La neurochirurgie est souvent très complexe et difficile à réaliser. Elle est néanmoins nécessaire, notamment pour retirer des tumeurs du cerveau de patients cancéreux. Mais une nouvelle technique non invasive pourrait permettre de guérir ce type de maladies sans opérer les patients qui en sont atteints. SooCurious vous présente cette surprenante méthode.
Le cerveau est notre organe le plus précieux, et certainement le plus fragile. Aussi, pour guérir les patients atteints de tumeurs cérébrales, l’opération chirurgicale est un processus très risqué et complexe. Mais depuis plusieurs années, les scientifiques tentent une autre approche : l’injection de médicaments dans le cerveau. Elle est censée permettre, en localisant l’administration du remède, de réduire la dangerosité liée à une opération.
Ironiquement, c’est la constitution même de l’Homme qui a longtemps rendu impossible l’injection de médicaments dans son cerveau. Ainsi, la barrière hémato-encéphalique est un réseau de cellules en treillis qui sépare la circulation sanguine du système nerveux central. Elle sert essentiellement à protéger le cerveau des agents pathogènes, des toxines et des hormones qui circulent dans le sang. Mais c’est aussi elle qui bloque l’accès des médicaments utilisés en chimiothérapie jusqu’au cerveau. C’est là qu’entre en scène la méthode aux ultrasons.
La barrière hémato-encéphalique chez l’Homme :
La technique a été testée en 2014 par des scientifiques médicaux de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière : les chercheurs ont placé des émetteurs à ultrasons dans le cerveau de quatre personnes atteintes de tumeurs cérébrales malignes. Des microbulles leur ont alors été injectées et se sont placées contre la barrière hémato-encéphalique. Ensuite, à l’activation des émetteurs à ultrasons focalisés, les microbulles se sont dilatées et contractées environ 200 000 fois par seconde, créant une brèche dans le réseau de cellules de la barrière. Le médicament a alors pu accéder au cerveau et traiter la tumeur. La barrière hémato-encéphalique, elle, n’aura été affaiblie que durant deux minutes et sur une petite parcelle, ne remettant pas en cause la protection du cerveau.
Avec cette nouvelle technique, la neurochirurgie franchissait assurément un cap et réduisait largement le niveau de complexité induit par le retrait d’une tumeur cérébrale. Mais la méthode impliquait encore et toujours d’opérer le patient cancéreux pour placer les émetteurs à ultrasons dans son cerveau. Deux médecins de Toronto allaient bientôt remédier à ce problème.
Les docteurs Todd Mainprize et Kullervo Hyhynen, de l’hôpital Sunnybrook de Toronto, ont décidé d’améliorer la technique mise au point plus tôt. Leur approche ressemble largement à celle déjà utilisée : le médicament de chimiothérapie et les microbulles sont injectées aux patients atteints de tumeurs. Mais une fois la grosseur localisée dans le cerveau via une IRM, c’est un dispositif extérieur qui permet de franchir la barrière hémato-encéphalique : un faisceau d’ultrasons focalisés est dirigé vers la zone cancéreuse, permettant aux microbulles de vibrer et d’ouvrir une infime section de la barrière. Le médicament peut alors pénétrer le cerveau et combattre la tumeur cérébrale.
Todd Mainprize :
Kullervo Hyhynen :
La détection d’une tumeur par un scanner IRM :
Cette méthode est réellement prodigieuse. Parce qu’elle est incroyablement novatrice, mais surtout parce qu’elle permet de guérir certains cancers de manière plus simple et bien moins dangereuse que le fait la technique traditionnelle.
L’approche des deux médecins de Toronto pourrait trouver une application plus large que la guérison de tumeurs cérébrales : elle pourrait être utilisée pour traiter d’autres maladies du cerveau, comme Alzheimer. Si ce sujet vous intéresse, découvrez également cet implant capable de se recharger sans fil et qui pourrait révolutionner la médecine. Etes-vous confiant quant à la généralisation d’une telle méthode pour traiter les tumeurs cérébrales ou pensez-vous qu’il faudra encore longtemps avant que cette technique se démocratise ?
Par Maxime Magnier, le
Source: iflscience.com