De récentes expériences ont révélé que les mâles d’une espèce d’acarien surveillaient les jeunes femelles et arrachaient leur enveloppe externe dès qu’elles atteignent la maturité sexuelle afin d’être les premiers à s’accoupler avec elles.
Une rude concurrence
Les tétranyques à deux points (Tetranychus urticae) sont des ravageurs agricoles communs. S’attaquant à un large éventail de cultures (haricots, tomates…), ces acariens connaissent un processus de mue lorsqu’ils passent de l’état de nymphe juvénile à celui d’adulte, au cours duquel ils se délestent de leur enveloppe externe.
Bien que les femelles puissent avoir plusieurs partenaires sexuels, seule la semence du premier fécondera leurs œufs, ce qui se traduit par une compétition féroce entre les mâles. Pour tenter de s’assurer ce privilège, nombre d’entre eux les surveillent étroitement, mais il s’agit d’une stratégie risquée : elle les empêche de se consacrer pleinement à la recherche de nourriture, et des rivaux peuvent toujours « voler » les femelles qu’ils convoitent au dernier moment.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue iScience, Peter Schausberger, de l’université de Vienne (Autriche), et ses collègues ont découvert que les mâles tentaient de réduire ce risque en arrachant l’enveloppe externe des femelles lorsqu’elles approchaient de la maturité sexuelle, afin de pouvoir les inséminer avant que d’autres ne le fassent.
Alors que les tétranyques femelles juvéniles élevées seules perdaient naturellement leur enveloppe externe, lorsqu’un mâle était présent, celui-ci commençait à la marteler pour qu’elle s’ouvre plus rapidement, puis utilisait ses pièces buccales pour l’arracher, afin d’exposer ses organes génitaux et l’inséminer immédiatement.
« Chaque seconde compte »
« En moyenne, lorsqu’un mâle était présent, les femelles quittaient leur mue cinq minutes plus tôt », détaille Schausberger. « Cela peut sembler peu, mais il faut garder à l’esprit que ces tétranyques vivent souvent au sein de colonies denses. Chaque seconde compte lorsqu’il s’agit d’être le premier à les atteindre. »
Selon le scientifique, il s’agit de la première espèce chez laquelle un tel comportement est documenté expérimentalement.
En début d’année, des chercheurs chinois et suisses s’étaient penchés sur l’étrange mode de reproduction d’une minuscule espèce d’insecte ailée, dont les femelles possèdent une structure génitale comparable à un pénis.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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