En Tunisie, deux hommes ont été condamnés à de la prison pour homosexualité, considérée comme un délit. Ils avaient refusé de se soumettre à un test anal qui visait à « prouver » leur homosexualité. Human Rights Watch appelle à leur libération, ainsi qu’à la fin de ces tests et la dépénalisation de l’homosexualité.
Deux hommes de 26 ans ont été arrêtés, début juin, au Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie, pour homosexualité. Dans ce pays, il s’agit toujours d’un délit, réprimé par l’article 230 du Code pénal, héritage colonial français. Ils ont été condamnés à un an de prison ferme. En cause, leur refus de se soumettre à un test anal, considéré comme un signe de « culpabilité » selon la justice.
Le test anal est une pratique également héritée de la France, inventée à la fin du XIXe siècle par un médecin français. Ces tests ont pour but de rechercher des « anomalies de la marge anale », rappelait Neela Ghoshal, chercheuse senior sur les droits des personnes LGBT pour l’ONG Human Rights Watch, à Vice en 2017. Elle précise alors que ces idées, « complètement dépassées, rejetées en Europe depuis 150 ans, ont malheureusement trouvé une place en Afrique et au Maghreb ».
Condamnés en première instance à 2 ans de prison, leur peine a été allégée en appel. L’association Damj, qui défend notamment les minorités sexuelles, avait dénoncé une peine « particulièrement lourde ». Human Rights Watch (HRW) a exhorté le gouvernement tunisien à abroger l’article 230 du Code pénal et à cesser les tests anaux. Ils appellent le ministère de la Justice à « publier une directive ordonnant aux procureurs de renoncer à imposer des examens anaux à des détenus ». En 2017, la Tunisie s’était pourtant engagée à ne plus imposer ces tests, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. L’ONU avait qualifié cette pratique de « torture » quand elle est faite sous la contrainte.
En 2019, au moins 120 procès ont été intentés pour homosexualité, selon le Collectif civil pour les libertés individuelles, qui réunit 40 associations de défense des droits humains. « Alors que d’autres pays et des organismes internationaux félicitent la Tunisie pour ses progrès en matière de droits humains, la criminalisation et les poursuites judiciaires pour comportements homosexuels révèlent une tout autre réalité », selon Rasha Younes, chercheuse à HRW.
Par Marine Guichard, le
Source: Têtu
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