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La découverte d’un trésor d’argent transforme notre vision de l’histoire des Vikings

Des échanges insoupçonnés avec l’Orient

Viking
— Fernando Cortes / Shutterstock.com

Dans un champ du Yorkshire, un objet métallique a changé la façon dont les chercheurs comprennent l’histoire viking. Ce qui semblait n’être qu’un banal fragment enfoui s’est révélé être le signe tangible d’un commerce à longue distance, reliant la Scandinavie aux terres de Bagdad et de l’Iran. Derrière les récits de pillages et de drakkars se cache une réalité bien plus vaste : la quête effrénée de l’argent, moteur de l’expansion viking. Explications.

L’argent, la vraie obsession des Vikings

Au IXᵉ siècle, les Scandinaves n’avaient qu’une idée en tête : accumuler de l’argent. Plus précieux que l’or pour eux, ce métal incarnait un nouveau pouvoir. Dans une société où la richesse reposait jusque-là sur les terres et le bétail, l’argent avait l’avantage d’être divisible, transmissible et détaché des héritages familiaux.

Cette obsession s’illustre dans les trésors découverts à travers l’Europe. Le fameux trésor de Bedale (Yorkshire du Nord), mis au jour en 2012, contenait un collier torsadé de plus d’un demi-kilo, des lingots, des bagues et même un pommeau d’épée en or anglo-saxon. Une richesse colossale qui traduit le statut de ses propriétaires.

Les annales médiévales abondent en récits édifiants. En 858, les Vikings exigèrent près de 315 kilos d’or et 1 500 kilos d’argent pour libérer l’abbé de Saint-Denis. Au total, les chroniqueurs estiment que leurs pillages et rançons leur auraient rapporté jusqu’à 30 000 livres d’argent au IXᵉ siècle, soit environ 7 millions de deniers carolingiens. Cet afflux aurait alimenté l’essor économique de villes comme York ou Lincoln, plus prospères que l’Angleterre anglaise voisine.

Mais l’argent ne venait pas seulement des monastères et des rançons de l’Ouest. Une part insoupçonnée provenait de l’Orient, à des milliers de kilomètres.

Le trésor de Bedale passé au crible de la science

Pour comprendre l’origine de cet argent, les chercheurs ont eu recours à la géochimie. Grâce aux isotopes du plomb et à l’analyse laser, chaque lingot, chaque anneau a révélé sa véritable signature. Résultat, une partie provenait bien d’Europe occidentale (pièces anglo-saxonnes ou carolingiennes). Mais neuf lingots, pesant 715 grammes au total, soit environ 240 dirhams, portaient une empreinte chimique claire : celle des mines exploitées par les califats omeyyade et abbasside.

Mieux encore, certains objets de prestige, comme le collier torsadé, semblaient avoir été fondus à partir d’un mélange d’argent occidental et oriental. Cela suggère que des fondeurs scandinaves ou même locaux, dans le Yorkshire, avaient accès à ces stocks d’argent islamiques.

Cette découverte bouleverse la chronologie admise. Au lieu d’arriver massivement en Scandinavie seulement au Xe siècle, les dirhams islamiques circulaient déjà en grande quantité au IXᵉ siècle.

Les Vikings de l’Est : marchands et esclavagistes

Si les raids sanglants sur l’Angleterre et la France ont marqué les mémoires, d’autres Vikings ont pris une route différente, celle de l’Est, connue sous le nom d’Austrvegr. Ces Scandinaves, appelés Rus’, remontaient les rivières de Russie jusqu’à la Volga pour atteindre les marchés du califat abbasside.

En échange de fourrures précieuses et d’esclaves, ils obtenaient des milliers de dirhams d’argent. Les auteurs arabes du Xe siècle, comme Ibn Fadlan et Ibn Rusta, décrivent ces marchands vêtus de bijoux d’argent, accumulant parfois des fortunes colossales. On estime qu’environ 400 000 dirhams de cette époque subsistent encore en Scandinavie et dans les pays baltes, preuve de l’ampleur de ce commerce.

Cette réalité éclaire d’un jour nouveau le trésor de Bedale : les lingots d’origine islamique enfouis dans le sol anglais démontrent que les deux mouvements d’expansion, vers l’Ouest et vers l’Est, se déroulaient en parallèle. Les richesses arrachées à Bagdad et à l’Iran pouvaient très bien financer les raids en Angleterre.

Loin d’être un simple butin, le trésor de Bedale raconte la face cachée de l’épopée viking. Celle d’un réseau commercial et guerrier reliant l’Atlantique aux confins de l’Orient. L’argent, plus que le sang ou le fer, fut le véritable moteur de leur expansion. Et peut-être qu’aujourd’hui encore, sous nos pieds, d’autres caches attendent de révéler la portée mondiale des voyages vikings.

Par ailleurs, cette tête viking vieille de 900 ans fait ressurgir une culture disparue.

Par Cécile Breton, le

Source: Independent

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