Consacrée par le premier amendement de la Constitution américaine, la liberté d’expression est le droit le plus fondamental des Etats-Unis et le Congrès ne saurait en aucune façon légiférer pour en définir les limites. Pourtant Donald Trump vient d’imposer un black-out médiatique à l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA), une première pour un pays où tous les discours sont permis, d’autant que les agences de l’administration américaine sont réputées pour leur indépendance…
D’après l’Associated press, l’administration Trump a interdit à l’EPA d’envoyer des communiqués de presse, de réactualiser ses blogs et de s’exprimer sur les réseaux sociaux. Toutes les demandes des médias devront pour le moment être filtrées par l’administration. Ce black-out médiatique succède à la décision prise un peu plus tôt de suspendre les subventions versées à l’EPA ainsi que ses activités commerciales.
Les actions de Donald Trump confirment son intention, évoquée tout au long de la campagne, de réduire les pouvoirs de l’EPA. Pour le nouveau président, toute réglementation vouée à limiter les émissions de CO2 est excessive et non-compétitive, le réchauffement climatique étant un canular inventé par les chinois pour entraver la compétitivité des autres pays. La nomination de Scott Pruitt, climatosceptique avéré, à la tête de l’EPA n’était visiblement que le premier acte d’une longue série vouée à démanteler l’agence.
L’Association américaine pour l’avancement des sciences, considérée comme la plus grande fédération scientifique du monde, met en garde contre la censure et l’intimidation qui n’ont pas lieu d’être dans un système où de nombreuses agences disposent de réglementations qui prohibent toute interférence avec les politiques dans la façon dont elles relaient l’information. Elle ajoute que toute restriction posée à la parole des scientifiques employés par les organisations gouvernementales va à l’encontre des progrès de la science.
D’après plusieurs médias américains (Buzzfeed, The Huffington Post), l’EPA n’est pas la seule agence concernée par le black-out médiatique, le ministère de l’agriculture et le ministère de la santé devraient également se tenir aux mêmes règles. Après que la conseillère de Trump ait qualifié ses mensonges de » faits alternatifs « , on peut se demander ce que deviendront les notions de liberté d’expression et de vérité sous le mandat du nouveau président. A l’heure de la post-vérité, la présidence de Trump semble vouloir se décliner sur la subjectivation du réel ou pire, l’objectivation des points de vue du président.
Vous connaissez tous 1984, le roman éponyme de George Orwell au sein duquel le Parti unique a la mainmise sur l’ensemble du discours étatique et où chaque citoyen est contraint d’abandonner sa liberté de penser pour embrasser les convictions du parti. Il y est dit que « la dictature s’épanouit sur le terreau de l’ignorance »…
Par Antoine - Daily Geek Show, le
Source: The independent
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