Champion des États-Unis à 14 ans, arrogant et paranoïaque, conspirationniste notoire, Robert James Fischer, dit Bobby Fischer, est passé comme une étoile filante dans le monde des échecs, disparaissant à 29 ans après son sacre de champion du monde. Pourtant, il a laissé dans les esprits une empreinte profonde, chez les amateurs mais aussi plus tangible dans le milieu professionnel. Sur fond de guerre froide, ce génie a fait vibrer l’Amérique et trembler l’Union soviétique.
Bobby Fischer découvrit les échecs à 6 ans, lorsque sa sœur aînée lui offrit un plateau pour l’aider à combattre l’ennui. Les deux enfants apprirent les règles grâce à la notice. Pendant les vacances, il dévore un livre décrivant des parties d’échecs : c’est le début de la vocation. Dès l’année suivante, sa mère Regina Fischer se lance dans la recherche d’adversaires. Inscrit au Brooklyn Chess Club, il participe à son premier tournoi à 10 ans et remporte le championnat des États-Unis quatre ans plus tard.
Les échecs dépassent bien vite le statut de passe-temps pour devenir la raison de vivre de Bobby Fischer, qui avoue lui-même passer 98 % de son temps à y travailler. Il devient un véritable moine consacrant sa vie à ce jeu dans lequel il perd peu à peu son âme. Car malgré son génie et ses 181 de QI, il ne semble pas gagner en maturité et reste enfermé dans une bulle de plus en plus épaisse, où son imagination invente sans cesse une foule de scénarios aussi catastrophiques que grotesques.
IL PERD PEU À PEU SON ÂME DANS LE JEU
Ainsi, il vérifie tous les objets de ses chambres d’hôtel afin de s’assurer qu’il n’est pas sur écoute, redoute que l’URSS ne fasse exploser l’avion qui le mène à Reykjavik pour le championnat du monde, se fait retirer des plombages de crainte qu’ils ne camouflent un appareil destiné à contrôler sa pensée, admire Hitler et clame son antisémitisme… La liste est longue. Pourtant, tous ces termes éminemment politiques paraissent à peine se référer aux réalités du monde : Fischer mélange tout et n’a que faire de la politique.
Paranoïaque et incontrôlable, le génie des échecs est difficile à gérer par les organisateurs des tournois et par l’avocat et le prêtre (ancien joueur d’échecs) qui l’accompagnent. Fischer exige une limousine pour aller jouer ses parties et des hôtels de luxe pour ne pas faire piètre figure face aux joueurs russes qui bénéficient des meilleures conditions d’accueil.
La plupart de ses requêtes sont acceptées, certaines sont même conservées. En 1962, il fait scandale en quittant un tournoi et accuse les Russes de se serrer les coudes en jouant des parties rapides se terminant par un match nul, ce qui leur permet de s’économiser jusqu’à leur affrontement avec Fischer. La FIDE (Fédération internationale des échecs) reconnaît la justesse de ses remarques et amende son règlement en conséquence : les tournois sont désormais composés de matchs à élimination directe.
Lors du « match du siècle » qui l’oppose à son adversaire majeur et tenant du titre, Boris Spassky, Fischer enchaîne les réclamations : distance entre les joueurs et le public, silence et poids des pièces sont des changements pérennes. C’est là que Fischer atteint son apogée, en jouant des parties jamais égalées. Dans son film Le Prodige, biopic sur ce joueur d’échecs hors de toute norme, Edward Zwick montre toute la tension de ce match, dernière marche avant la gloire suprême et veille d’une déchéance tragique.
En effet, alors que toute l’Amérique l’adore et le soutient dans sa confrontation contre les Soviétiques, Fischer disparaît du jour au lendemain pour finir sa vie en errant à travers le monde, émergeant parfois le temps de proférer quelques insanités à propos des juifs avant de sombrer à nouveau. Sans doute a-t-il toujours pressenti que sa victoire sur le champion du monde lui serait fatale. Car à 15 ans, alors qu’il est le plus jeune grand maître (c’est-à-dire le plus jeune joueur disputant le titre de champion du monde) et qu’il pense que le chemin sera facile, il se met lui-même des bâtons dans les roues en boycottant des tournois obligatoires pour concourir.
SA PARANOÏA AURA EU RAISON DE LUI
Bobby Fischer meurt en 2008 à Reykjavik, lieu symbolique de toute sa vie, qui lui offrit l’asile après son emprisonnement au Japon pour antisémitisme. Sa paranoïa aura eu raison de lui, puisqu’il décède d’insuffisance rénale après avoir refusé les soins. Il reste ainsi le champion du monde indétrôné, n’ayant jamais remis son titre en jeu.
Bobby Fischer est une figure fascinante qui correspond étrangement à la caricature qu’on peut se faire d’un génie des échecs : complètement obsédé par ce jeu, doué d’une mémoire exceptionnelle qui lui permet de retenir des parties entières par cœur, paranoïaque, arrogant et caractériel, et réalisant la plus belle partie d’échecs jamais faite avant de disparaître et de devenir un véritable fantasme. Il y a des gens comme ça !
Il n »est pas ce que vous prétendez
Il est extrêmement lucide envers Cette race de vipères ce Cancer planétaire que vont les circoncis
Il a bien compris que Hitler avait raison comme tous ceux qui ont une conscience élevée