Le diabète est une maladie qui touche plus de 442 millions de personnes adultes à travers le monde. Si beaucoup perçoivent cette maladie comme un simple excès de consommation de sucre, c’est beaucoup plus complexe et handicapant que cela. S’il est déjà possible de vérifier quotidiennement sa glycémie grâce à un glucomètre, une méthode révolutionnaire permet d’en faire de même avec des tatouages.
Des scientifiques allemands ont mis au point un tatouage intradermique qui change de couleur en fonction des fluctuations du glucose, de l’albumine et du pH. Des tests sur la peau des animaux ont montré que les tatouages changent de couleur lorsque les concentrations de biomarqueurs clés sont modifiées, ce qui constitue une étape intéressante dans la surveillance en temps réel de maladies chroniques telles que le diabète.
Comment ça marche ?
Ce sont les chercheurs de l’université technique de Munich en Allemagne qui ont créé les fameux tatouages et ils ont publié le résultat de leurs recherches dans la revue scientifique Angewandte Chemie International Edition. L’équipe a mis au point une série de capteurs chimiques à couleur changeante et les a placés directement dans le derme, une couche de tissu d’environ un millimètre d’épaisseur qui héberge les nerfs, les vaisseaux sanguins et les follicules pileux. Ils ont ensuite pu estimer les concentrations de divers produits chimiques dans la peau à l’aide de photos de ces capteurs prises avec un smartphone.
Le fonctionnement est simple. Un des capteurs chimiques passe du blanc au bleu ciel en présence d’albumine. La diminution des niveaux de cette protéine peut indiquer une insuffisance rénale ou hépatique. Un autre capteur passe du jaune au vert foncé lorsque le niveau de glucose augmente, ce qui indiquerait une glycémie élevée. Et un troisième capteur passe du jaune au bleu lorsque le niveau de pH passe de légèrement acide à alcalin. L’équipe a également développé une application sur smartphone qui permet d’évaluer avec plus de précision le changement de couleur des tatouages biosensoriels.
Le futur des tatouages biosensoriels
Ali Yetisen, l’ingénieur en chimie qui a dirigé la recherche, a dit que ces tatouages intradermiques pourraient constituer un moyen simple et peu coûteux de surveiller la santé des patients. Ce système présente également l’avantage d’être plus fiable que les autres moyens de mesure dans le même genre, comme les patchs autocollants ou les puces implantées. Il a également expliqué que la poursuite du développement de cette technologie pourrait conduire à la production de plus de capteurs capables de surveiller les niveaux de bactéries ou de virus ou les niveaux de déshydratation.
« Aujourd’hui, on peut déjà mesurer le glucose et l’acidité, mais nous travaillons pour pouvoir mesurer aussi la déshydratation, en analysant le sodium et d’autres ions nécessaires pour rester hydraté, ainsi que le calcium, pour calculer la perte osseuse lors des voyages dans l’espace », a ainsi déclaré Ali Yetisen. Le scientifique a même évoqué la possibilité d’avoir des tatouages invisibles à teinture ultra-rouge. Nul doute que si les tests sur peau humaine de ces tatouages biosensoriels sont concluants, cela représenterait un grand exploit dans le domaine de la médecine.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Sciences et Avenir
Étiquettes: biomarqueurs, capteurs sensoriels, tatouage, diabete
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