Des expériences menées sur des mammifères âgés ont montré que la supplémentation en taurine permettait de ralentir le processus de vieillissement et d’allonger la durée de vie, avec des implications potentielles majeures pour l’Homme.
Évaluer les effets de la taurine sur le vieillissement
Naturellement présente dans notre organisme et celui de nombreux animaux, la taurine est un acide aminé dont des niveaux insuffisants ont été liés à un certain nombre de problèmes, notamment une dégénérescence rétinienne chez le chat et la souris ainsi qu’une altération de la masse musculaire squelettique et du système nerveux central chez de jeunes rongeurs. Cependant, son rôle potentiel dans le processus de vieillissement restait jusqu’à présent peu clair.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Science, Vijay Yadav, de l’université Columbia, et ses collègues ont mesuré les niveaux de taurine dans le sang de souris, de singes et d’humains, et constaté qu’ils diminuaient avec l’âge. Parmi les sujets humains, ceux âgés d’environ 65 ans présentaient des taux de taurine inférieurs de plus de 80 % à ceux des enfants participant à l’étude.
Une analyse distincte portant sur près de 12 000 personnes âgées de 60 ans a établi un lien entre des niveaux de taurine plus élevés et divers marqueurs de meilleure santé, notamment une moindre prévalence du diabète de type 2 et une réduction de l’inflammation.
Les chercheurs ont ensuite voulu voir si le fait de compenser la baisse de la taurine pouvait améliorer la santé des singes et des souris à mesure qu’ils vieillissaient et éventuellement allonger leur durée de vie.
De premiers résultats prometteurs
En moyenne, les rongeurs supplémentés en taurine ont vécu jusqu’à 12 % plus longtemps que leurs homologues non traités. Présentant moins de signes de vieillissement (réduction des dommages à l’ADN et du dysfonctionnement mitochondrial), les souris étaient plus minces, avaient vu une densité osseuse et leur force musculaire augmenter, tandis que leur système immunitaire semblait avoir « rajeuni ».
L’effet d’un apport supplémentaire en taurine sur la durée de vie n’a pas été évalué chez les primates, mais il a été associé à une meilleure santé du foie, une masse corporelle plus saine, ainsi qu’une augmentation de la densité osseuse et un meilleur fonctionnement du système immunitaire. « En d’autres termes, cette supplémentation leur a permis d’être en meilleure santé plus longtemps », résume Yadav.
Si l’équipe espère obtenir des résultats similaires chez l’Homme, elle déconseille pour l’heure la supplémentation en taurine. « Nous devons attendre un essai randomisé et contrôlé à grande échelle », rappelle Yadav. « Un mode de vie sain reste essentiel pour un vieillissement en bonne santé », commente Cláudia Cavadas de l’université de Coimbra.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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