Série emblématique de Sega, la franchise de jeux vidéo Yakuza, connue au Japon sous le nom de Ryu ga Gotoku, est très populaire chez nos amis nippons où elle totalise déjà plus de 10 épisodes ! Cependant en Occident la série est très peu connue… Comment se peut-il qu’une licence d’une telle importance ait eu tant de mal à percer nos frontières ? Enquête !
Qu’est-ce que la série ?
Le premier opus sorti sur PS2 en 2005 nous conte l’histoire de Kazuma Kiryu, ancienne étoile montante de la famille Dojima, déchu pour un meurtre qu’il n’a pas commis pour protéger un ami, et qui s’en revient dans son quartier de Tokyo, Kamurocho. Le jeu est une plongée exceptionnelle dans le Japon moderne !
Ce n’est pas un jeu fait par les Occidentaux sur le Japon, c’est un jeu fait par des Japonais, sur le Japon, pour des Japonais : le jeu tout entier transpire la culture nippone, entre tradition et modernité, entre honneur et ouverture. Cette ambivalence est parfaitement représentée par Kazuma, qui quitte la ville en 1995 pour un séjour en prison, et la retrouve en 2005, profondément transfigurée, le boom technologique étant passé par là, et qui a du mal à s’adapter à son nouvel environnement.
Niveau gameplay, le jeu est un beat them all où l’on incarnera un Kazuma toujours prêt à castagner toutes les petites frappes de la ville à mains nues, et les combats sont très dynamiques et agréables. En outre, vous évoluez dans un monde ouvert où de nombreuses interactions avec votre environnement sont possibles : manger une glace, faire des combats de rue ou aller se faire masser, parmi bien d’autres activités.
Mais pourquoi cela ne marche pas en Occident ?
Très bonne question. En vérité, Yakuza étant un pur produit de la culture japonaise, les pontes de Sega se sont toujours montrés réticents à les commercialiser en Europe. Le premier opus de la saga connut un certain succès lors de sa sortie en France, mais il fut le seul à bénéficier de sous-titres français.
Sega ne fit jamais beaucoup d’efforts pour promouvoir sa série en Occident, tous les opus sauf le premier seront uniquement en anglais. Le dernier sera même, hélas, en japonais, une langue que l’on ne maitrise que rarement en Europe. Et même les bons anglophones auront du mal à saisir toutes les nuances et termes techniques qu’une histoire aussi profondément enracinée dans la culture mafieuse japonaise peut utiliser.
Autre point : les spin-offs de la saga. Ceux-là ne se contentèrent pas de ne pas être localisés à leurs sorties : ils ne sortirent même pas en Occident. C’est notamment le cas de l’excellent Ryu ga gotoku kenza ! qui se passe dans le Japon féodal, ou de Yakuza Ishin, qui nous plaçait dans le Japon de la fin du XIXe siècle, acclamé par la presse spécialisée du pays du Soleil-Levant. On ne peut que regretter de n’avoir jamais pu voir ces opus, lorsque l’on voit l’extraordinaire travail de restitution de la société nippone moderne réalisé sur les autres opus…
Ah, comme il est regrettable que cette série n’ait pas connu le succès qu’elle mérite en Europe ! En particulier en France, où les fans de la culture nippone sont si nombreux. La faute à une politique étrange de Sega, qui semble nous estimer trop éloignés des valeurs japonaises pour pouvoir nous immerger dans le jeu. Et vous, pensez-vous que Sega ait raison de si peu exploiter la licence en Occident, ou que le public pourrait tout de même l’apprécier ?
Par Abdelkader Becir, le