Les années lycée marquent le passage à l’adolescence et les premiers egos s’affrontent. Les bastons éclatent, on mesure pour la première fois notre force et une hiérarchie des puissants s’installe. Shioon Lee, le héros du manhwa The Breaker, ne possède pas plus de force que de volonté à se battre. Il échoue tout en bas de l’échelle mais sa condition l’exaspère. Il trouvera un moyen de s’élever auprès de son nouveau professeur qui, sous ses airs de beau gosse, semble dissimuler de formidable capacité de combattant. Shioon ne le sait pas encore, mais son implication dans le monde des arts-martiaux l’emportera bien au-delà de sa condition de lycéen.
La bande dessinée coréenne se fait encore une place de choix dans votre bibliothèque avec The Breaker, manhwa de 2007 écrit par Geuk-Jin Jeon et dessiné par Jin-Hwan Park. Ses 10 tomes nous offrent 72 chapitres de la vie de Shioon Lee, jeune lycéen malmené par la vie qui trouvera dans les arts-martiaux un moyen de reprendre en main son destin. Thème classique de la bande dessinée asiatique, le mix précis de baston et tradition offre de magistrales dérouillées dans la plus grande déférence.
Un jour normal à base d’humiliation, racket et autres passages à tabac pour Shioon Lee, lycéen chétif, timide et peureux. Tout l’inverse de Chun Woo Han, son nouveau professeur d’anglais, sorte de GTO en puissance. Dragueur incorrigible à l’attitude égoïste il s’illustre dans un combat de rue ponctué de shoryu-ken sous les yeux ébahis de Shioon Lee qui vient de se trouver un maître. Enfin pas tout à fait. Chun Woo Han semble vouloir rester discret sur ses capacités hors du commun et un nouveau disciple ne ferait que l’encombrer.
Notre lycéen aura alors recours au chantage en utilisant une vidéo de son combat de rue et obtiendra finalement l’aide de Chun Woo Han. L’entrainement est difficile et demande une détermination sans faille. Notre héros prêt à tous les sacrifices va alors être emporté dans un nouveau monde, le Murim, une société secrète et incroyablement puissante qui influence dans l’ombre le reste du globe. Toute personne initiée aux arts-martiaux et dotée d’une force et d’un mental hors du commun intègre cet ordre très ancien. Une hiérarchie naturelle s’est établie entre les différentes écoles et dojos qui s’affrontent loin des gens normaux.
Il n’est pas possible de quitter le Murim autrement que par la mort. Un engagement total donc dans cette lutte perpétuelle de pouvoirs où chacun est l’ennemi d’un autre. Mauvaise nouvelle pour Shioon Lee, Chun Woo Han son nouveau maître est le Goomoonryong, le dragon aux neufs arts, gardien des plus grands secrets et jalousé par les plus puissantes maisons du Murim. La menace se porte alors aussi sur l’élève qui prouvera être digne de recevoir tout le savoir du plus grand combattant du monde.
Si les premières pages laissent entrevoir une bonne dose d’humour, le sérieux reprend très vite le dessus. La pression augmente rapidement sur nos héros et l’action prend bientôt toute la place. L’histoire au début très simple s’ouvre largement dès l’évocation du Murim. La complexité politique et le nombre de personnages aussi variés que stylés offrent une sophistication inattendue. De la baston donc, mais pas seulement.
L’intrigue alterne entre l’ascension de Shioon Lee et le combat de Chun Woo Han contre les ombres de son passé. L’un ne va pas sans l’autre et chacun porte l’œuvre du début à la fin. On prend plaisir à découvrir l’avenir de l’un comme le passé de l’autre, les combats difficiles de Shioon Lee comme les victoires écrasantes de Chun Woo Han. Les roustes décoiffent et l’histoire nous entraine toujours plus loin dans le Murim et ses secrets.
Un manhwa centré sur l’art du combat mérite un dessin soigné et précis. De ce côté-là, The Breaker est un pur délice. Les bruits d’impacts résonne dans nos têtes et les coups s’enchainent plus vite que l’on ne peut faire défiler les pages. Une bénédiction qui nous laisse apprécier l’action dans ses détails. La qualité des personnages démontre là encore le talent de Jin-Hwan Park avec des lignes agressives révélant des muscles aussi fins qu’efficaces et des protagonistes bien caractérisés.
Ça brise des os, ça casse des gueules, ça broie des egos. The Breaker est une ode aux art-martiaux, à l’engagement et au respect des règles. L’histoire n’est pas des plus originales mais la qualité de son exécution lui offre ses lettres de noblesse. Voir un personnage si faible devenir si fort autant moralement que physiquement est définitivement grisant. Le style graphique coréen très agressif renforce la violence de l’action et on se laisse emporter dans un festival de puissance. Un manhwa exemplaire qui a bien mérité sa suite avec The Breaker : New Waves.
Par Gabriel Pilet, le
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