Une équipe de chercheurs français a récemment montré que le fait de fumer affectait durablement le placenta. Avec des altérations épigénétiques également identifiées chez les femmes ayant stoppé leur consommation de tabac avant la grossesse.
Des altérations épigénétiques observées dans 26 régions du génome chez les anciennes fumeuses
Dans le cadre de travaux récemment présentés dans la revue BMC Medicine, des chercheurs du CNRS, de l’université Grenoble-Alpes et de l’Inserm ont constaté que la consommation de tabac, y compris lorsqu’elle était stoppée avant la grossesse, pouvait affecter le placenta chez la femme enceinte. Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont analysé l’ADN placentaire de près de 600 femmes divisées en trois catégories (non-fumeuses, arrêt du tabac au cours des trois mois précédant la grossesse et tabagisme avant et durant la grossesse).
Des altérations épigénétiques, ne modifiant pas la séquence d’ADN mais susceptibles d’affecter la façon dont les gènes s’expriment, ont été observées dans pas moins de 178 régions du génome placentaire chez les fumeuses, contre 26 régions chez les anciennes fumeuses. Ce qui suggère que le placenta conserverait une mémoire de l’exposition au tabac pré-grossesse.
« Si un grand nombre de régions semblent avoir un profil de méthylation normal chez les femmes après arrêt du tabac, la présence de certaines modifications de méthylation de l’ADN dans le placenta de femmes ayant arrêté de fumer avant la grossesse suggère l’existence d’une mémoire épigénétique de l’exposition au tabac », note ainsi la scientifique Johanna Lepeule, qui a supervisé les recherches.
Mieux comprendre les effets du tabagisme sur le développement du fœtus et la santé ultérieure de l’enfant
Si de précédents travaux avaient montré que le fait de fumer durant la grossesse nuisait à la santé de la mère et de l’enfant à naître, et que le placenta, jouant un rôle essentiel dans le développement du fœtus, était vulnérable à de nombreuses substances chimiques, les chercheurs rappellent cependant que les mécanismes impliqués sont encore globalement mal compris.
Les analyses d’ADN récemment pratiquées ont montré que les régions altérées par la consommation de tabac étaient généralement impliquées dans le contrôle à distance de l’activation ou de la répression des gènes, et qu’une partie d’entre elles étaient spécifiquement localisées sur des gènes réputés pour conditionner le développement du fœtus.
D’après les auteurs de l’étude, les modifications épigénétiques observées à la fois sur le placenta de mères fumeuses ou ex-fumeuses pourraient contribuer à « expliquer les effets du tabagisme observés sur le fœtus et la santé ultérieure de l’enfant ».
Par Yann Contegat, le
Source: Inserm
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