Dans la plupart des sociétés modernes, le cannibalisme est vu comme une pratique barbare. Pourtant, une tribu située en Papouasie-Nouvelle-Guinée pourrait bien vous en faire douter. En effet, après maintes recherches, les scientifiques se sont aperçus qu’en mangeant des cerveaux humains, la tribu Fore avait développé au fil du temps une résistance génétique inouïe à certaines maladies neurodégénératives. SooCurious vous en dit plus sur cette découverte surprenante.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la démence touche près de 47,5 millions de personnes dans le monde. Et ce chiffre pourrait atteindre 75,6 millions dès 2030. Il est donc impératif pour les scientifiques de trouver des solutions et faire avancer la recherche de manière significative.
Pour ce faire, des chercheurs se sont intéressés à une ancienne tribu de Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont les membres avaient pris l’habitude (surtout les femmes et les enfants) de manger des cerveaux humains, ceux de leurs parents défunts, lors de leurs funérailles. Aujourd’hui la tribu a cessé cette pratique mais les résultats de plusieurs centaines d’années de cannibalisme ont intéressé les scientifiques. En effet, à cause de cette pratique, il semble que la population ait été touchée par une épidémie de kuru (une maladie à prions comme la vache folle) touchant plus particulièrement les femmes. Cette tragédie a alors coûté la vie à près de 2 % de leur population en 1950.
Mais les scientifiques ont aussi trouvé bien plus. Il s’avère que le reste de la population, celle ayant échappé à l’épidémie, a développé une résistance génétique contre certaines maladies cérébrales. Ils ont réussi à identifier le gène de résistance spécifique de prion. Et d’après leur étude, celui-ci protègerait contre les maladies à prions, c’est-à-dire toutes les maladies dégénératives qui touchent le système nerveux.
Les prions sont des agents infectieux qui causent des maladies du cerveau souvent mortelles telles que la MCJ (maladie de Creutzfeldt-Jakob) chez les humains, l’ESB (encéphalopathie spongiforme bovine, ou maladie de la vache folle) chez les bovins… Ils peuvent aussi, dans de rares cas, provoquer la démence chez certains patients, agissant comme les protéines qui s’agrègent les unes aux autres pour former des polymères et causer des maladies comme Alzheimer ou Parkinson.
Il s’agit là d’un excellent exemple de la faculté d’adaptation de l’Homme, « l’épidémie de maladie à prions a sélectionné un changement génétique pour protéger contre cette dégénérescence fatale. D’autant que ce n’était pas la première fois que de telles mutations génétiques étaient observées chez l’Homme », observe John Collinge, l’un des auteurs de l’étude. En effet, un de ses collaborateurs participant aussi à l’étude, Michael Alpers, avait déjà pu observer des mutations similaires chez des patients européens et japonais.
Les scientifiques ont donc grand espoir de comprendre bien mieux l’ensemble des maladies neurodégénératives grâce à de nouvelles études. Pour en savoir plus sur leur étude étonnante, vous pouvez consulter l’ensemble du rapport dans la revue Nature, ici.
Cette étude très sérieuse est absolument ahurissante. Les scientifiques pourraient mieux comprendre les maladies qui touchent notre cerveau grâce à la découverte de ces mutations génétiques chez la tribu Fore. Cependant, à la rédaction, nous ne sommes pas encore tout à fait prêts à manger des cerveaux humains même pour développer des résistances à certaines maladies. Et vous, seriez-vous prêt à manger de la cervelle pour garder une bonne santé ou préférez-vous des moyens préventifs… moins extrêmes ?
Par Precila Rambhunjun, le
Source: theguardian