En septembre 2017, dans la petite bourgade de Marly-la-Ville, Alexia Cassar ouvrait un salon de tatouage d’un genre nouveau spécialisé dans la reconstruction mammaire. Elle parvient à conjurer les cicatrices laissées par les mastectomies grâce au tatouage 3D, une technique lui permettant de recréer à l’identique mamelons et tétons endommagés.
Une étonnante reconversion
Alexia Cassar n’est pas une tatoueuse ordinaire. Ancienne chercheuse en laboratoire, elle a consacré 15 années de sa vie à lutter contre le cancer. « J’avais le sentiment de ne pas vraiment aider les patients autour de moi… », explique-t-elle sur son site internet. « La leucémie de ma plus jeune fille, alors âgée de 10 mois, m’a forcée à revoir mes priorités. ». Désireuse de pouvoir passer plus de temps auprès des siens sans pour autant négliger ses recherches en Oncologie, Alexia Cassar réalise que le tatouage peut lui offrir cette opportunité.
« Je me suis rendue compte que le tatouage […] pouvait aussi devenir une source de réconfort pour les patientes après un cancer du sein, en les aidant à retrouver leur estime de soi et la part de féminité qu’on leur a arrachée avec l’épreuve du cancer… ». Les techniques de tatouage reconstructrices étant encore marginales en France, elle plaque son boulot pour partir en apprentissage chez un tatoueur de la région.
Reconstruire, pas recouvrir
La technique du tatouage 3D requière de nombreuses encres spécifiquement conçues pour s’adapter à tous les types de peau. Inexistante en France, cette technique était en revanche très répandue dans les États-Unis : « En trompe-l’œil, on va recréer l’aréole et le mamelon du sein avec le clair et les obscurs, c’est une technique de dessin. On va pouvoir recréer une image du sein tel qu’il était avant sa reconstruction. »
Et c’est là que l’initiative d’Alexia Cassar est d’autant plus remarquable : elle redonne vie à des poitrines endeuillées non plus en les recouvrant sous d’innombrables couches d’encres, mais en se contentant d’un sobre tatouage 3D visant à donner l’illusion d’une paire de seins tout à fait normale. La démarche n’est plus de cacher, mais de reconstruire : les cicatrices et les stigmates du cancer sont toujours là, mais les patients n’en ont plus honte.
Une première en Europe
Alexia Cassar a bâti The Tétons Tattoo Shop sur le terrain de sa maison. Ouvert depuis deux mois, ce salon de tatouage unique en France ne désemplit pas. Un succès qu’il doit en partie à son apparence « ni-ni » : ni cabinet médical, ni salon de tatouage ! Alexia Cassar a opté pour un bâtiment cubique, tout en bois et en décorations chaleureuses : « Les femmes qui viennent me voir n’iraient pas forcément dans un salon de tatouage » explique-t-elle à France Bleu. « Et après tout ce qu’elles ont vécu pendant leur maladie, elles n’en peuvent plus de voir des blouses blanches, donc je ne voulais pas les accueillir dans un environnement médical. »
Les tatouages 3D d’Alexia Cassar, facturés 400 € pour un sein et 600 € pour les deux, ne sont pas encore remboursés par la Sécu ni par les mutuelles. Pourtant, certaines d’entre elles l’auraient déjà contactée afin d’évoquer de possibles prises en charges partielles.
Par Matthieu Garcia, le
Source: France bleu
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