Des chercheurs ont mis au jour une nouvelle souche de la bactérie responsable de la peste dans une tombe vieille de près de 5 000 ans en Suède. Cette découverte suggère que la peste aurait pu causer la première pandémie massive de l’histoire de l’humanité et contribuer au déclin des cultures néolithiques en Europe.
La tombe d’une victime de la peste
La tombe se trouve sur le site de Frälsegrden, où 78 personnes ont été enterrées au cours d’une période de 200 ans. Parmi elles, une femme d’une vingtaine d’années a attiré l’attention des chercheurs. En analysant son ADN, ils ont découvert qu’elle était porteuse d’une souche inconnue de Yersinia pestis, la bactérie qui cause la peste. Cette souche est plus ancienne que celle qui a provoqué la célèbre peste noire au XIVe siècle, qui a décimé environ 60 % de la population européenne.
La femme est morte il y a environ 4 900 ans, pendant le déclin du Néolithique, une période mystérieuse où les cultures néolithiques se sont effondrées en Europe. Les chercheurs pensent qu’elle a succombé à la peste pneumonique, la forme la plus mortelle de la maladie.
La propagation de la peste à travers l’Europe
Les chercheurs ont émis l’hypothèse que la peste serait apparue dans les mégapoles néolithiques, des villes de 10 000 à 20 000 habitants qui prospéraient en Europe il y a plus de 5 500 ans. Ces villes étaient propices à l’émergence et à la transmission de maladies infectieuses, en raison de la promiscuité entre les personnes, les animaux et les stocks de nourriture.
La peste se serait ensuite diffusée grâce aux réseaux commerciaux facilités par le transport sur roues, qui se développait rapidement à l’époque. Elle aurait atteint des régions éloignées comme la Suède, où la femme étudiée a été enterrée. Les chercheurs ont également constaté que cette femme n’était pas génétiquement liée aux populations venues des steppes asiatiques, qui ont remplacé les agriculteurs néolithiques en Europe il y a environ 5 000 ans. Cela suggère que la peste est arrivée avant cette migration.
La peste aurait pu être à l’origine de la première pandémie de l’histoire de l’humanité, qui aurait anéanti des villes entières à la fin du Néolithique. Cette pandémie aurait eu un impact majeur sur le peuplement et la culture de l’Europe. Elle aurait pu favoriser le déclin des cultures néolithiques et le remplacement des agriculteurs sédentaires par des nomades venus des steppes. Elle aurait également pu influencer le développement des langues indo-européennes, qui sont à l’origine des langues parlées aujourd’hui en Europe.
Une découverte qui remet en question l’histoire de l’Europe
La souche de la peste découverte en Suède est différente de celles qui ont été trouvées dans d’autres sites néolithiques en Europe. Elle est plus proche des souches actuelles que des souches anciennes. Cela suggère qu’il y a eu plusieurs introductions indépendantes de la peste en Europe, provenant peut-être de différentes régions du monde.
Cette découverte est importante car elle montre que la peste était déjà présente en Europe bien avant la peste noire. Elle pourrait être à l’origine de la première pandémie de l’histoire de l’humanité, qui aurait anéanti des villes entières à la fin du Néolithique. Elle pourrait également avoir joué un rôle dans le déclin des cultures néolithiques et le changement démographique qui a suivi.
Cette découverte soulève également des questions sur les origines et l’évolution de la bactérie responsable de la peste. Les chercheurs espèrent trouver d’autres souches anciennes pour mieux comprendre comment ce microbe redoutable s’est adapté aux humains et aux animaux au fil du temps.