Quand les archéologues ont ouvert la tombe du roi Casimir, ils ne s’attendaient pas à déclencher une série de morts mystérieuses. La cause ? Un champignon mortel qui sommeillait depuis des siècles.
Un roi polonais prospère et engagé
Casimir IV Jagellon, né le 30 novembre 1427, est le troisième et plus jeune enfant du roi Ladislas II Jagellon et de sa quatrième épouse, Sophie de Holszany. Il devient grand-duc de Lituanie et roi de Pologne en 1440. Il règne jusqu’à sa mort en 1492, à l’âge de 65 ans.
Sous son règne, la Pologne connaît une période de prospérité et de prestige. Le roi Casimir renverse l’ordre Teutonique à la suite de la guerre de Treize Ans (1454-1466) et reçoit le très noble ordre anglais de la Jarretière, la plus haute distinction de chevalerie du Royaume-Uni.
Il meurt au château de Grodno, qui fait aujourd’hui partie du Bélarus, le 7 juin 1492, la même année que la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Ses funérailles ont lieu le 11 juillet au château du Wawel, dans le sud de la Pologne, où il est enterré dans la chapelle royale.
Une ouverture historique et controversée
En 1973, une équipe de chercheurs de Cracovie obtient l’autorisation d’ouvrir la tombe du roi Casimir pour inspecter ses restes et percer les mystères qu’il a emportés avec lui. C’est le cardinal Karol Wojtyla, archevêque de Cracovie et futur pape Jean-Paul II, qui donne son feu vert à cette opération.
À l’époque, la Pologne est un pays socialiste où de nombreuses formes de recherche sont interdites. Les archéologues sont donc ravis de pouvoir explorer ce site historique, en espérant que les Russes n’ont pas pillé la tombe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le 13 avril 1973, ils brisent le sceau du tombeau et découvrent le corps du roi dans un cercueil en bois en décomposition. Mais ce qu’ils ignorent, c’est qu’ils viennent d’ouvrir une véritable bombe biologique qui va faire des victimes.
Un champignon saprophyte et mortel
Quelques jours après l’ouverture du tombeau, quatre des douze archéologues qui y ont participé meurent de maladies ou d’accidents vasculaires cérébraux. Les médias font alors le parallèle avec la malédiction du pharaon Toutânkhamon, dont la tombe avait été découverte en Égypte cinquante ans plus tôt.
Mais les décès ne s’arrêtent pas là. Au fil des années, d’autres personnes liées au projet succombent au cancer ou à d’autres maladies. On estime à au moins 15 le nombre de morts dues au contact avec les restes du roi Casimir.
Après des années de spéculations, les chercheurs identifient finalement la cause réelle de ces décès : il s’agit d’Aspergillus flavus, un champignon saprophyte qui se nourrit de matières organiques en décomposition. Ce champignon est toxique pour les animaux et peut provoquer des allergies, de l’asthme ou des infections chez les humains.
Aspergillus flavus se serait développé dans la tombe du roi au Moyen Âge et aurait été libéré dans l’air lors de son ouverture. Les personnes ayant une faible immunité ont été particulièrement vulnérables à ce champignon mortel.
La dépouille du roi Casimir a été ré-inhumée dans son tombeau d’origine. Aujourd’hui encore, certains guides touristiques racontent l’histoire du monarque qui ne voulait pas être dérangé dans son sommeil éternel.