Amateur de téléréalité, Siberia est fait pour vous. Jouant sur les genres, la série offre un panel de candidats tous plus différents les uns que les autres à des spectateurs qui, éduqués à la téléréalité, peuvent en décrypter les codes. Siberia est bel et bien une série, scénarisée et réalisée par des professionnels du petit écran mais qui s’essaient à l’exercice du mélange des styles avec un certain talent. Lumière sur cette petite production surprenante.
Siberia, diffusée pour la première fois en 2013, est une fausse téléréalité qui, comme son nom l’indique, prend place en Sibérie. Suivant, caméra à la main, les candidats de l’émission, les professionnels de la télévision doivent subir leurs états d’âme et conflits, jour après jour, nuit après nuit.
Comme toute téléréalité qui se respecte, Siberia se doit d’offrir des personnages étranges aux réactions démesurées pour satisfaire le spectateur. Tous représentent des clichés vivants : un Américain chauvin pro du rodéo, un jeune mannequin détestable, égoïste et arrogant, un geek, un homme mystérieux, un militant écolo et une femme d’affaires. Le premier épisode se regarde comme celui d’une véritable téléréalité, un des paris réussis du réalisateur. En terminant cette aventure, le gagnant aura le chance de ressortir avec 500 000 dollars. C’est au fin fond de la campagne, au cœur d’une forêt que les hommes et les femmes de l’aventure ont été déposés par la production, en hélicoptère. Ce dernier, supposé revenir fréquemment, se fait de plus en plus discret jusqu’à ne plus revenir.
Avec l’absence évidente des équipes de la production sur le lieu de tournage, des évènements étranges viennent troubler la vie de la petite communauté. Si, pour certains, il ne s’agit que d’un jeu, d’autres commencent à s’inquiéter et se pensent abandonnés. Colère, frustration, peur, jalousie, les candidats perdent peu à peu leur sang-froid et se retournent les uns contre les autres.
Evidemment, il ne s’agit pas d’une série extraordinaire : les personnages sont exagérés et il est impossible de s’y identifier, le scénario est tiré par les cheveux et on dénote assez rapidement un abus de cliffhangers exagérés. Toutefois, tout n’y est pas à jeter car si la trame est loin d’être originale, elle a le mérite de titiller la curiosité des spectateurs.
Tout au long de sa découverte on se demande jusqu’où iront les scénaristes, que rien ne semble pouvoir arrêter. On finit par adorer détester les héros à la manière d’une véritable téléréalité avant d’éprouver pour eux pitié et affection. L’union de l’horreur et de la téléréalité sert à expliquer l’aspect exacerbé des réactions des personnages et surprend dès le premier épisode.
Un plaisir coupable d’une seule saison puisque la série a rapidement été arrêtée à la fin de l’année 2013 devant le manque d’audience de la chaîne hôte, NBC. Un arrêt causé en partie par le manque d’ambition de Siberia qui, si elle pouvait s’offrir le luxe de critiquer le genre « réalité », s’est contentée de proposer un simple et pur divertissement, sans analyse aucune.
Lancée durant l’été suite à un développement court au budget minuscule, la série n’aura pas trouvé son public mais mérite tout de même le coup d’œil. Sans parvenir à égaler Dead Set ou Death Valley, la série parvient à séduire le temps d’une saison avec des personnages surprenants et le traitement original d’une idée simple.