en échec les forces du mal, vous devez être le symbole vivant des Vertus du monde. À l’instar d’un Jedi qui ne vit que par son code, vous devez faire votre propre chemin dans les quêtes complexes du jeu en mettant en avant votre sens de l’honneur, de l’humilité, de la justice et de la compassion. La façon dont vos choix influent sur le reste du monde et la grandeur de l’univers proposé est ce qui marque et surprend encore des décennies plus tard. Déjà à l’époque, tous les codes de ce qui fait le succès des grands jeux actuels étaient présents. Au-delà de ça, Ultima allait bien souvent plus loin dans la complexité de son monde que ce que l’on peut voir aujourd’hui.
Avec Ultima, le jeu vidéo est révolutionné à jamais. Le RPG occidental n’a jamais été aussi populaire que durant ces dernières années, mais tous les éléments de gameplay qu’ils proposent trouvent leurs origines dans le chef-d’oeuvre de Richard Garriott. Chaque jeu de la série a sa propre âme et la licence dans son ensemble laisse une marque indélébile sur tous les joueurs ayant vu Ultima évoluer en même temps que les capacités graphiques des ordinateurs des années 80 et 90.